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Comment réduire le gaspillage alimentaire à la maison, un enjeu écologique, social et économique

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Chaque année, dix mil­lions de tonnes de nour­ri­t­ure sont gaspillées en France, soit 150 kilo­grammes par per­son­ne et par an. Voici quelques con­seils de bon sens et faciles à appli­quer pour réduire le gaspillage à la mai­son.

Si le gaspillage ali­men­taire était un pays, il serait le troisième plus grand émet­teur de gaz à effet de serre — der­rière la Chine et les États-Unis, d’après le Pro­gramme des Nations unies pour l’environnement. Env­i­ron un tiers des ali­ments pro­duits sur la planète sont jetés ou per­dus chaque année.

Réduire le gaspillage est un enjeu écologique, car la pro­duc­tion de nour­ri­t­ure requiert de nom­breuses ressources (eau, sols, énergie, engrais), économique (l’Ademe estime son coût annuel à 16 mil­liards d’euros, soit à peu près 240 euros par Français·e). Mais aus­si social, alors que nous sommes face à la « pire crise ali­men­taire depuis la fin de la sec­onde guerre mon­di­ale », selon les mots du directeur du Pro­gramme ali­men­taire mon­di­al des Nations unies.

Le gaspillage a lieu tout au long de la chaîne ali­men­taire. D’après un rap­port de l’Ademe, l’agence de la tran­si­tion écologique, pub­lié en 2016, 67% des tonnes de nour­ri­t­ure gaspillées en France le sont avant d’arriver dans nos plac­ards : 32% durant leur pro­duc­tion, 21% pen­dant la phase de trans­for­ma­tion et 14% au cours de leur dis­tri­b­u­tion. Cela sig­ni­fie que 33% du gaspillage ali­men­taire a lieu au moment de la con­som­ma­tion (à la mai­son et dans les lieux de restau­ra­tion), ce qui laisse une grande marge de manœu­vre pour lim­iter ces déchets à l’échelle indi­vidu­elle.

Avant de par­tir faire ses cours­es, réfléchir à des idées de repas pour la semaine et pré­par­er une liste en con­séquence per­met de lim­iter les achats inutiles. Une fois au mag­a­sin, acheter unique­ment ce dont on a besoin et ne pas céder aux pro­mo­tions ou à la ten­ta­tion d’acheter en gros réduit le risque de gaspillage. Tout comme l’achat en vrac. Appren­dre à cuisin­er les bonnes quan­tités (notam­ment de fécu­lents) per­met d’éviter les restes qui peu­vent se trans­former en déchets.

Le bon stock­age des ali­ments est néces­saire pour lim­iter le gâchis. Par exem­ple, cer­tains fruits et légumes se con­ser­vent mieux au frais qu’à l’extérieur (petits fruits, champignons, etc), et d’autres davan­tage à l’air libre qu’au fri­go (courges, oignons, tomates, man­darines). Il est con­seil­lé de ne pas trop mélanger de sortes de fruits et légumes, en par­ti­c­uli­er les pommes et les bananes qui font mûrir (et pour­rir) les autres plus vite.

Pour mieux con­serv­er ses ali­ments, il est essen­tiel de maîtris­er les délais de con­som­ma­tion. Il faut notam­ment dif­férenci­er l’appellation « date lim­ite de con­som­ma­tion », ou DLC, qui indique une lim­ite san­i­taire (« à con­som­mer avant le ») tan­dis que la « date de dura­bil­ité min­i­male » (DDM) pré­conise seule­ment un délai (« à con­som­mer de préférence avant le »). Dans ce cas, les pro­duits peu­vent être con­som­més après. Glob­ale­ment, il ne faut pas hésiter à faire con­fi­ance à son instinct (odeur, goût) plutôt que de jeter sans réfléchir.

En hiv­er, les soupes et les sauces sont les meilleures alliées anti-gaspi pour tous les légumes un peu défraîchis, les fanes, les feuilles et les pelures. Inter­net et les librairies regor­gent de recettes et tech­niques pour réu­tilis­er les épluchures, feuilles et les écorces de fruits et de légumes, dans des condi­ments, des infu­sions, des con­fi­tures ou même des pro­duits ménagers. Enfin, le com­post per­met de trans­former en matière pre­mière cer­taines par­ties non con­som­mées de nos ali­ments.