Décryptage

Alexandre, Rynel, Samantha et les autres : huit étudiants lancés dans un concours d’éloquence sur l’agriculture de demain

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Champs des pos­si­bles. Pour sen­si­bilis­er les étudiant·es aux sujets agri­coles brûlants, les asso­ci­a­tions Bio Consom’acteurs, FAIRe un monde équitable et Max Have­laar France ont mis sur pied un con­cours d’éloquence. Une manière orig­i­nale d’imaginer l’agriculture de demain.

Crise des agricul­teurs, dif­fi­culté pour un nom­bre gran­dis­sant de per­son­nes d’accéder à une nour­ri­t­ure de qual­ité, impacts négat­ifs de la mal­bouffe sur la san­té, men­ace des dérè­gle­ments cli­ma­tiques sur la sécu­rité ali­men­taire… Com­ment sen­si­bilis­er les étudiant·es à tous ces enjeux ? En les aidant d’abord à bien en par­ler !

Lun­di 30 sep­tem­bre prochain se tien­dra à la Sor­bonne, dans le 5ème arrondisse­ment de Paris, la finale du con­cours d’éloquence «Manger aujourd’hui, nour­rir demain». Organ­isée par les asso­ci­a­tions Bio Consom’acteurs, FAIRe un monde équitable et Max Have­laar France, cette ini­tia­tive inédite réu­ni­ra 8 étudiant·es des uni­ver­sités publiques Aix-Mar­seille, Bor­deaux-Mon­taigne, Poitiers et Paris-Sor­bonne, ain­si que des expert·es, pour une soirée d’échanges et de réflex­ions ouverte à tous et toutes sur les futurs souhaita­bles de l’agriculture.

«Notre idée de départ, c’était de pro­pos­er un espace d’expression aux étu­di­ants pour abor­der ces thé­ma­tiques. Le con­cours d’éloquence, c’est une manière très effi­cace de les motiv­er, puisqu’une for­ma­tion leur a été dis­pen­sée pen­dant plusieurs mois, et leur a per­mis d’obtenir une boni­fi­ca­tion sur leur moyenne générale», détaille à Vert Julien Lucy, de Bio Con­som’ac­teurs, coor­di­na­teur du con­cours. Début 2024, dans cha­cune des qua­tre uni­ver­sités parte­naires, des groupes d’une ving­taine d’étudiant·es ont donc com­mencé à suiv­re chaque semaine des ate­liers pour acquérir les con­nais­sances de base sur les dossiers agri­coles, dis­pen­sés par les asso­ci­a­tions organ­isatri­ces du con­cours, et se for­mer à la prise de parole en pub­lic avec Elo­quen­tia, un organ­isme spé­cial­isé dans l’art ora­toire.

© Mar­cos Luiz / Unsplash

L’éloquence, ce truc «un peu élitiste»

Étu­di­ant en 2ème année de licence d’histoire à l’université Bor­deaux-Mon­taigne, et ancien ouvri­er agri­cole dans le secteur de l’horticulture, Alexan­dre Berny est l’un des huit final­istes qui con­cour­ront le 30 sep­tem­bre. «J’ai vu une annonce pour le con­cours sur le site de ma fac, ça m’a don­né envie de me chal­lenger. Si je touche ma bille en agri, je suis super stressé dès qu’il faut par­ler en pub­lic, con­fie-t-il. L’éloquence, ça me parais­sait un truc un peu éli­tiste. La for­ma­tion m’a per­mis de trou­ver ma voix et d’oser me faire enten­dre.» Qu’a‑t-il prévu pour les qua­tre min­utes régle­men­taires de son inter­ven­tion lors de la finale ? «Je vais mon­tr­er qu’il faut pass­er de l’autre côté de la bar­rière, pour con­naître les con­traintes qui pèsent sur les agricul­teurs et les pro­duc­teurs. Chercher des boucs émis­saires, ça suf­fit.»

Lors de la pré­pa­ra­tion du con­cours, Julien Lucy est inter­venu dans tous les ate­liers de for­ma­tion des étudiant·es, qu’il a trouvé·es bien informé·es sur les sujets agri­coles et ali­men­taires, même quand leur cur­sus uni­ver­si­taire était éloigné de ces ques­tions. C’est le cas de Samatha Kouider, en 2e année de licence théâtre à Bor­deaux-Mon­taigne, final­iste elle aus­si. Saman­tha s’intéresse de près aux ques­tions de sécu­rité ali­men­taire. «C’est quand même fou de con­stater que près de 20% des étu­di­ants ne man­gent pas à leur faim en France, alors qu’on jette en moyenne plus de 20 kilos de nour­ri­t­ure par per­son­ne chaque année», pointe la jeune femme.

L’accès à une nour­ri­t­ure saine à prix mod­ique et les ques­tions liées à la pro­duc­tion locale des ali­ments fig­urent par­mi les thèmes les plus débat­tus lors des ate­liers suiv­is par les étudiant·es. «Les dis­cus­sions sont tou­jours assez vives quand on abor­de la pro­duc­tion locale. Qu’est-ce qui est mieux, la tomate élevée en serre chauf­fée du voisin ou celle, bio, qui vient d’Espagne ?», se remé­more Julien Lucy. Autant de ques­tions qui seront abor­dées ce lun­di 30 sep­tem­bre dans le grand (et bien nom­mé) amphithéâtre Faraboeuf, situé sur le cam­pus des Corde­liers dans le 5ème arrondisse­ment parisien.

Si les asso­ci­a­tions organ­isatri­ces espèrent bien péren­nis­er le con­cours sur un rythme bisan­nuel, et embar­quer de nou­velles uni­ver­sités, pour Rynel Mavoun­gou, l’un des huit final­istes, étu­di­ant en mas­ter d’épidémiologie à l’université Aix-Mar­seille, l’expérience est d’ores et déjà pos­i­tive : «Dans mon pays d’origine, la République du Con­go, on entend beau­coup moins par­ler de développe­ment durable. Ce con­cours, pour moi, c’est l’opportunité de partager des con­nais­sances, et aus­si de faire enten­dre que la ques­tion de l’accès à une nour­ri­t­ure saine et de qual­ité, c’est le prob­lème de tout le monde, et pas seule­ment des pays rich­es.»

La finale du con­cours d’éloquence débutera à 17h45, lun­di 30 sep­tem­bre 2024, sur le cam­pus des Corde­liers de la Sor­bonne (Paris 5ème). Entrée gra­tu­ite, mais inscrip­tion oblig­a­toire.