La quotidienne

Le Paris du siècle

Chères toutes et chers tous,

🗳️ C'était très serré, mais les urnes ont parlé. À 51,5%, vous avez choisi que nous répondions à la question «Pourra-t-on refroidir les centrales nucléaires en dépit des sécheresses ?» dans le Vert du faux de la semaine prochaine. Rendez-vous dans l'édition de jeudi pour la réponse.

🛣️ Ce week-end, Vert sera dans le Tarn pour couvrir la mobilisation organisée contre le chantier d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres par la Confédération paysanne, les Soulèvements de la Terre, Extinction rebellion Toulouse et le collectif La voie est libre. Plus d’informations à suivre sur notre site et nos réseaux sociaux.


La ville de Paris va devoir s’adapter au changement climatique pour s’éviter un avenir cataclysmique.


Pour résister aux canicules à 50°C, Paris a besoin d’une «révolution haussmannienne»

Chaleur est grave. Une vingtaine d’élu·es de la ville de Paris remettent ce vendredi un plan d’adaptation aux fortes chaleurs à la maire, Anne Hidalgo. Logements, loisirs, transports… Elles et ils demandent de revoir de fond en comble l’aménagement de la capitale.

Paris est la ville européenne où les personnes âgées sont le plus exposées au risque de mourir de chaud, a rappelé une étude de la revue The Lancet Planetary Health le mois dernier. Quand la température est supérieure à la normale dans la capitale, la mortalité y est multipliée par 1,6 chez les plus de 85 ans. «Paris en été est une ville radiateur, sa forme urbaine accentue et intensifie les îlots de chaleurs urbains», explique Maud Lelièvre.

Les projections de la ville de Paris.

Dès lors, comment (sur)vivre à 50°C dans Paris ? Alors que la capitale a déjà enregistré une température maximale de 42,6 °C à l’été 2019, une mission d’information et d’évaluation (MIE) a été mise sur pied pour trouver comment garantir des conditions de vie acceptables lors des prochaines vagues de chaleur qui sont amenées à s’intensifier. Synthèse de ses 85 recommandations.

Réseau de froid, toits peints en blanc ou encore placettes à l’ombre sur le modèle des villages du Sud ; le plan remis ce vendredi à la mairie de Paris laisse entrevoir une «nouvelle révolution haussmannienne», dit à Vert le président de la commission, Alexandre Florentin (Génération écologie).

La priorité est d’engager «un big bang de la rénovation thermique des bâtiments», ajoute la rapporteure du texte Maud Lelièvre (MoDem). Végétalisation des immeubles, logements traversants, alternatives low-tech à la climatisation… à terme, la fraîcheur doit concerner chaque nouvel aménagement.

Côté loisirs, le plan d’adaptation prévoit de rendre la Seine ou le canal Saint Martin baignables. Certains grands évènements sportifs ou culturels de l’été pourraient être décalés à des périodes plus fraîches de l’année pour prioriser l’eau vers les usages essentiels.

Pour les populations les plus exposées, le rapport propose de dédier des lits supplémentaires à l’accueil des sans-abris, sur le modèle du plan «grand froid» en hiver ou d’aménager les horaires et les conditions de travail pour certaines professions, dont les ouvrier·es de chantier. Il y aura du boulot.

· Jeudi, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a inauguré l’un des plus grands gisements gaziers de la mer Noire, qui devrait fournir près de dix millions de mètres cubes de gaz par jour, dans un premier temps. En pleine campagne électorale, il en a profité pour offrir un mois de gaz à tous les foyers. La Turquie envisage également d’exporter une partie de la production vers les pays européens en recherche d’approvisionnement après les sanctions prononcées contre la Russie. - RFI

· Jeudi encore, le premier incendie d’ampleur de l’année, déclenché dimanche dernier dans les Pyrénées-Orientales, a été officiellement éteint. Près de 500 pompiers se sont relayés pendant cinq jours pour en finir avec le feu qui a ravagé environ 1 000 hectares de végétation. La région fait face a un déficit de pluie «exceptionnel» depuis plusieurs mois, selon Météo-France. - Libération (AFP)

· Ce vendredi, la cellule investigation de Radio-France révèle que des scientifiques alertaient sur les risques de cancer liés à l’usage du chlordécone depuis les années 80. Ce pesticide, utilisé dans les bananeraies des Antilles jusqu’en 1993 alors qu’il était interdit en France métropolitaine, a contaminé plus de 90% des Martiniquais·es et Guadeloupéen·nes. En janvier, la justice a prononcé un non-lieu sur cette affaire, se basant notamment sur l’état insuffisant des connaissances scientifiques à l’époque (notre article).

S-métolachlore

Ô phyto dit… Les usages principaux du S-métolachlore, herbicide agricole très répandu et qualifié de «cancérigène probable», seront interdits en France, a confirmé l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) dans une série de décisions publiées jeudi. Fin mars, le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, avait annoncé sa volonté de revenir sur le processus d’interdiction de ce pesticide. Début avril, un rapport de l’agence sanitaire avait révélé la présence généralisée de composants du S-métolachlore dans l’eau potable (notre article). Les agriculteur·rices auront 18 mois pour cesser de l’utiliser. L’Anses a par ailleurs assuré que la phosphine, un insecticide utilisé pour traiter les céréales, pourrait en revanche toujours être appliquée sur les produits exportés hors de l’Union européenne - malgré son interdiction en France à compter du 25 avril.

Salomé Saqué : « Mon éco-anxiété est aussi un moteur »

Salomé Saqué, 27 ans, est journaliste spécialiste d’économie et de politique pour le média en ligne Blast. Ces derniers mois, à la suite de plusieurs séquences de télévision devenues virales, elle est devenue l’un des visages de l’écologie dans les médias. Parmi ses nombreuses casquettes, elle est l’autrice de Sois jeune et tais-toi, une plongée dans la jeunesse française, ses difficultés, ses peurs et ses espoirs. Entretien.
 

Dans ton livre, c’est quoi un jeune ?

Comme le rappelle le sociologue Pierre Bourdieu, la jeunesse n’est qu’un mot, c’est une interprétation. C’est complètement ouvert à la discussion. Il n’y a pas une définition de référence de la jeunesse.

Pour moi, la jeunesse, c’est ce moment d’instabilité de vie, où on cherche son identité, où on est en train d’établir les bases de sa vie future, et où on va choisir une trajectoire professionnelle, familiale, où l’on prend des grandes décisions. Mais encore une fois, je ne prétends pas en offrir une définition universelle.


Qu’est-ce qui distingue cette génération des précédentes ?

Cette génération rencontre des difficultés économiques plus importantes statistiquement – et c’est très important de le préciser, on parle de statistiques, de tendances, et pas de chaque personne âgée ou jeune – et fait face à une précarité de l’emploi beaucoup plus prégnante que ses aînés.

Salomé Saqué, en avril 2023, à Paris. © Thibault Montamat/Vert

En 1982, le taux d’emploi précaires chez les jeunes était de 17% contre 52% aujourd’hui, c’est une différence absolument colossale. Les jeunes arrivent sur un marché de l’emploi qui est en leur défaveur. Ils sont la première variable d’ajustement en cas de crise, ce sont les premiers qu’on va mettre au chômage – on l’a très bien vu pendant la crise du Covid. Ce sont les premiers abonnés à la précarité la plus dure. La moitié des jeunes qui font la file d’attente aux Restos du cœur ont moins de 26 ans.

Il y a aussi une fracture numérique ; les jeunes ont des pratiques propres, qu’ils ont notamment développé sur les réseaux sociaux et qui parfois sont l’objet de grandes incompréhensions avec les plus âgés. C’est une culture qui est nouvelle et qu’il convient de comprendre avant de la juger.

Ensuite, bien sûr, il y a le défi climatique qui trace l’avenir de ces générations avant même qu’elles puissent façonner leur futur. Pour toutes ces raisons, la génération actuelle est très singulière.

La suite de ce riche entretien est à lire sur vert.eco

Le futur du Royaume-Uni imaginé par l’intelligence artificielle

WTF. Grâce à l’intelligence artificielle, le WWF a généré une quinzaine de tableaux de paysages du climat du futur inspirés du romantisme britannique. Peintures maussades de forêts en feu, de rivières polluées, de marsouins échoués ou de décharges à ciel ouvert… Le résultat fait froid dans le dos. Certains tableaux dépeignent aussi un avenir dans lequel la transition écologique aurait été menée à bien, pour montrer que notre futur climatique est encore entre nos mains. L’exposition complète à retrouver ici.

Incendies dans les Highlands, 2034 fait partie des tableaux générés par l’IA. Cliquez pour voir les autres. © WWF

+ Loup Espargilière et Alban Leduc ont contribué à ce numéro.