La quotidienne

Recours toujours

Chères toutes et chers tous,

📅 Les 13 et 14 mai, le journal Libération pose ses valises à Lyon pour son «Climat Libé Tour». Vert est partenaire de l’événement et organise un atelier «Giec tout compris» samedi 13 mai à 16h à l’Hôtel de ville de Lyon avec le climatologue Gerhard Krinner et l’activiste Alex Montvernay d’Alternatiba Rhône. Venez nous voir ! Le programme de ce riche weekend et la billetterie sont à retrouver juste ici.


Les conseils d'amis du Conseil d'État suffiront-ils à sauver le climat ?


Le Conseil d’État « ordonne » à l’État de renforcer sa politique climatique mais reporte les sanctions

Recours toujours. La plus haute juridiction administrative française réclame de nouvelles preuves en échange d’un sursis sur les sanctions. Sa décision, sévère mais pas trop, contente à la fois le gouvernement et les ONG requérantes.

Condamné en juillet 2021 dans l’Affaire Grande-Synthe (du nom d’une commune du Nord menacée de submersion marine), l’État avait jusqu’au 31 mars 2022 pour corriger son inaction climatique (Vert). Un an plus tard, le Conseil d’État juge qu’«il demeure des incertitudes persistantes» quant à l’atteinte des objectifs climatiques à 2030 (-40% de CO2 émis par rapport à 1990). Ce d’autant plus que le Green Deal européen (qui porte l’objectif à -55 %) «va se traduire, de façon imminente, par un renforcement sensible des objectifs à atteindre par la France».

Magnanime, il reconnaît toutefois que «des mesures supplémentaires ont bien été prises et traduisent la volonté du gouvernement». Pour cette raison, il lui accorde un sursis, jusqu’au 30 juin 2024, pour prendre «toutes mesures supplémentaires utiles» et renonce pour l’instant à appliquer l’astreinte financière réclamée par les ONG de l’Affaire du siècle.

Le Conseil d’État a accordé un sursis au gouvernement d’Emmanuel Macron pour poursuivre son action climatique et atteindre ses objectifs. © Ibrahim Ezzat / Anadolu agency via AFP

«Retour à la réalité. Le juge administratif ne va pas sauver le climat», a commenté, un peu amer, l’avocat en droit de l’environnement Arnaud Gossement.Le Conseil d’État tente malgré tout de maintenir la pression et «ordonne» au gouvernement de lui transmettre «tous les éléments justifiant à la fois qu’il a pris des mesures et qu’elles sont de nature à permettre de respecter cet objectif». Un premier rapport d’étape devra ainsi être transmis d’ici le 31 décembre 2023.

Les ONG requérantes et le gouvernement trouvent chacun des motifs de satisfaction. Pour les organisations de l’Affaire du Siècle, «le Conseil d’État entérine avec cette décision la défaillance du gouvernement». La ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher retient plutôt que «le Conseil d’État souligne le chemin parcouru». «Le Conseil d’État a demandé au Gouvernement de continuer à prendre toutes les mesures pour réduire les émissions françaises [...] C’est tout le travail de planification écologique que nous menons», a indiqué la ministre dans une déclaration écrite à la presse.

· La région Auvergne-Rhône-Alpes, présidée par Laurent Wauquiez (LR), doit voter ce vendredi une aide au financement du permis de chasse ou de pêche dans le Pass Régions, qui offre des avantages aux jeunes de moins de 25 ans. Le programme d’aide était jusque-là réservé à l’achat de manuels scolaires, l’accès à la culture, la pratique d’un sport ou encore l’obtention du permis de conduire. - Le Dauphiné Libéré

· Au moins 21 personnes sont mortes piégées par d’importants feux de forêt dans les régions russes de l'Oural et de Sibérie, ont annoncé mercredi les autorités locales. Depuis une semaine, les incendies ont déjà détruit plus de 5 000 bâtiments dans la province de Kurgan. Suite à la hausse des températures, les incendies de forêt en Russie se déclenchent de plus en plus tôt ces trois dernières années. - The Guardian (en anglais)

· Jeudi dernier, le tribunal administratif de Montpellier a condamné l’État à verser une amende à l’association L214 pour avoir laissé se poursuivre des actes de maltraitance animale dans un abattoir de l’Aveyron. Il y a trois ans, l’association y avait filmé les pratiques d’abattages défaillantes. - Le Monde (AFP)

Écologie populaire

Reste à ta classe ? Dépasser les clichés sur la sobriété «subie» des classes populaires et développer l’écologie populaire permettrait d’enrichir les imaginaires écologistes et de favoriser la transition, plaide le politologue Theodore Tallent dans un article publié sur le site The Conversation. Les classes populaires sont souvent réduites à des victimes de la sobriété. Pourtant, elles promeuvent une vision de l’écologie quotidienne concrète, ancrée dans le soin et le territoire. Des discours et des pratiques qui peuvent nourrir les réflexions autour de l’écologie politique. Une analyse à lire sur vert.eco

À quel point le déni climatique est-il répandu dans la population ?

Scepticémie. Si de récentes enquêtes montrent qu’une part importante des Français·es n’est pas au clair avec le consensus scientifique sur le climat, ces chiffres masquent des réalités différentes. Une partie s’explique par des postures idéologiques, plus que par une réelle croyance.
 

Qu’est-ce que le déni climatique ?

Il s’agit de nier la réalité du réchauffement climatique, son origine humaine ou l’ampleur des changements à amorcer pour préserver de bonnes conditions de vie sur Terre. Dans le journal du CNRS, le mathématicien David Chavalarias définit les climatosceptiques - aussi appelés climato-dénialistes - comme «des personnes qui rejettent les principales conclusions de la science du climat et des synthèses du Giec [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat]. En particulier, ils nient le fait que le réchauffement climatique soit d’origine anthropique (humaine) et qu’il va causer des dégâts considérables».
 

Quelles sont les différentes formes de climatoscepticisme ?

La première forme, historique, est celle du déni pur et simple : il n’y aurait pas de réchauffement climatique. Assez visible il y a dix ou quinze ans alors qu’elle était portée par des figures telles que l’ancien ministre de l’éducation nationale Claude Allègre, elle ne concernerait plus qu’entre 1 et 6% de la population française, selon Lucas Francou, fondateur de Parlons climat, qui a publié un sondage sur l’opinion des Français·es sur le climat. En revanche, 20 à 25% de nos concitoyen·nes mettent en doute l’origine humaine du réchauffement. «Un chiffre stable depuis dix ans», souligne l’expert auprès de Vert. Avec un bémol : ce phénomène se renouvelle, il ne serait pas motivé par les mêmes ressorts et ne concernerait pas les mêmes gens. Un récent rapport de la fondation Jean Jaurès avance le chiffre de 37% de Français climatosceptiques. Il note que «ces postures traduisent une inquiétante défiance : d’une façon ou d’une autre, plus d’un tiers des Français rejettent la parole et l’expertise des autorités scientifiques».

La suite de notre décryptage, qui explore les profils des climatosceptiques et le rôle des médias et des réseaux sociaux dans la propagation du déni, est à lire sur vert.eco

Bifurqueurs des années 70 : quelles leçons pour aujourd’hui ?

Papi a fait de la résistance. Ces dernières années, les appels à déserter la société dominante sont de plus en plus sonores, portés à la fois par de médiatiques coup d’éclats dans certaines grandes écoles et par des reconversions professionnelles en hausse. À bien des égards, ce mouvement fait écho à celui des années 70, où une autre génération de bifurqueurs s’est laissée porter par les espoirs nés de mai 68. Le chercheur Jean-Paul Malrieu, aujourd’hui âgé de 83 ans, est l’un d’eux. Au micro de Jean-Philippe Decka, du podcast Ozé, il dresse les similitudes et les différences entre ces deux mouvements sociaux et s’interroge sur les leçons à tirer du passé.

© Ozé Podcast

+ Alban Leduc, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.