La quotidienne

Les sécheresses de l’archiduchesse

Chères toutes et chers tous,

🗳 C'est le jour du Vert du faux ! Quelles sont les questions sur l'écologie que vous vous posez ? Envoyez-nous vos suggestions en répondant simplement à ce mail et votez pour le sujet de la semaine prochaine plus bas dans ce numéro. Vos questions et vos commentaires nourrissent notre travail. Merci 💚


À force de chaleur et de sécheresses, l'Europe est sèche, archi-sèche...


En Europe, les températures augmentent deux fois plus vite qu'ailleurs

22, vlà les chiffres ! Le Vieux continent est loin d’être épargné par les effets délétères du changement climatique. L’année 2022, en particulier, a battu une triste et longue série de records.

On s’en doutait déjà mais les chiffres le confirment : 2022 a été une année hors-normes en Europe, avec des dérèglements climatiques de grandes ampleurs relevés par le programme européen de surveillance spatiale Copernicus. Dans son «État du climat européen» publié ce jeudi, il constate que le Vieux Continent est celui qui se réchauffe le plus vite de tous. La température moyenne relevée ces cinq dernières années atteint déjà +2,2°C par rapport à l’ère préindustrielle - c’est deux fois plus que la moyenne mondiale.

Plusieurs mois de l’année 2022 ont affiché des températures beaucoup plus élevés que la moyenne 1991-2020. © Copernicus

Si 2022 se classe au deuxième rang des années les plus chaudes (après 2016), l’été est le plus torride jamais enregistré en Europe. Les vagues de chaleur n’ont épargné aucun pays et le mercure a même atteint 40°C pour la première fois au Royaume-Uni. Copernicus souligne également la multiplication des vagues de chaleur marines avec des températures records relevées à la surface des océans (la Méditerranée tout particulièrement). Le coup de chaud n’a pas épargné les Alpes, entraînant une fonte recorde des glaciers, équivalente à 3,5 mètres de profondeur et 5 km³ de glace. Copernicus rappelle que l’augmentation continue des journées de «stress thermique» constitue un danger pour la santé humaine.

En Europe, l'année 2022 a été marquée par des écarts à la moyenne en termes de précipitations. © Copernicus

La hausse des températures, conjuguée à de très faibles précipitations, a plongé le continent dans une sécheresse généralisée. 2022 a ainsi été l’année la plus sèche jamais enregistrée avec 63% des cours d’eau en dessous des niveaux moyens. Ce cocktail délétère a eu de nombreuses conséquences dont la plus visible depuis l’espace est l’embrasement des forêts. Copernicus estime que 900 000 hectares sont partis en fumée cet été, provoquant au passage un pic d’émissions estivales jamais vu depuis 15 ans. L’Organisation météorologique mondiale publiera en fin de semaine son bilan 2022 pour le monde, dont les conclusions s’annoncent assez proches.

· Mardi, les autorités qui gèrent le canal du Panama ont dû mettre en place de nouvelles restrictions de navigation en raison de la sécheresse. Les plus gros bateaux doivent désormais limiter les charges transportées pour pouvoir naviguer. Cinq ajustements de ce style ont dû être imposés depuis le début de l'année dans le canal, où transite à peu près 3,5% du commerce maritime mondial. - Le Figaro
 

· Mercredi, les eurodéputé·es ont entériné l’interdiction d’importer dans l’Union européenne des produits issus de la déforestation, qui avait fait l’objet d’un accord entre le Parlement et les États membres en décembre dernier. Des contrôles seront mis en place pour garantir la traçabilité des produits. 16% de la déforestation mondiale est liée aux importations dans l’Union européenne. - Libération
 

· 2,4 millions de Thaïlandais·es ont dû se faire soigner à cause de la pollution de l’air depuis le mois de janvier, a annoncé le Dr Opas Karnkawinpong, secrétaire permanent pour la santé publique, mercredi. Près de 185 000 admissions à l’hôpital ont été enregistrées cette semaine. Les autorités sanitaires recommandent à la population d’utiliser des masques anti-pollution N95 (l’équivalent des FFP2 en Europe) et de passer le moins de temps possible à l’extérieur. - Sud-Ouest (AFP)

Cliquez pour accéder au tweet de KLM (ici traduit en français).

Ça ne manque pas d’air ! Gobelets et dosettes recyclés, marc de café converti en énergie verte et en compost : la compagnie aérienne néerlandaise KLM est persuadée d’avoir trouvé la solution pour garantir «un avenir plus durable à l'industrie aéronautique». Dommage pour elle, les boissons distribuées ne sont qu’une infime gouttelette dans la marrée de carburant que consomme un avion pour voler. Un exemple : le temps de prendre cette photo promotionnelle trompeuse, soit environ 5 secondes, l’avion a émis en moyenne près de 285 grammes de CO2 par passager. C’est près de quatre fois plus qu’un simple café (environ 59 grammes). La compagnie n’en est pas à sa première énormité de greenwashing. Cet été des associations ont déjà porté plainte contre une de ses publicités vantant la compensation des vols par la plantation d'arbres. À quand l’atterrissage ?

Comment concilier logement et sobriété ?

À toit de jouer. Alors que le logement conditionne une part importante de notre empreinte carbone, certaines pistes sont à explorer pour tenter de concilier confort et sobriété.

À lui seul, le logement représente 1,9 tonne de CO2 par personne et par an, d’après le cabinet de conseil Carbone 4. À titre de comparaison, c’est le niveau que nous devrions atteindre en 2050 pour l'ensemble de nos consommations si nous voulons maintenir un climat vivable. C’est donc un poids considérable sur lequel il faudra agir pour pouvoir adopter des modes de vie plus soutenables sur le plan énergétique ou foncier.
 

L’habitat individuel, un modèle à revoir

En 2022, l’habitat individuel représentait 55% des logements en France - pareil qu’en 1982. S’il est le plus répandu, cet idéal de tranquillité est aussi le plus néfaste pour la planète (notre article). «Le modèle à l’ancienne du pavillon avec jardin dont on peut faire le tour n’est plus soutenable et nous mène à une impasse», a même reconnu Emmanuelle Wargon, alors ministre du logement, en 2021. Pourtant, le rêve de la maison individuelle est encore partagé par près de huit Français·es sur dix (79%). Cette proportion ne varie pas depuis plusieurs décennies, d’après un sondage réalisé par l’institut Kantar pour La Fabrique de la cité, un think tank spécialisé dans la prospective urbaine, financé par Vinci.
 

Des pistes pour un habitat plus sobre

La rénovation énergétique est un maillon indispensable de la sobriété de nos logements : elle vise à limiter les déperditions d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, soulageant ainsi la planète et le porte-monnaie (notre mode d’emploi). Réduire la taille des jardins individuels pourrait aussi favoriser la sobriété foncière. C’est d’ailleurs le sens de la démarche Bimby («Build in my backyard») qui, comme son nom l’indique, consiste à construire un nouveau logement dans le jardin d’une maison existante, pour éviter l’artificialisation de nouvelles parcelles.
 

La suite de cet article, qui explore l’importance d’adopter un nouvel idéal d’habitat et les débats à entreprendre pour y arriver, est à retrouver en intégralité sur vert.eco

Mes voisins zadistes

Zadistes et Voltaire. Le ministre de l’intérieur, Gerald Darmanin, a annoncé il y a quelques semaines la création d’une «cellule anti-ZAD» (zone à défendre) pour répondre à «la demande d’autorité des Français». Dans sa bouche, être un «zadiste» est forcément délictuel, voire déviant. Pourtant, d’autres versions existent, dans les villages où ils et elles sont passées. L’émission Les Pieds sur terre a tendu le micro aux voisin·es des zadistes et récolté des témoignages touchants et édifiants.

© France Culture

+ Alban Leduc et Justine Prados ont contribué à ce numéro.