Un numéro où l'on verra qu'aucune occasion n'est trop bonne pour déréguler l'usage des produits phytosanitaires.

Pendant la crise sanitaire, l'Etat déconfine les pesticides
Confinés chez eux, les riverains des exploitations agricoles seront ravis : à l'occasion de la crise du Covid-19, les distances minimales entre habitations et zones d'épandages de pesticides ont (encore) été réduites.
Retour en arrière. Après des mois de controverse, un arrêté, entré en vigueur au premier janvier 2020, avait fixé des distances minimales entre logements et aires d'épandage de produits phytosanitaires : 5 mètres pour les cultures basses, 10 mètres pour les cultures hautes, 20 mètres lorsque sont employés des produits cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR). Ce sont les nouvelles « zones de non-traitement » (ZNT).

Pris au même moment, rappelle Reporterre, un décret permet la mise sur pied de « chartes d’engagements des utilisateurs » au niveau de chaque département : sous réserve que les agriculteurs emploient des « systèmes anti-dérive » (qui permettent un épandage plus précis), les distances des ZNT peuvent être réduites à 3, 5 et 20 mètres.
Mais, comme l'explique Reporterre, le gouvernement a décidé d'accélérer la mise en œuvre de ces chartes dérogatoires sans que les concertations publiques obligatoires ne soient menées.
Une circulaire datée du 3 février 2020 stipule : « Les utilisateurs engagés dans un projet de charte soumis à concertation publique […] peuvent, à titre individuel, appliquer ces réductions de distance ». Autrement dit, il suffit que le processus de consultation soit engagé pour que les agriculteurs puissent appliquer la dérogation.
Coup de grâce, le 30 mars : « Compte tenu de la difficulté à mener la concertation publique, dans le contexte en cours de la crise Covid-19 », les agriculteurs n'ont plus qu'à s'engager à « mener la concertation dès que le contexte Covid-19 le permettra », annonce le ministère de l'agriculture. La seule promesse d'une consultation future suffit donc à s'affranchir des nouvelles ZNT. A lire dans Reporterre.

Mars 2020 parmi les plus chauds jamais enregistrés
C'est chaud. Mars 2020 se situe au niveau de ceux de 2017 et 2019, deuxième et troisième mois de mars les plus chauds jamais enregistrés, selon Copernicus, service européen de surveillance de la Terre.
Dans le détail, la température moyenne mesurée en mars 2020 s'est située à 0,68°C au-dessus de la moyenne de la période 1981-2010. A seulement 0,02°C en-dessous de mars 2017 et 2019.

Le mercure a connu des sommets en Europe de l'Est (Ukraine et Russie en tête), dans de larges portions de l'Asie, en Alaska et au Mexique, en Amérique du sud, et au nord et au centre de l'Afrique.
Il est un autre enseignement du rapport mensuel de Copernicus qui a de quoi inquiéter : la moyenne des douze derniers mois (avril 2019 à mars 2020) s'est hissée à 1,3°C au-dessus des températures de l'ère préindustrielle. L'objectif contenu dans l'Accord de Paris de contenir le réchauffement sous 1,5°C paraît de plus en plus irréaliste.

Sauver les gens plutôt que les avions
Le secteur de l'aviation bat de l'aile en ces temps de confinement mondialisé. Alors que les compagnies aériennes ont entamé leur intense lobbying pour obtenir des Etats leur renflouement, 250 ONG exigent que les plans de sauvetage soient accompagnés d'importantes contreparties.
Rassemblées au sein du réseau Stay Grounded, des dizaines d'associations à travers la planète - dont Greenpeace, Alternatiba, ou WWF - ont lancé, lundi 6 avril, une campagne intitulée #SavePeopleNotPlanes (« Sauvez les gens, pas les avions »).
Dans une lettre ouverte aux gouvernements, les ONG dressent trois exigences :
Toutes ces revendications sont énumérées dans une pétition en ligne lancée ce lundi.

Le boom des énergies renouvelables en 2019
Le solaire brille et l'éolien est dans le vent. Les trois-quarts des nouvelles capacités de production d'électricité créées en 2019 fonctionnent avec des énergies renouvelables, selon le rapport annuel de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), publié lundi 6 avril.
En 2019, 176 gigawatts (GW) d'énergies renouvelables ont été installés à travers la planète, ce qui représente 72% de toute l'électricité nouvellement produite. Solaire et éolien largement en tête, les renouvelables génèrent désormais un tiers de l'électricité mondiale.
L'Irena appelle les Etats à utiliser les plans de relance destinés à lutter contre la crise économique née du Covid-19 pour investir massivement dans les énergies renouvelables. En janvier, l'organisation intergouvernementale appelait à doubler les investissements annuels d'ici 2030 pour rester sur « le chemin de la sécurité climatique ».

« Nous sommes le virus »
« Gaïa se rebelle » ; « Nous sommes le virus »... Les images de la nature qui reprend du poil de la bête sous l'effet du confinement des humains ont pu inspirer quelques raisonnements un brin simplistes. Or, la réalité est bien moins binaire, comme l'expliquent Vincent Verzat du collectif Partager c'est sympa et Rémi Liechti, chroniqueur de Mediapart dans le dernier épisode d'Ouvrez les guillemets.
