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Des associations veulent interdire les écrans numériques publicitaires au nom de la sobriété

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On n’en veut pub. Lancée mar­di par plusieurs asso­ci­a­tions écol­o­gistes, une péti­tion défend l’interdiction défini­tive des écrans numériques pub­lic­i­taires — une mesure d’urgence pour faire face à la crise énergé­tique.

« Il est temps d’agir vrai­ment, Mon­sieur le Prési­dent : éteignez les écrans », exi­gent les sig­nataires de la péti­tion lancée ce mar­di par plusieurs col­lec­tifs et asso­ci­a­tions dont Résis­tance à l’agression pub­lic­i­taire (RAP), Plein la vue, Alter­nat­i­ba, Green­peace et ANV-Cop21. Ces derniers récla­ment l’interdiction défini­tive des écrans de télévi­sion pub­lic­i­taires, jugés inco­hérents dans un con­texte d’appels répétés à la sobriété et d’urgence cli­ma­tique.

« Ils con­tribuent au gaspillage d’énergie et de ressources, sont néfastes pour la san­té et la bio­di­ver­sité, […] soumet­tent les citoyens à tou­jours plus de pres­sion pub­lic­i­taire, con­tribuent à la pol­lu­tion lumineuse et ser­vent essen­tielle­ment aux grandes entre­pris­es, au détri­ment du com­merce de prox­im­ité », fustige la péti­tion. D’après un rap­port de l’Ademe (l’a­gence de la tran­si­tion écologique) de 2020, un écran pub­lic­i­taire de deux mètres car­rés con­somme 2 047 kilo­wattheures (kWh) par an, soit presque l’équivalent de la con­som­ma­tion annuelle moyenne d’un ménage (hors chauffage).

« On nous demande de couper notre wifi, d’arrêter d’envoyer des mails rigo­los, et en même temps, on laisse des écrans super con­som­ma­teurs d’énergies et de ressources », pointe auprès de Vert Thomas Bourgenot, chargé de plaidoy­er pour le RAP. « En ter­mes de sobriété, on veut juste pouss­er le gou­verne­ment à faire des choses un peu plus utiles que ce qu’il pro­pose pour le moment. »

Il y a plusieurs semaines, le min­istère de la Tran­si­tion énergé­tique a pronon­cé l’extinction des pub­lic­ités lumineuses la nuit, entre une heure et six heures du matin, partout en France. Jusqu’à présent, les règles dif­féraient d’une ville à l’autre. Un décret en ce sens devrait être pub­lié le 21 sep­tem­bre (Libéra­tion). Une réponse « néces­saire mais dérisoire », jugent les sig­nataires de la péti­tion, « qui ne per­met pas de libér­er défini­tive­ment nos espaces publics, gares et trans­ports en com­muns ».

Extinc­tion Rebel­lion mène régulière­ment des actions ciblées con­tre la pub­lic­ité et les affichages numériques dans l’e­space pub­lic, comme ici à Pan­tin (Seine-Saint-Denis) en mai 2020 © Hans Lucas via AFP / Philippe Labrosse

L’interdiction des pan­neaux pub­lic­i­taires fai­sait par­tie des propo­si­tions de la Con­ven­tion citoyenne pour le cli­mat en 2020, mais elle n’a pas été retenue dans la loi « cli­mat et résilience » de 2021. En févri­er 2022, le rap­port Futurs énergé­tiques 2050 de RTE, le ges­tion­naire du réseau élec­trique, plébisc­i­tait « la dis­pari­tion pro­gres­sive des écrans pub­lic­i­taires » pour favoris­er la sobriété par deux biais : économies d’énergie et lim­i­ta­tion des inci­ta­tions à con­som­mer.

Par­mi les pre­miers sig­nataires de la péti­tion, des dirigeant·es d’ONG comme Cécile Duflot (Oxfam), Jean-François Jul­liard (Green­peace) et Mor­gane Créach (Réseau action cli­mat), des respon­s­ables poli­tiques tel·les que Julien Bay­ou (député Europe Écolo­gie-Les Verts), François Ruf­fin et Mathilde Pan­ot (député·es la France insoumise), l’activiste Camille Éti­enne ou encore le philosophe Dominique Bourg.