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Un milliard d’arbres, 50 000 kilomètres de haies, des îlots de fraîcheur dans les écoles… le plan du gouvernement pour sauver la biodiversité

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Plan B. Le gou­verne­ment vient de présen­ter sa nou­velle «stratégie nationale bio­di­ver­sité» (SNB) : 40 mesures pour pro­téger les espaces naturels, ter­restres et marins, et les restau­r­er afin d’enrayer le déclin rapi­de du vivant. Tour d’horizon.

«L’effondrement de la bio­di­ver­sité men­ace notre capac­ité à nous nour­rir, notre économie ou encore notre san­té», a rap­pelé la Pre­mière min­istre Élis­a­beth Borne lors de la présen­ta­tion de la nou­velle SNB, ce lun­di. Selon l’Union inter­na­tionale pour la con­ser­va­tion de la nature (UICN), la France fig­ure par­mi les dix pays qui compte le plus grand nom­bre d’espèces men­acées.

Que trou­ve-t-on par­mi les 40 mesures ? Le plan prévoit de plac­er, d’i­ci à 2030, 10% du ter­ri­toire nation­al en «pro­tec­tion forte» (con­tre 4% aujourd’hui), planter un mil­liard d’arbres et 50 000 km de haies, créer des îlots de fraîcheur dans les écoles ou encore de restau­r­er 30% des sur­faces ter­restres et marines dégradées.

Cette troisième «stratégie bio­di­ver­sité» était atten­due depuis deux ans. Elle doit faire l’inventaire de ce qui n’a pas fonc­tion­né aupar­a­vant : «les pres­sions affec­tant la bio­di­ver­sité n’ont pas été réduites sig­ni­fica­tive­ment par la stratégie précé­dente. […] elle a aus­si peu influ­encé les straté­gies régionales pour la bio­di­ver­sité», recon­naît le gou­verne­ment dans son bilan de la péri­ode 2011–2020.

Quelles garanties que cette nou­velle stratégie marche mieux que les autres ? Si le gou­verne­ment veut mon­tr­er son ambi­tion, avec un bud­get inédit de 1 mil­liard d’euros pour 2024 et la créa­tion de 140 emplois, aucune mise en œuvre con­crète ou engageante n’est à ce jour détail­lée dans le plan.

«Com­ment l’E­tat compte-t-il enfin respecter les dis­po­si­tions du droit de l’U­nion européenne rel­a­tives à la pro­tec­tion de la nature ? Notam­ment en matière de chas­se ?», s’interroge le spé­cial­iste du droit de l’environnement Arnaud Gosse­ment sur X.

«Si ce texte était le pre­mier du genre, on pour­rait espér­er une action de pro­tec­tion effi­cace, analyse Philippe Grand­co­las, éco­logue et directeur de recherch­es au CNRS. Ce que l’on con­state mal­heureuse­ment, c’est l’échec à met­tre en œuvre cette pro­tec­tion, sou­vent par manque de moyens sur le ter­rain, et aus­si parce que les intérêts économiques passent tou­jours en pre­mier.»

La nou­velle SNB pro­pose la plan­ta­tion d’un mil­liard d’arbres, mais quid de ceux abat­tus pour des grands pro­jets d’infrastructures, comme pour le pro­jet A69, la future autoroute Cas­tres-Toulouse (notre vidéo). Le plan rap­pelle égale­ment l’objectif de réduire de moitié des pes­ti­cides d’i­ci à 2030, alors que la France vient de s’abstenir à deux repris­es dans le vote visant à inter­dire le glyphosate en Europe. «L’obstacle le plus impor­tant, c’est le manque cri­ant de cohérence, con­clut Philippe Grand­co­las. Cela envoie un sig­nal désas­treux qui érode la mobil­i­sa­tion en faveur de la pro­tec­tion de la bio­di­ver­sité».

Pho­to d’il­lus­tra­tion : Plan­ta­tion par­tic­i­pa­tive dans une forêt départe­men­tale des Yve­lines. © Nico­las DUPREY / CD 78 / Flickr