Make America Greta Again


Scientifiques, militantes suédoises ou caribous : le monde entier se réjouit de cette page qui se tourne. 


Sur l'écologie, Biden se dépêche de faire oublier Trump

Make America Greta Again. Sitôt élu président des Etats-Unis, Joe Biden a pris une série de mesures touchant à l'écologie pour tourner la page des années Trump

Il l'avait promis durant sa campagne, c'est désormais chose faite : mercredi, Joe Biden a signé le décret marquant le retour des Etats-Unis parmi les nations de l'Accord de Paris. Mais la route sera longue pour rebâtir tout ce que son prédécesseur s'est appliqué à défaire au cours de quatre années calamiteuses pour la biodiversité et le climat. 

Hélas, on ne verra plus Donald Trump planter des arbres avec Emmanuel Macron © Steven L. Herman

Selon le décompte final réalisé par le New York Times, l'administration Trump aura détricoté près de 100 réglementations et normes sur l'écologie (florilège à lire dans Vert). Joe Biden a demandé aux diverses agences fédérales de passer en revue l'impact climatique et environnemental des mesures prises au cours des quatre dernières années et, si possible, de les contrecarrer, rapporte le Washington Post. Comme Vert l'avait annoncé, Biden a également déclaré qu'il mettrait fin au permis accordé par Trump au projet controversé de pipeline Keystone XL. Il prévoit également d'imposer un moratoire sur les baux pétroliers et gaziers accordés en dernière minute dans la réserve naturelle arctique d'Alaska (Vert).

Si Biden n'est pas un écologiste de la première heure, il a su saisir les attentes d'une part grandissante de l'électorat démocrate et de la jeunesse. Pendant sa campagne, celui-ci a largement verdi son programme avec le concours de la médiatique représentante Alexandria Ocasio-Cortez et de deux de ses anciens rivaux battus pendant la primaire démocrate : Elizabeth Warren et Bernie Sanders. 

Le résultat : un « pacte vert » (Green deal) de 1 650 milliards d'euros sur quatre ans qui doit permettre au pays d'accélérer sa sortie du charbon en créant, espère Biden, des millions d'emplois. Présidence, sénat et chambre des représentants : pendant deux ans au moins, les démocrates auront les mains totalement libres – donc aucune excuse – pour mettre en place une ambitieuse politique climatique. 

• Le projet de loi visant à inscrire la protection de l'environnement dans la Constitution a été présenté en conseil des ministres, mercredi. Il ouvre la voie à un éventuel référendum qui déciderait de l'inscription ou non à l'article premier de la phrase suivante : « La République garantit la préservation de la biodiversité, de l’environnement, et lutte contre le dérèglement climatique. » Une formulation - « garantit » - juridiquement contraignante qui promet des débats houleux avec la droite sénatoriale, nécessaire au vote de cette loi. - Le Monde (abonnés). 

• Il était son meilleur ennemi ; la militante écologiste Greta Thunberg a salué, à sa manière, le départ de Donald Trump de la maison blanche avec ce message : « Il a l'air d'être un vieil homme très heureux qui se prépare à un brillant et merveilleux avenir. Ça fait plaisir à voir ! »

Il s'agit d'une parodie reprenant mot pour mot (mis à part « vieil homme ») un message similaire posté par Donald Trump. Dans un tweet écrit en septembre 2019, il avait moqué le ton catastrophiste de Greta Thunberg. La fin d'une inimitié proverbiale.

Des vagues de chaleur dans les lacs 

Il y a le feu au lac. Les vagues de chaleur qui meurtrissent les lacs du globe sont vouées à se multiplier dans les décennies à venir

C'est le principal enseignement d'une étude, publiée mercredi dans Nature, qui met en lumière ce phénomène encore largement ignoré par la science. Ses auteur•rice•s ont étudié les conséquences passées et futures du réchauffement climatique sur 702 lacs de la planète. Grâce à des observations satellites et à des simulations, elles et ils ont pu modéliser les évolutions possibles selon trois scénarios de réchauffement allant du plus optimiste – le réchauffement contenu à moins de 2°C d'ici 2100 - au plus dramatique : entre +4 et +6°C. 

Les vagues de chaleur se caractérisent par une élévation importante de la température pendant au moins cinq jours consécutifs. Selon les scénarios, celles-ci pourraient durer entre 3 et 12 fois plus longtemps qu'aujourd'hui et s'aggraver de 0,3°C à 1,7°C, note l'étude décortiquée par le site Carbon brief
Et même en cas de réduction drastique des émissions de CO2 (le scénario optimiste), certains lacs pourraient connaître des « vagues de chaleur permanentes », qui durent plus d'un an. Dans tous les cas, les poussées de chaleur devraient s'étendre à plus d'une saison par an.

Ce phénomène a déjà des conséquences préoccupantes : les vagues de chaleur exposent la vie lacustre à des conditions extrêmes qui entraînent parfois des accès de mortalité. Elles participent aussi à la prolifération de cyanobactéries productrices de toxines qui mettent en danger animaux et humains et polluent les réserves d'eau potable. Les écosystèmes des lacs sont en danger, tout comme de nombreuses communautés humaines qui dépendent de ces sources de vie pour se nourrir. Plus d'informations dans le Carbon brief (anglais). 

Protéger la forêt sous-marine d’Alabama

A la bonne heure. Des voix s'élèvent pour tenter de sauver la forêt sous-marine d'Alabama des industriels

Elle a poussé il y a quelque 60 000 ans, à une époque où les températures – et les océans – étaient bien plus bas•ses qu'aujourd'hui ; puis, elle fut submergée par la montée des eaux dans le Golfe du Mexique : la forêt sous-marine de l'Alabama constitue un paysage à nulle autre pareille.

Reportage (en anglais) sur forêt sous-marine d'Alabama © Al.com

Un paysage fait de souches de cyprès colonisées par une riche vie subaquatique qui attire les scientifiques. Dendrochronologues (ces spécialistes de l'âge des arbres), paléoclimatologues et autres biologistes défilent dans ce lieu unique au monde pour en tirer le maximum d'informations sur le climat et la biodiversité, comme le raconte le Guardian. Certain•e•s espèrent aussi y trouver de nouveaux remèdes.

Cette improbable forêt a été redécouverte en 2004, lorsque d'immense vagues provoquées par l'ouragan Ivan l'ont révélée. Depuis, elle attire les convoitises d'industriels qui espèrent pouvoir y puiser du bois d'ameublement haut de gamme, rapporte encore le Guardian. Une demande de permis pour récolter ce bois préhistorique a été déposée en 2020. 

En octobre 2020, un élu Républicain d'Alabama, Bradley Byrne, a proposé à la chambre des représentants la création d'un sanctuaire marin. Ce qui permettrait aux scientifiques et touristes de continuer de s'y rendre mais la préserverait des intérêts privés. 

Chercheur•se•s et élu•e•s espèrent que la nouvelle présidence fera sienne leur préoccupation. Elles et ils espèrent avoir trouvé leur championne dans la personne de Deb Haaland, la nouvelle secrétaire à l'intérieur des Etats-Unis. Responsable de la gestion des ressources naturelles et des parcs nationaux, cette femme améridienne s'est toujours battue pour la préservation des espaces publics et naturels. 

Du parkour pour éteindre les lumières

Et que ça saute ! Depuis 2018, les commerçants ont l'obligation d'éteindre leurs enseignes et vitrines la nuit. Et depuis des années, des associations comme le Clan du néon font la tournée des centres-villes à l'aide de perches pour faire respecter la réglementation, qu'enfreignent toujours certain•e•s irréductibles. A Marseille, des adeptes du parkour ont remis ce combat au goût du jour à leur manière, comme vous le verrez dans cette vidéo relayée par Brut

© Brut