Les Pays-Bas, obligés de réduire leurs émissions en urgence

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Cha­peau bas. Con­traint par sa Cour suprême, après une bataille judi­ci­aire de sept ans menée par l’ONG Urgen­da, le gou­verne­ment néer­landais est en train de met­tre en place une très ambitieuse poli­tique de réduc­tion de ses émis­sions de CO2

Fin avril, les Pays-Bas ont annon­cé la mise sur pied d’un vaste pro­gramme d’en­v­i­ron trois mil­liards d’eu­ros, dont l’ob­jec­tif est de réduire les émis­sions annuelles de gaz à effets de serre (GES) de 10 mil­lions de tonnes (méga­tonnes). L’équiv­a­lent d’un pays comme la Let­tonie, explique le Guardian

Pour ce faire, le gou­verne­ment a pris une série de mesures tous azimuts : lim­i­ta­tion de la vitesse de 130 à 100km/h sur l’au­toroute ; réduc­tion de la taille des trou­peaux (très émet­teurs de méthane, puis­sant GES) ; réduc­tion de 75% de la capac­ité des trois cen­trales à char­bon du pays ; investisse­ments mas­sifs dans la réno­va­tion ther­mique des loge­ments et le développe­ment des pan­neaux solaires sur les toits, etc.

Au total, une trentaine de mesures souf­flées au gou­verne­ment néer­landais par Urgen­da. En 2013, cette ONG a entamé une procé­dure judi­ci­aire pour ten­ter de con­train­dre l’E­tat à met­tre en œuvre une réelle poli­tique de réduc­tion de ses émis­sions afin de répon­dre à l’ur­gence cli­ma­tique. Sept ans plus tard et après plusieurs procès en pre­mière instance et en appel, la Cour suprême a don­né une dernière fois rai­son à Urgen­da en con­fir­mant un précé­dent juge­ment : les Pays-Bas doivent réduire de 25% leurs émis­sions par rap­port à leur niveau de 1990 d’i­ci la fin de l’an­née 2020 (!). 

« Quand on veut, on peut » : la joie des militant•e•s d’Ur­gen­da après l’an­nonce du juge­ment de la Cour suprême, en décem­bre 2019 © Urgen­da

Le pays doit donc trou­ver com­ment réduire son bilan car­bone de cinq méga­tonnes sup­plé­men­taires (15 au total). Mais de nom­breux obser­va­teurs louent déjà la bonne volon­té du gou­verne­ment néer­landais après des années passées à rechign­er devant la tâche. Pour Chris­tiana Figueres, anci­enne direc­trice de la Con­ven­tion cadre des Nations Unies sur le cli­mat, il s’a­gi­ra d’un « test grandeur nature de réduc­tion très rapi­de des émis­sions » que les autres pays devront suiv­re de près, comme le rap­porte le Guardian. 

De quoi, égale­ment, redonner du baume au cœur des ONG d’autres pays qui ont entamé des procé­dures sim­i­laires con­tre leur pro­pre gou­verne­ment, comme l’Af­faire du siè­cle en France. A lire dans le Guardian (en anglais).