Vain diesel


Pour que rien ne change dans le monde d'après, l'industrie russe, comme les multinationales françaises poursuivent leur fuite en avant. 

Une fuite massive de diesel dans un fleuve du cercle polaire

Vain diesel. Après une fuite dans une centrale thermique russe, 20 000 tonnes de diesel se sont déversées dans un fleuve de l'Arctique

L'accident, une fuite dans un réservoir de cette centrale de la ville de Norilsk (Sibérie de l'est) bâtie sur le sur le pergélisol, est survenu vendredi 29 mai. Mais il n'a été révélé que deux jours plus tard après l'apparition d'images spectaculaires de la catastrophe sur les réseaux sociaux. 

Les millions de litres d'hydrocarbures s'écoulent actuellement au fil du fleuve Ambarnaya et s'infiltrent à travers le réseau fluvial arctique en direction de la mer de Kara. Les conséquences environnementales sont, pour l'heure, difficiles à anticiper. 

La fuite a début sur le fleuve Ambarnaya et se dirige au nord vers le fleuve Pyasina. Cliquez sur l'image pour l'agrandir. © Siberian Times

D'une ampleur colossale, la fuite paraît extrêmement compliquée à endiguer. Le fleuve est trop peu profond pour y affréter des barges et ses abords ne sont pas desservis par des routes. 
La Russie, qui a déclaré l'Etat d'urgence, cherche désormais des responsables. Trois enquêtes criminelles ont été lancées et un employé de la centrale a été arrêté, indique l'AFP qui rapporte également que le géant mondial de l'industrie minière Nornickel, propriétaire de la centrale, a annoncé que l'accident était dû à l'affaissement « soudain » de piliers. Laissant entendre que l'accident pourrait avoir pour cause la fonte du pergélisol. A lire dans 20 Minutes (AFP). 

Le « coronawashing » des lobbies

Dans un rapport, les Amis de la Terre et l'Observatoire des multinationales dénoncent les manœuvres des lobbies pendant la crise du Covid-19 pour défaire les normes sociales et environnementales. 

Lobbies patronaux, de l'automobile, des transporteurs aériens... Depuis le début de la crise du Covid-19, tout ce que l'économie française compte de groupes de pression est allé frapper à la porte du gouvernement pour faire avancer ses pions. Un feuilleton largement chroniqué par Vert (ici et ).

Intitulé Lobbying : l'épidémie cachée, le rapport des deux associations constitue d'abord un résumé exhaustif de toutes les tentatives – et réussites – des acteurs du lobbying, accusés d'avoir « sauté sur l’occasion [de la crise] pour rejouer des batailles perdues ou recycler des demandes anciennes qu’ils n’avaient pas réussi à faire accepter ». Le « coronawashing » ou l'art de prétexter la crise pour obtenir gain de cause. 

En-tête de la lettre du Medef adressée à Elisabeth Borne pour lui demander de revenir sur la loi énergie-climat de 2019 et d'abandonner les nouveaux projets de normes écologiques. 

Ainsi le spécialiste des métiers du pétrole Vallourec va-t-il bénéficier du soutien de l'Etat, qui prévoit d'augmenter sa participation à son capital, alors même que ses difficultés datent de bien avant la crise. Le cours de son action avait déjà été divisé par huit depuis 2015. 

Surtout, le rapport dénonce la façon de l'Etat de prendre des décisions impliquant des centaines de millions voire, des milliards d'euros, sans aucune transparence vis-à-vis du public.

Les deux ONG demandent la « mise en place urgente d’un dispositif effectif pour la transparence du lobbying en France ». Celui-ci impliquerait notamment la publicité des rendez-vous et contacts entre les décideurs (élus et haute fonction publique) et les représentants d’intérêts. Autre requête : la création d’un observatoire indépendant de la réponse à la crise, qui ferait la transparence sur les aides publiques et sur les marchés et contrats publics passés pendant la crise. Enfin, les ONG réclament des contreparties réelles aux entreprises soutenues, comme la suspension de leurs dividendes et des plans de réduction de leurs émissions de CO2. 

En Chine, c’est reparti comme en 19

Les mêmes causes produisent les mêmes effets. La Chine a déjà retrouvé des niveaux de pollution de l'air comparables à l'avant-Covid

D'après les données du Centre for research on energy and clean air (Crea), au plus fort du confinement imposé par la Chine, début mars, les niveaux de dioxyde d'azote (NO2) se situaient 38% en-dessous de ceux relevés un an plus tôt à la même époque de l'année. Résultat de la paralysie du trafic routier et de la diminution de l'activité industrielle. Les émissions de particules fines (PM2.5) - principalement issues des transports et de l'agriculture - avaient, elles, chuté de 34%. La parenthèse semble refermée.

Les niveaux de pollution aux dioxydes d'azote (NO2), à l'ozone (O3), aux particules fines de 2,5 micromètres de diamètre (PM2.5) et au dioxyde de soufre (SO2) © Crea

« Les industries les plus polluantes se sont remises plus rapidement de la crise que le reste de l'économie, a indiqué au Guardian Lauri Myllyvirta, analyste en chef du Crea. Le rebond rapide de la pollution de l'air et de la consommation de charbon en Chine est un avertissement précoce de ce à quoi une relance de l'économie basée sur la vieille industrie pourrait ressembler […]. Il faut absolument que les décideurs politiques soutiennent en priorité les énergies propres » plaide l'experte. 

Vaste question : les émissions vont-elles rebondir de la même manière en Europe ? L'ONG Greenpeace apporte un élément de réponse. D'après ses calculs, la Banque centrale européenne aurait injecté plus de 7 milliards d'euros dans les énergies fossiles depuis le début de la crise. 

La pollution de l'air serait responsable de 800 000 morts prématurées chaque année en Europe, et un nombre croissant d'études mettent au jour sa responsabilité dans l'aggravation de l'épidémie. A lire dans le Guardian (en anglais).

Les Pays-Bas disent « nee » au traité UE-Mercosur

Pas d'accords pour un accord. Mercredi 3 juin, le parlement néerlandais a voté contre le projet de traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur

Comme le racontent les Echos, les députés ont validé une motion proposée par le Parti pour les animaux, qui demandait de refuser l'accord commercial avec le marché sud-américain. « Pour la première fois, la Chambre des représentants a pris une position claire contre un accord commercial. Et cela alors que notre gouvernement y était très favorable », a applaudi Esther Ouwehand, la cheffe du groupe animaliste au parlement des Pays-Bas. 

Parmi les mille griefs adressés à ce projet de traité de libre-échange, celui-ci promet d'accentuer la mise en concurrence des paysans européens et brésiliens, notamment, constitue un soutien indirect à la déforestation en Amazonie et devrait accroître massivement les émissions de CO2.

Fruit de 20 ans de discussions, le projet de traité a de moins en moins de chances de voir le jour après ce refus. D'autant que le parlement néerlandais n'est pas le seul opposant à ce texte. Comme le rappellent les Echos, peu après la signature du projet de traité, Emmanuel Macron avait marqué son opposition à ce texte, et dénoncé les mensonges du président brésilien Jair Bolsonaro à propos de la déforestation. A lire dans les Echos.

Les utopies de Datagueule

Vous aussi, vous rêviez d'un autre monde ? Qu'à cela ne tienne, les créateurs de la géniale websérie Datagueule se lancent dans la création d'une série documentaire sur les « utopies ». Que ce soit dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, au cœur du Rojava kurde ou dans la jungle équatorienne, des expériences démocratiques, sociales et écologiques sont menées partout à travers la planète. 

© Datagueule