Apoca-liste. Le magazine nord-américain «Time» a dévoilé ce jeudi son premier classement des personnalités les plus influentes de la planète sur les questions climatiques. On y trouve des noms du monde de la culture ou de la politique, mais aussi des têtes pensantes de l’industrie pétrolière, de la grande distribution ou de la vente en ligne.
Billie Eylish, Coldplay, James Cameron, ou le photographe Sebastiao Salgado, les étoiles pleuvent dans le classement «Time 100 Climate». On y repère quelques personnalités françaises, dont la militante Lucie Pinson, à la tête de l’ONG «Reclaim Finance» qui pousse pour «mettre la finance au service du climat» (Vert). Comme elle, trois autres lauréat·es du Prix Goldman pour l’environnement font partie du Top 100.
La présence dans la liste de Sultan Al Jaber, patron de la compagnie pétrolière nationale d’Abu Dhabi et futur président de la COP 28 (Vert), interpelle. L’association QuotaClimat, engagée pour augmenter la place de l’écologie dans les médias, s’est étouffée : «Il s’agit de récompenser les détracteurs de la cause. C’est incompréhensible».
Autre source d’étonnement, la présence de Dan Ammann, président d’ExxonMobil Low Carbon Solutions, émanation du géant pétrolier. Sur le site d’Exxon, cet ancien de General Motors est présenté comme un pilote, amateur de courses à bord de sa Porsche GT4. Parmi les autres surprises du classement, on trouve les noms de représentant·es d’Amazon, d’Apple, de Volvo, d’Ikea, et des multinationales Walmart et Unilever. Autant de contributeurs majeurs à la crise climatique.
Le magazine explique s’être concentré sur le «business», considérant que «les entreprises sont souvent les mieux placées pour déployer des solutions sur le terrain, à grande échelle». «En cherchant bien, nous avons trouvé d’innombrables exemples encourageants […] même dans les secteurs les plus polluants du monde, comme le transport maritime, l’industrie manufacturière, l’agriculture et l’énergie», se félicite le journal, qui explique s’être appuyé sur des «experts climatiques internes» pour établir cette liste. Parmi les critères cités : l’observation de «réalisations mesurables» et récentes.
QuotaClimat rappelle que le Time est la propriété depuis 2017 du groupe Meredith Corporation «grâce au soutien […] du fonds d’investissement des frères Charles et David Koch». Ces milliardaires ultraconservateurs – dont l’un est mort en 2019 – qui ont fait fortune dans le pétrole et le gaz sont des figures historiques du déni climatique. Ainsi que le rappelle le Guardian, ils sont pointés du doigt pour avoir financé des dizaines d’organisations qui ont instillé du doute sur les données scientifiques relatives au changement climatique aux États-Unis.