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COP15 : cette fois-ci, la vie vaudra-t-elle plus que le profit ?

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COP départ. Mar­di, les grand·es de ce monde ont ouvert la quinz­ième con­férence des Nations unies (COP15) sur la bio­di­ver­sité à Mon­tréal (Cana­da), dans une céré­monie (presque) lisse qui a lais­sé entrevoir de pro­fondes diver­gences de points de vue.

L’œil encore humide, il venait à peine de com­mencer son vibrant hom­mage à la beauté des paysages cana­di­ens quand le pre­mier min­istre Justin Trudeau fut inter­rompu par les tam­bours, les chants et la colère de représentant·es autochtones venu·es de l’ouest du pays. Une dizaine d’entre elles et eux se sont emparé·es de l’attention des négociateur·rices, élu·es, uni­ver­si­taires, mem­bres d’associations et jour­nal­istes massé·es dans le palais des con­grès de Mon­tréal, bran­dis­sant une pan­car­te frap­pée de ce mes­sage : « Le géno­cide des indigènes = éco­cide. Pour préserv­er la bio­di­ver­sité, cessez d’envahir nos ter­res ». Des ter­res ances­trales minées par l’industrie extrac­tive cana­di­enne, par­mi les plus gour­man­des de la planète en ressources de tous types.

Impas­si­ble au milieu de fougères (de cir­con­stance) pen­dant d’interminables sec­on­des, Justin Trudeau a atten­du que l’orage passe pour inviter à entre­pren­dre « un voy­age vers la réc­on­cil­i­a­tion » entre les peu­ples.

La céré­monie d’ouverture a été inter­rompue par des représentant·es de peu­ples autochtones de l’Ouest cana­di­en opposées à la poli­tique « colo­nial­iste » du gou­verne­ment © Juli­ette Quef/Vert

« Faire la paix » avec la nature, alors que l’humanité est dev­enue « une arme d’extinction mas­sive », fut l’une des nom­breuses exhor­ta­tions du secré­taire général des Nations unies, Anto­nio Guter­res, machine à fab­ri­quer des punch­lines et sus­citer de l’espoir chez son audi­toire. Après un noir tableau de l’état du vivant, il a appelé pêle-mêle les entre­pris­es à pro­téger la nature avant tout le reste, les pays du Nord à soutenir ceux du Sud, « gar­di­ens des richess­es naturelles de la planète », à met­tre fin à la con­cen­tra­tion des richess­es et du pou­voir entre les mains de quelques-uns et à aban­don­ner « les rêver­ies de mil­liar­daires, car il n’y a pas de planète B ». « À nos enfants, nous apprenons à assumer la respon­s­abil­ité de leurs actes. Quel exem­ple don­nons-nous quand nous échouons à cette sim­ple épreuve ? », a‑t-il demandé.

Une poignante harangue avec laque­lle a vio­lem­ment tranché l’assommante langue de bois du min­istre chi­nois de l’environnement. Entre deux remer­ciements et trois éloges au prési­dent Xi Jin­ping, Huang Run­qiu aura don­né un famélique aperçu des ambi­tions de son pays à l’entame d’un som­met qu’il a co-organ­isé avec le Cana­da : « Sauver la bio­di­ver­sité, c’est pro­téger le bien-être humain et le développe­ment humain ». La vie vaut-elle pour elle-même ou seule­ment pour les prof­its qu’elle génère ? Deux semaines ne seront pas de trop pour tranch­er cette ques­tion fon­da­men­tale.