Reportage

À mi-parcours entre les Deux-Sèvres et Paris, le «convoi de l’eau» soutient Dernière rénovation et s’interroge sur la dégradation d’un golf

Près de 700 cyclistes et une dizaine de tracteurs se sont élancés des abords de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) le 18 août pour rejoindre Paris ce samedi. Le rassemblement soutenu par les Soulèvements de la Terre vise à s’opposer aux méga-bassines de façon festive et pacifique. Reportage à Tours, où il faisait étape ce mardi.
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Convoi la vie en rose. Toilettes sèches, cantines, estrades ; en quelques minutes, des centaines de cyclistes et les autres véhicules du convoi de l’eau transforment la place Jean-Jaurès de Tours en un véritable village militant. Organisé par le collectif Bassines non merci et le syndicat agricole la Confédération paysanne, soutenu par les Soulèvements de la Terre, le cortège entend rallier Paris ce week-end pour demander l’arrêt des projets de construction de méga-bassines, ces retenues artificielles d’eau très contestées (Vert).

Les cyclistes du convoi de l’eau, on fait étape à Tours le mardi 22 août, avant de longer la Loire pour rejoindre Blois. © Alban Leduc / Vert

Acclamé par de nombreux soutiens, le cortège aux allures de caravane du Tour de France fait étape à Tours pour soutenir les militant·es de Dernière Rénovation jugé·es ce jour-là pour avoir repeint en orange les murs de la préfecture, afin d’alerter au sujet de l’inaction climatique. «Nous sommes tous des écoterroristes», scande le millier de soutiens réuni devant le tribunal. Une forme de pied de nez au ministre de l’Intérieur qui avait qualifié ainsi les militant·es écologistes en mars après les affrontements autour des méga-bassines à Sainte-Soline. «Gérald Darmanin est notre meilleur agent de communication, ironise au micro Julien Le Guet, chef de file du collectif Bassines non merci. Dans les villages, partout, c’est la joie de nous recevoir. Le peuple est en train de se rendre compte de quel côté il doit être».

«On nous a donné une image qu’on ne voulait pas porter»

Après la suspension en référé de la dissolution du mouvement par le Conseil d’État (Vert) et en attendant la décision définitive de la justice, les Soulèvements de la Terre mettent l’accent sur le côté festif et pacifique de leur action. «Après Sainte-Soline, on a pris cher. On nous a donné une image qu’on ne voulait pas porter. Là, faire un convoi à vélo, varié et sur le temps long, ça permet de prendre la place», considère Nicolas, membre du mouvement écologiste.

Pendant que l’audience se déroule, le convoi continue sa route le long de la Loire. Les discussions intergénérationnelles sur des vélos bariolés vont bon train. «Je ne connaissais pas trop la Confédération paysanne, mais ils font un travail de dingue», découvre Ary, la vingtaine. «Je m’inquiète pour la jeune génération», expose de son côté Carole, militante de la région depuis plus de 40 ans.

La détérioration d’un golf proche de Poitiers, ce dimanche, par une quinzaine de membres en marge du convoi interroge. «Dommageable» pour les uns, «nécessaire» pour les autres, l’acte – «qui n’a pas été planifié et ne relève pas de l’organisation du convoi» selon les organisateur·ices – illustre la divergence des points de vue sur la stratégie à adopter.

«J’étais inquiète de venir, mais je suis rassurée, c’est bien organisé», confie Adèle. La jeune militante espère néanmoins que les actions prévues à Orléans vendredi 25 août devant le siège de l’agence de l’eau Loire-Bretagne ne seront pas «trop radicales». D’ici là, le convoi hétéroclite a encore de la route et file déjà vers la prochaine étape dans une ambiance joyeuse et musicale.