Les géants des mers sont maintenant écologiques et les jets privés disparaissent dans des conditions tragiques.

En Colombie, l’opposition au “fracking” est une lutte pour les droits humains
Au nord du pays, les habitant·es de Puerto Wilches s’opposent depuis deux ans à l’implantation de deux projets d’extraction de pétrole de schiste par fracturation hydraulique. Menaces et attentats se multiplient contre les leaders communautaires qui osent élever leur voix.
« No al fracking en Puerto Wilches ! » Repris par la cinquantaine de participant·es présent·es le 8 octobre à l’assemblée, le slogan résonne sous le toit de tôle du centre syndical de Puerto Wilches. Porté par la clameur, le conseiller municipal Winston Reyes s’avance dans l’air chaud et humide : « Nous devions tous travailler ce matin. Pourtant, nous avons tous décidé de venir ici pour affirmer que Puerto Wilches, ce n’est pas que le pétrole ! »
Depuis deux ans, Winston et ses camarades vivent au rythme de la lutte contre le fracking. Cette technique, appelée fracturation hydraulique en français, consiste à injecter de l’eau mélangée à des produits chimiques dans le sol pour fissurer la roche et en extraire des hydrocarbures. Interdit en Colombie, le procédé devait être testé à Puerto Wilches, ville moyenne du département de Santander, dans le nord du pays. La municipalité a été choisie pour accueillir les deux premiers projets pilotes d’exploitation de gisements non-conventionnels de pétrole de schiste, baptisés « Kalé » et « Platero » et gérés par Ecopetrol, le géant national de l’énergie.

Bercé par les eaux du rio Magdalena, Puerto Wilches s’étend dans un paysage de marécages, où les affluents du fleuve s’unissent pour former de petits lacs appelés cienagas. Alvaro Portilla Torres, pêcheur, habite sur les berges de la cienaga de Paredes, située une quinzaine de kilomètres au nord du lieu prévu pour la mise en œuvre du projet Kalé. Pour l’homme de 56 ans, le fracking remet en cause l’existence de sa communauté : « Il n’y a pas d’alternative économique à la pêche. Si les poissons disparaissent, les pêcheurs disparaitront avec eux ».
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· Lundi, le groupe français de minéraux industriels Imerys, soutenu par le gouvernement, a annoncé l’ouverture de la première mine de lithium sur le sol français, dans le Massif central. Le projet prévoit, à l’horizon 2027, d’extraire de quoi équiper l’équivalent de 700 000 véhicules électriques en batteries lithium-ion par an, de quoi en faire l’un des plus grands projets miniers d’Europe. - Libération
· Le gouvernement présente aujourd’hui son plan pour mieux sécuriser la pratique de la chasse. Au programme, la création d’un délit d’alcoolémie, comme pour les conducteurs de voiture, une limitation de l’angle de tir pour éviter les accidents, ou encore une meilleure formation aux gestes de premier secours. - France info
· Un projet de parc photovoltaïque de 19 hectares porté par TotalEnergies dans le parc naturel régional des Causses du Quercy (Lot) inquiète la population. La société pétrolière prévoit d’abattre des arbres pour installer près de 44 000 panneaux photovoltaïques. À la clé, selon les porteurs du projet, des gains économiques pour les collectivités et des hectares de pâturage pour l’élevage. Un désastre pour la nature et la biodiversité, répondent les opposant·es, qui organisent une marche ce samedi. - Le Figaro



Ils nous mènent en bateau. 333 mètres de long, 68 de hauteur, 6 700 passagers : le MSC World Europa, géant des mers propulsé au gaz naturel liquéfié, a été livré lundi à Saint-Nazaire avant de partir pour le Qatar, où il servira d’hôtel flottant pendant la Coupe du monde. Un monstre écologique, jurent ses constructeurs : ce navire serait « le moins émissif en CO2 par tonneau de jauge de toute la flotte mondiale de paquebots, c’est un record du monde », a claironné Laurent Castaing, directeur général des Chantiers de l’Atlantique, durant la cérémonie de livraison. Petite entourloupe : les fabricants vantent une baisse de 25 % des émissions (au poids transporté) par rapport à un navire au fioul, mais ils omettent celles qui ont été relâchées pendant la construction du sixième plus gros paquebot du monde : une capacité de 205 000 tonnes entièrement dédiée aux loisirs.

Mais où est passé le jet privé de Bernard Arnault ?
Où l’avion mis ? Le patron de LVMH a annoncé avoir vendu son jet privé pour que ses déplacements cessent d’être affichés sur internet.
« Avec toutes ces histoires, le groupe avait un avion et nous l’avons vendu, s’est désolée la première fortune de France sur les ondes de Radio classique. Le résultat, maintenant, est que personne ne peut voir où je vais, parce que je loue des avions quand j’utilise des avions privés. »
Un pied de nez aux créateurs de « I fly Bernard » (68 000 abonné·es sur Twitter) et de l’« avion de Bernard » (presque 90 000 sur Instagram), qui suivaient les allées et venues du coucou du milliardaire depuis le printemps. Adeptes de la pratique du flight tracking, ceux-ci avaient révélé que pendant le seul mois de mai, son jet privé avait émis environ 176 tonnes de CO2. Soit autant en un mois qu’un·e Français·e en 17 ans.
« Ce n'est pas très bien que nos concurrents puissent savoir où nous en sommes à tout moment », a renchéri son fils, Antoine Arnault, sur RTL. Quelques jours plus tôt, celui-ci avait essayé de justifier l’utilité du jet privé en expliquant qu’il s’agit d’un « outil de travail », tout en reconnaissant que cela pouvait paraître un peu « lunaire » pour le commun des mortels.
Tellement lunaire que cette nouvelle tendance, inspirée par le compte Twitter ElonJet sur lequel l’étudiant américain Jack Sweeney suit les trajets du milliardaire Elon Musk, a permis d’imposer dans le débat public la nécessité de réduire l’impact environnemental des jets privés des ultra-riches.
Loin de s’arrêter là, le collectif à l’origine de « l’avion de Bernard » indique à Vert vouloir continuer à « suivre les jets d'autres milliardaires et entreprises ». Il vient également de créer un nouveau compte, « Le Pipeline de Patrick » - hommage au PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné - afin de traquer l’avancée du mégaprojet d’oléoduc du groupe en Ouganda et en Tanzanie, grâce à des données satellites et d’autres témoignages collectés sur internet (notre article).

La biodiversité disparaît-elle dans l’indifférence ?
La planète a perdu en moyenne 69% de ses populations d’animaux vertébrés depuis 1970, selon le WWF (lire notre article). Pourtant, la biodiversité peine à se frayer une place dans l’actualité. Dans cet épisode de « L’Heure du Monde », la journaliste Perrine Mouterde réfléchit à ce paradoxe avec Philippe Grandcolas, écologue et directeur de recherche au CNRS. À écouter sur Spotify ou sur le site du Monde.

+ William Gazeau, Alban Leduc, Justine Prados et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro.