Machines à souiller


Notre fibre pas écolo se retrouve jusque dans les animaux. 


L’Affaire du siècle arrive au tribunal

Deux ans après le lancement de l'« Affaire du siècle », l'inaction climatique de la France est jugée, ce jeudi, au tribunal administratif de Paris.

Les marches, les sit-ins, les actions spectaculaires ; jusqu'alors, rien n'avait fonctionné pour faire prendre à l'Etat ses responsabilités climatiques. En 2018, quatre ONG françaises ont décidé de changer de braquet. Au mois de décembre, Notre affaire à tous, Greenpeace, Oxfam et la Fondation Nicolas Hulot ont lancé une vaste pétition pour mettre la pression sur le gouvernement. Celle-ci a recueilli plus de 2,3 millions de signatures, du jamais vu.

L'affaire du siècle expliquée en 2018

Mais surtout, en parallèle, les organisations ont déposé une demande préalable à l'Etat français avant un recours devant le tribunal administratif pour « carence fautive » dans la lutte contre le réchauffement. Un moyen d'action popularisé par la fondation néerlandaise Urgenda qui a, depuis, fait preuve de son efficacité : après sept ans de bataille judiciaire, la cour suprême des Pays-Bas a contraint le gouvernement à mettre en œuvre une politique climatique ambitieuse, comme Vert l'avait raconté en mai dernier. 

Face au mutisme de l'Etat français, les quatre ONG ont poursuivi la procédure en justice jusqu'à l'audience d'aujourd'hui. Les avocats mandatés par l'exécutif devront apporter la preuve que la France fait ce qu'il faut pour protéger ses citoyen•ne•s des conséquences du dérèglement climatique. Hélas, dans son dernier rapport annuel, le Haut-Conseil pour le climat a rappelé que le pays était dans les choux : « les émissions ont baissé de 0,9 % en 2019 par rapport à 2018. C’est bien au-dessous de la décroissance attendue de 1,5 % par an (en moyenne) [sur la période] 2019-2023 ».

Le jugement sera rendu dans deux semaines, avant un éventuel appel. Plus d'informations dans Reporterre

• Mercredi, l'administration Trump a déclassé plus de 12 000 kilomètres carrés d'espaces protégés de l'Ouest des Etats-Unis au profit de l'industrie du bois. Cette immense zone sert de refuge à la chouette tachetée du nord. C'est 15 fois plus que ce qui avait été initialement négocié avec les sociétés de bûcheronnage. - The New York Times (anglais)

• Les pires « passoires thermiques » ne pourront plus être proposées à la location dès 2023, selon un décret publié mercredi 13 janvier au Journal officiel. Il s'agit des logements dont la consommation excède 450 kWh par mètre carré et par an, classés G selon le diagnostic de performance énergétique. Seuls 90 000 logements, soit 4% des passoires thermiques, sont concernés. - France Info (AFP)

Dans les eaux arctiques, la fibre pas écolo

Machines à souiller. Le nettoyage de nos vêtements synthétiques génère une importante pollution plastique et nuit à la vie marine dans les eaux de l'Arctique. 

Pour s'en convaincre, des scientifiques ont réalisé des prélèvements en près de cent points de la région polaire et à différentes profondeurs. Comme elles et ils l'ont révélé dans une étude, publiée mardi dans Nature, du plastique a été trouvé dans 96 de leurs 97 échantillons ; 40 particules par mètre cube en moyenne. Plus de 92% des microplastiques étaient des fibres, dont 73% étaient faites de polyester. Ces dernières étaient de tailles et de couleurs comparables aux fibres qui composent nos vêtements. 

Lorsque nous passons nos vêtements synthétiques en machine, une partie des fibres qui les composent est évacuée avec l'eau de lavage et se retrouve dans les océans. Contrairement à d'autres plastiques qui flottent ou sombrent, la flottabilité du polyester est nulle : c'est-à-dire que celui-ci est en apesanteur dans l'eau et demeure longtemps au même niveau de profondeur.

La plupart des prélèvements ont été réalisés entre 3 et 8 mètres de profondeur, une zone où la vie marine est riche et où l'on trouve planctons, petits et grands poissons, et où les oiseaux et mammifères marins viennent se nourrir. 

Des solutions existent pour diminuer cette importante pollution : équiper les machines à laver de filtres à microplastiques, ce que prévoit de rendre obligatoire en 2025 la loi antigaspillage votée en janvier 2020 ; et préférer les vêtements en fibres naturelles – le lin étant la star d'entre toutes. Plus d'informations dans le Guardian (anglais). 

Des étudiant•e•s de HEC réclament une direction plus écolo

Haute Envie Climatique ? Des étudiant•e•s de la prestigieuse école de commerce HEC réclament une personnalité verte à leur tête

Leur récente discussion avec l'astrophysicien Aurélien Barrau les aura-t-elle marqué•e•s à tout jamais ? Dans une lettre ouverte, adressée début janvier à leur conseil d'administration, près de 2 000 étudiant•e•s et ancien•ne•s de HEC demandent un changement majeur de cap. Températures record, émissions de CO2 « sans précédent », disparition des espèces ; le ton de la missive est sans équivoque : « Nos modes de vie bousculent les équilibres environnementaux et sociaux, montrant année après année des limites toujours plus évidentes. En un mot, le temps n'est plus au constat, encore moins au déni. »

L'entretien, en visio, entre l'astrophysicien Aurélien Barrau et les étudiant•e•s de HEC © HEC

Conscient•e•s de leur impact sur le climat, elles et ils déplorent que « les enseignements demeurent en inadéquation avec ce que sont aujourd'hui et surtout ce que seront demain l'économie, la finance et la société. Ils n'intègrent pas suffisamment les questions écologiques et sociales, les réduisant au mieux à des “externalités négatives” et au pire à des opportunités marketing ».

L'école doit nommer une nouvelle personnalité pour remplacer Peter Todd, l'ancien directeur général qui a démissionné en octobre dernier pour raisons de santé. Les signataires de l'appel réclament que soit nommée « une personne consciente des enjeux et déterminée à agir »

Comme le rapporte le Monde, leur appel a résonné au-delà de leurs espérances : l'initiative a été soutenue par certain•ne•s de leurs profs, par de célèbres ancien•ne•s - comme le PDG de Danone, Emmanuel Faber, mais aussi par des personnalités telles que l'économiste Gaël Giraud ou l'ingénieur et membre du Haut-Conseil pour le climat Jean-Marc Jancovici. 

Cinq personnes ont déjà été présélectionnées ; le conseil d'administration devrait prendre sa décision au cours du mois de février. 

La chasse, à courre et en train 

L'histoire pourrait figurer parmi celles recueillies par la page « Un jour, un chasseur », dont Vert s'était fait l'écho hier. Mardi, des chasseurs à courre et leurs dizaines de chiens ont traqué un cerf jusque sur les voies de la gare de Chantilly (Oise). Une scène hallucinante captée par des passant•e•s, qui a entraîné des retards et annulations de train pendant trois heures, comme le raconte le Parisien dans cette vidéo

© Le Parisien