La quotidienne

Périls en la demeure

Chères toutes et chers tous,

🍁 Jusqu’à vendredi prochain, Vert passe à l’heure canadienne pour vous faire vivre la 15ème Conférence des Nations unies (COP15) sur la biodiversité comme si vous y étiez. Les éditions quotidiennes seront un peu plus riches qu'à l'accoutumée - le vivant le vaut bien !


Les activités humaines sont terriblement nuisibles, mais un revirement est encore possible.


Quelles sont les principales menaces qui détruisent la biodiversité ?

À la Saint Déclin. La quinzième conférence mondiale (COP15) sur la biodiversité qui se tient à Montréal doit permettre de répondre aux grandes menaces qui pèsent sur le vivant. « Identifier les causes, cela nous empêche de continuer à nous cacher derrière la complexité : maintenant que l’on sait, il faut qu’on agisse », résume auprès de Vert Yann Laurans, directeur du pôle Biodiversité terrestre du WWF. Tour d’horizon.

Pêche, chasse, mais aussi coupe de bois….la surexploitation survient lorsque certaines activités humaines prélèvent davantage de ressources que ce que les milieux naturels peuvent régénérer à court terme. Dans les systèmes marins, c’est la pêche qui a eu l’impact le plus important sur le vivant au cours des 50 dernières années, estime la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité (IPBES), l'équivalent du Giec de la biodiversité.

Les espèces sont souvent fragilisées par la dégradation ou la destruction de leur milieu de vie. Extension des terres agricoles, artificialisation des sols, déboisement, extension des villes ou des réseaux routiers, conduisent à une baisse des surfaces disponibles pour les espèces, mais aussi à une fragmentation des habitats en petits morceaux déconnectés qui les empêchent notamment de trouver des partenaires pour se reproduire. D'après l'IPBES, « 75 % de la surface terrestre est altérée de manière significative, 66 % des océans subissent des incidences cumulatives de plus en plus importantes et plus de 85 % de la surface des zones humides ont disparu ».

Des poissons nagent à proximité d'anémones ©  Greg McFall/NOAA

Le dérèglement du climat bouleverse les conditions de vies de certaines espèces et les pousse parfois à se déplacer… quand elles sont en mesure de le faire (Vert). La hausse des températures et celle des émissions de CO2 provoquent notamment une acidification des océans. Par ailleurs, les phénomènes extrêmes comme les tempêtes ou les incendies qui s’intensifient sont une menace pour les humains comme pour le reste du vivant.

Gaz à effet de serre, déchets, produits polluants issus de l'industrie et de l'agriculture… La dégradation de la qualité de l'air, du sol et de l'eau due aux pollutions éreinte aussi les espèces. La pollution marine par les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980, selon l’IPBES.

Les espèces dites « invasives », importées par les humains dans des écosystèmes dont elles sont étrangères, viennent à leur tour en perturber l'équilibre écologique. Elles constituent un danger pour près d’un tiers des espèces terrestres menacées. Ce phénomène ne cesse de s'accroitre. Parmi les espèces invasives qui ont posé leurs valises en France, on trouve notamment le frelon asiatique, le moustique tigre, l'ambroisie, ou encore la grenouille taureau.

L'article complet est à lire sur vert.eco

· Mercredi, une exposition immersive sur le vivant, orchestrée par la fondation Wyss et le magazine National Geographic, a ouvert ses portes au Palais des Congrès de Montréal, où se déroulent les négociations de la COP15 sur la biodiversité. Le but : que les négociateur·ices prennent de la hauteur sur leurs désaccords et se rappellent l’amour qu’elles et ils portent au vivant au moment de prendre leurs décisions.

« Campaign for nature » © Juliette Quef/Vert

· Jeudi après-midi, le collectif Dernière rénovation a bloqué l’avenue des Champs Elysées. La vingtaine de militant·es, qui réclame notamment la mise en place d’aides pour l’isolation des logements, a été embarquée par les forces de l’ordre. Connu·es depuis plusieurs mois pour des coups d’éclat du même acabit, les membres de l’association ont récemment comparu en justice (Vert) pour avoir bloqué le Tour de France. - Reporterre

· Plusieurs étudiantes strasbourgeoises de deuxième année de master en sciences de la vie ont refusé de participer à des travaux pratiques d’écophysiologie réalisés sur des hamsters depuis la rentrée, raconte Le Monde ce vendredi (abonné·es). Elles ont mis en avant des raisons éthiques et ont été menacées d’obtenir un 0/20. Inquiète, l’administration aurait décidé de ne pas renouveler le TP l’an prochain.

Nouveau front de percement pour le Lyon-Turin © Tunnel Euralpin Lyon Turin TELT-SAS

Toucher le fond. Ce jeudi, le creusement de l'entrée du tunnel dit « de base », donc sous la montagne, du projet de liaison ferroviaire Lyon-Turin a été lancé en Savoie, sur la commune de Saint-Julien-Mondenis. Sur place, des marteaux hydrauliques et d’autres machines destinées à injecter du béton dans le sol, entrent en action, rapporte France 3. Le mégachantier, qui doit durer au moins jusqu’en 2030, « se transforme désormais en un chantier actif 24/24h 7/7j », explique la société chargée de la construction, Tunnel Euralpin Lyon Turin (TELT). À terme, le tunnel devrait s’étendre sur une soixantaine de kilomètres pour transporter des voyageurs et du fret. Des deux côtés des Alpes, le projet fait l’objet d’une intense contestation depuis des années. Récemment, les Amis de la Terre dénonçaient un projet représentant « 30 milliards d’euros, 30 ans de travaux (les 3/4 en France), un prétexte pour ne pas mettre les marchandises sur les trains dès maintenant ».

Il y a cinquante ans naissait la Hulotte, le journal le plus lu dans les terriers

Marqués à la Hulotte. Avec son ton sans pareil, à la fois tendre, léger et drôle, et sa langue accessible à toutes et tous, le journal « le plus lu dans les terriers » a fasciné des générations de lecteur·rices avec certaines créatures, des moins communes aux plus triviales, qui peuplent nos villes et nos campagnes.

En 1972, Pierre Déom était un pimpant instituteur ardennais « à une époque où le mot écologie n'existait même pas dans son acception politique », où l’on curait les cours d'eau et remembrait les parcelles agricoles en détruisant les haies à tout-va, comme il l’a raconté à France culture dans un réjouissant documentaire sonore.

Avec quelques camarades, il tente de développer des clubs « Connaître et protéger la nature » dans plusieurs communes, et crée un bulletin de liaison entre eux, baptisé « La hulotte des Ardennes ». Peu de clubs ont vu le jour, mais le journal, dont le premier numéro fut distribué à 1 000 exemplaires dans les écoles du département, a rapidement pris son envol.

Quelques-unes des Unes de 113 numéros de la Hulotte.

Coccinelle à sept points, rouge-gorge, chabot, hérisson, lierre, rat d’or, belette, ou faucon pèlerin ; chacun des 113 numéros confectionnés depuis lors raconte par le menu une espèce animale ou végétale - parfois plus. Pour amasser toutes les données scientifiques et images, il lui faut du temps ; jusqu’à quinze ans pour le numéro consacré aux araignées à toiles géométriques.

Outre le fond scientifique irréprochable, le style taquin et l’anthropomorphisme assumé des dessins inimitables de Pierre Déom rendent la lecture de la Hulotte douce comme un bonbon. 

Toujours mitonné en petit comité dans le village de Boult-aux-Bois (Ardennes), cet « irrégulomadaire » disponible uniquement sur abonnement revendique aujourd’hui quelque 150 000 lecteur·rices dans 70 pays. 50 ans après, Pierre Déom continue sans faiblir de « traduire [s]on propre émerveillement » à travers les pages de la Hulotte, qu’il ne compte pas refermer pour l’heure, dit-il à Vert : « J'arrêterai quand la nature m'arrêtera ! ». Chouette !

Un entretien avec Pierre Déom est à découvrir sur vert.eco

Quelles espèces pourraient disparaître près de chez vous ?

Nos régions ont du mourant. Le chat forestier dans les Hauts-de-France, l’aigle de Bonelli en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, ou encore le panicaut vivipare, une fleur bleue désormais visible dans une unique commune de Bretagne… 17% de la faune et de la flore étudiées sont aujourd'hui menacés en France, et 578 espèces se trouvent en danger critique. Dans un long format interactif, France info les a toutes répertoriées par région, pour se rendre compte de l’effondrement du vivant autour de soi.

Cliquez pour accéder au long format. © France info

+ Loup Espargilière, Alban Leduc, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.