La quotidienne

Pays de cocarde

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📅 C’est ce soir ! À 19h30, nous organisons une grande soirée sur l’indépendance des médias au Point éphémère (Paris 10è). Avec nos confrères et consœurs de Contexte, Streetpress ou Mediapart, nous parlerons modèles économiques des médias et nous demanderons si on peut devenir un géant tout en restant indépendant. Venez cogiter avec nous ! Inscrivez-vous vite ici pendant qu’il reste des places !


Alors que le climat n’a pas de frontières, la jeunesse d’extrême droite cultive une écologie nationaliste et réactionnaire.  


Localisme, décroissance et climatoscepticisme… Quand la jeunesse d’extrême droite se pare d’écologie

Syndicats étudiants, branche jeunesse du RN, groupes identitaires en pagaille… Tous tentent désormais d'occuper le terrain de l'écologie. Mais derrière ce bricolage idéologique se cachent toujours les mêmes obsessions de l'extrême droite.

Devant l'université Paris 2 Panthéon-Assas, un petit groupe d'étudiant·es distribue des tracts entièrement verts. Au premier plan, un randonneur y admire la beauté d'un paysage de montagne. L'œuvre d'étudiant·es écolos ? La promotion d'une campagne de pèlerinage ? En réalité, il s’agit de tracts annonçant la campagne «écologique» de La Cocarde, syndicat étudiant qui fournit de nombreux collaborateurs du Rassemblement national.

L’organisation d'extrême droite bouscule la hiérarchie de ses thèmes habituels. «Nous sommes concernés par notre avenir, que ce soit au niveau des retraites, de l'écologie ou de l'immigration. Nous ne voulons pas faire l'impasse sur un sujet, explique Edouard* (il n'a pas souhaité donner son nom, NDLR), coordinateur national du syndicat étudiant. Nous voulons montrer que l’écologie peut aussi être portée par des gens de droite.»

La Cocarde étudiante distribue des tracts sur l’écologie. Ici, à Rouen, le 3 mars © Compte Twitter de la Cocarde Rouen

Derrière cette campagne, deux objectifs : parler aux militant·es de leur camp, peu sensibilisé·es à la question, et réaliser un coup électoral. Pour Vianney Vonderscher, président du syndicat, «c’est évidemment stratégique. L’écologie attire les jeunes. C’est à eux que nous nous adressons, donc il est intéressant de se positionner». Selon le professeur de sciences politiques, spécialiste des droites radicales, Stéphane François, «ils n’attireront pas les écologistes. Mais ils sont portés par cette idée de guerre culturelle. Ils veulent occuper le terrain».

La suite de ce décryptage où il est question de la stratégie du Rassemblement national, de collectifs plus radicaux, de potagers et de solastalgie est à lire juste ici

· La température moyenne maximale dépasse les 25°C chaque jour depuis le 27 mai en France, un enchaînement «inédit» aussi tôt dans l’année, a relevé Météo-France lundi. La fraîcheur ne devrait pas revenir avant, au moins, le 21 juin, qui marque le début officiel de l’été. Cette météo estivale précoce n’est pas habituelle : en temps normal, «à cette saison, on peut avoir une alternance de pics de chaleur suivis de rafraîchissements», décrypte l’organisme météo.

· Des employé·es de TotalEnergies ont été accrédité·es aux dernières Conférences des Nations unies (COP) sur le climat par une «pseudo-ONG environnementale allemande» l’International climate dialogue (ICD), a révélé Le Monde ce lundi. Les entreprises n’ont pas le droit de s’inscrire directement aux COP, mais s’y font accréditer via différentes organisations. L’ONG ICD émane d’un cabinet de conseil qui a pour clients plusieurs compagnies fossiles, dont la major française. Ces accréditations «de complaisance» posent des soucis de transparence, l’ICD ayant caché l’affiliation des personnes accréditées à TotalEnergies.

· Au moins 5 500 écoles françaises présentent des traces d’amiante, un isolant toxique et cancérigène interdit depuis 26 ans, dévoile l’équipe de l’émission d’investigation Vert de rage. Sur les 50 000 écoles contactées, un peu moins de 16 000 ont fourni des informations aux journalistes, dont un tiers des établissements (4 700) ne contiennent pas d’amiante et un autre tiers ont transmis des données sur les diagnostics menés mais pas sur leurs conclusions. France info a mis sur pied un moteur de recherche qui permet, à partir du nom d’une commune, de connaître la situation des établissements qui s’y trouvent.

Baril en la demeure. TotalEnergies aurait-il du mal à recruter de nouveaux actionnaires ? Sur sa page «Pourquoi investir chez TotalEnergies ?» - mise à jour il y a quelques jours - on peut y lire que la compagnie pétrolière «inscrit le développement durable dans toutes ses dimensions au cœur de ses projets et opérations pour contribuer au bien-être des populations». Une vitrine alléchante qui met en avant son rôle d’«acteur majeur de la transition énergétique». À Vert, on a envie d’y croire alors, on est allés vérifier les résultats de la multinationale et ça ne colle pas. En 2022, TotalEnergies, c'est une production de 2 765 000 de barils équivalent pétrole (BEP) par jour (ou 1 009 225 000 par an) contre 10,4 térawattheure (TWh) d’énergies renouvelables sur toute l’année (6 116 596 BEP par an). Soit un baril équivalent de renouvelables pour 165 barils d’hydrocarbures. De quoi attendre un moment avant de voir advenir l’«acteur majeur de la transition énergétique» tant vanté.

Le collectif «Itinéraire bis» veut encourager les journalistes à parler de voyage bas-carbone

Cheminer vers la transition. Le nouveau collectif de journalistes et communicants «Itinéraire bis» propose aux médias des ressources en ligne pour changer les représentations du voyage.

«Dix voyages à faire dans sa vie», «les meilleures capitales européennes pour un week-end»… Les exemples de représentations de voyage qui promeuvent l’avion sont omniprésents dans les médias. Pourtant, le secteur du tourisme représente 8% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, et 4 à 6% pour l’aviation (Vert). Pour repenser son impact environnemental, des communicant·es, des journalistes, des éditeur·ices et des expert·es de l’environnement se sont uni·es il y a un an au sein du collectif «Itinéraire bis», officiellement lancé lundi 12 juin, et qui vise à promouvoir le voyage bas-carbone. Parmi ses membres: la youtubeuse Swann Périssé, le chargé de campagne Transports chez Greenpeace Alexis Chailloux, le média Les Others ou encore la fondatrice de Paye ton influence, Amélie Deloche.

«Le voyage n’est pas aligné avec les enjeux écologiques actuels», gronde Amélie Deloffre, coordinatrice et porte-parole du collectif. Celui-ci dénonce aussi l’impact de l’industrie du tourisme sur la biodiversité comme la consommation de la nature, la surfréquentation des sites et la dégradation des milieux naturels.

Amélie Deloffre présente le projet «Itinéraire bis» lors d’une réunion de préparation. © Itinéraire Bis

Des ressources pour les journalistes

Pour prendre en compte les enjeux environnementaux liés au tourisme, une charte éditoriale encourage les rédactions à respecter trois règles déontologiques : «accélérer la décarbonation des transports, informer pour mieux protéger nos espaces naturels, prendre part à une gestion des flux touristiques intelligente et juste».

Le collectif a réalisé un site web qui fournit des ressources aux reporters: un annuaire d'une soixantaine spécialistes, un glossaire qui permet de découvrir les tendances de voyage écologiques comme le staycation, les vacances à la maison, ou le bikepacking, le voyage à vélo, ou encore une photothèque libre de droit.

À terme, la porte-parole espère faire grandir le collectif, échanger avec les rédactions et s’adresser aussi aux influenceur·euses des réseaux sociaux.

L’appartement design et low tech du futur se visite à la Maison des Canaux à Paris

Retour vers le futur. Dans le cadre de son Festival de l’économie engagée qui se déroule à Paris jusqu’au 25 juin, la Maison des Canaux (19è) a ouvert un appartement témoin meublé entièrement en matériaux et objets issus de l’économie sociale et solidaire. Cette installation veut montrer qu’«un autre futur est possible grâce à l’économie circulaire, solidaire et low-tech, à l’inverse des imaginaires high-tech et des objets connectés», explique Roxane Montaron, responsable de la communication des Canaux. Récit de la visite à découvrir sur vert.eco.

Des passant·es visitent l’appartement du futur à la Maison des Canaux à Paris. Cliquez pour accéder au récit de cette visite. © Juliette Quef / Vert

+ Pauline Gensel, Alban Leduc, Johanne Mâlin, Juliette Quef et Lucas Sarafian ont contribué à ce numéro.