La quotidienne

Le meilleur est avenir

Chères toutes et chers tous,

Bienvenue de l'autre côté de cette étrange campagne. Nous pouvons être soulagé·es d'avoir évité le scénario du pire pour le climat et le vivant. Mais nous pouvons faire bien mieux. Dans son parti pris que vous pourrez lire ci-dessous, notre journaliste Loup Espargilière invite toutes les personnes de bonne volonté à faire advenir le meilleur. Et pour cela, vous pourrez compter sur l'énergie débordante de toute la rédaction de Vert.


Nous avons évité l'accident démocratique ; il est déjà temps de revenir au combat contre la crise climatique.


Le pire a été évité, et si l'on faisait advenir le meilleur ?

Ne nous privons pas de pousser un grand « ouf » de soulagement.

Dimanche, en choisissant de garder Marine Le Pen à l'écart de l'Élysée, les Français·es ont rejeté la candidature du pire. Comme nous l'avons écrit, le projet présidentiel de la candidate d'extrême droite constituait un véritable et imminent danger pour le climat et le(s) vivant(s).

Difficile de se réjouir pour autant. Avec 38,5% des voix des inscrit·es, Emmanuel Macron est le président le plus mal élu depuis Georges Pompidou en 1969. L'extrême droite, elle, progresse inexorablement pour atteindre de nouveaux sommets.

La société française paraît plus fracturée que jamais et, outre les crises imprévisibles qui ont frappé le pays, l'action d'Emmanuel Macron n'est pas étrangère à ce phénomène. 

Allumé par l'instauration de la taxe carbone sur l'essence - vécue comme une violence par des millions de personnes dépendantes de leur voiture faute d'alternatives, le mouvement des Gilets jaunes a été durement réprimé par le pouvoir, resté sourd aux mille revendications en faveur de la justice sociale, du pouvoir d’achat, des services publics ou de la démocratie. Mise sur pied en réponse à cette crise, la Convention citoyenne pour le climat avait rédigé 149 propositions pour atteindre les objectifs climatiques de la France « dans un esprit de justice sociale ». Un riche corpus largement défiguré lors de sa traduction dans la loi « climat et résilience ».

Les jeunes (et tous les autres) qui ont battu le pavé pour demander des politiques climatiques plus ambitieuses ont été ignoré·es, quand elles et ils n'ont pas simplement été brutalisé·es par les forces de l'ordre. Autant de citoyen·nes qui se sont pourtant résolu·es à mettre le bulletin de leur adversaire politique dans l'urne pour contrer le péril Le Pen.

Durant l'entre-deux-tours, Emmanuel Macron a multiplié les promesses sur l'écologie pour convaincre les électeur·rices de gauche © Ludovic Marin / AFP

Emmanuel Macron le sait, il doit sa réélection aux millions de Français·es qui ont une fois de plus « fait barrage », souvent dans la douleur. En signe d’apaisement, dans la soirée de dimanche, le président réélu s'est dit « dépositaire de leur sens du devoir […] Ce vote m'oblige pour les années à venir ».

Emmanuel Macron devra faire davantage que des promesses comme celle, martelée dans l'entre-deux-tours, d'aller « deux fois plus vite » sur la réduction des émissions de CO2. Lui qui se vante déjà d'avoir doublé le rythme lors de son quinquennat en tordant largement la réalité des chiffres (Le Figaro). Lui sous la présidence duquel la France a été condamnée par deux fois pour son inaction contre la crise climatique.

Sa politique « sera écologique ou ne sera pas », a juré Emmanuel Macron. À Vert, nous prenons le président au mot.

Dans les prochaines semaines, nous suivrons la recomposition politique et analyserons la place que prendront l'écologie et les écologistes dans la nouvelle représentation nationale. Nous vous éclairerons sur l'action des lobbyistes à l'Assemblée et vous raconterons les profils des nouveaux·elles député·es.

Dans les cinq ans à venir : nous suivrons à la lettre l'action (ou l'inaction) du gouvernement, comme nous l'avons fait avec ténacité depuis la naissance de Vert. Nous vous raconterons aussi la mobilisation de la société civile, les luttes locales contre des grands projets inutiles et nous mettrons en lumière les alternatives de plus en plus riches et nombreuses à travers la France, comme ailleurs.

Jusqu’à la fin du siècle et au-delà : nous continuerons à raconter simplement toute l'actualité du vivant et du climat pour permettre au plus grand nombre d'en comprendre les enjeux et de se mettre en action. Nous étudierons les moyens de transformer nos sociétés à la hauteur de ce que réclame la crise, contribuerons à faire émerger des récits positifs - et non « punitifs » - de l'écologie et lutterons sans relâche contre les fausses promesses, le greenwashing et les mauvaises solutions. Nous ferons notre part pour nous épargner à toutes et tous certaines des effets les plus grave du réchauffement et contribuer à l'adaptation de nos société et des écosystèmes à ces bouleversement. Alors, êtes vous prêt·es à prendre le parti de Vert ?

· Samedi, le naufrage d’un bateau de plongée dans l’archipel des Galapagos, en Équateur, a fait naître une « nappe de carburant superficielle » au large de l’île de Santa Cruz. Le parc national des Galapagos a rapidement mis en place des mesures de prévention pour éviter l’éparpillement des quelque 7 500 litres de diesel que contenait le bateau au moment de l’accident. Cet archipel est classé au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco pour sa biodiversité unique au monde. - Ouest-France (AFP)

· Dimanche soir, Jean-Luc Mélenchon a de nouveau appelé les Françai·se à l’élire premier ministre à l’issue des élections législatives qui se tiendront les 12 et 19 juin prochains. Le troisième homme de la présidentielle entend imposer à Emmanuel Macron une cohabitation en obtenant une majorité à l’Assemblée nationale sous la bannière de l’Union populaire. Depuis la fin du premier tour, un dialogue s’est ouvert autour d’une possible union de la gauche entre La France insoumise, Europe Écologie - Les Verts, le Parti communiste français et le Parti socialiste. - France info

· Dans les prochains jours, l’Inde et le Pakistan vont subir des températures-records pour un mois d’avril avec des prévisions entre 45 °C et 50 °C, a alerté dimanche le météorologiste Scott Duncan sur les réseaux sociaux. Les deux pays sont en proie à des vagues de chaleur extrêmes depuis le mois de mars, ce dernier étant enregistré comme le plus chaud qu’a connu l’Inde depuis 122 ans. De nombreuses villes sont touchées par des coupures quotidiennes de gaz et de courant, révèle le média pakistanais Dawn.

© Capture d'écran Twitter

Privé de jet. Dimanche, à l’heure de voter pour le second tour de l’élection présidentielle, de nombreux·ses internautes se sont moqué·es de la passion de Jean Castex pour l’aéronautique. Il y a deux semaines, lors du premier tour, le premier ministre avait créé la polémique en mobilisant un jet de l’État pour un aller-retour express à Prades (Pyrénées-Orientales) afin de voter devant les caméras de télévision (Vert). Des citoyen·nes avaient alors lancé une pétition (Vert) - signée par plus de 35 000 personnes, l’enjoignant de prendre le train ou de rédiger une procuration au second tour. Finalement, Jean Castex a annoncé en fin de semaine dernière qu’il prendrait un avion de ligne pour rentrer du Sud de la France, où il était déjà en déplacement depuis plusieurs jours. Une décision symbolique, apprécie auprès de Vert Charlène Fleury, spécialiste du transport aérien pour le mouvement Alternatiba, pour qui ce genre d’interpellation participe de la « bataille culturelle » pour davantage d’exemplarité et contre l’avion. Cette controverse, largement relayée par les médias et les citoyen·nes, montre aussi que certains gestes ne passent plus à l’heure de l’urgence climatique. Retrouvez notre article sur vert.eco

En Pologne, la protection d’une forêt primaire pourrait avoir raison du projet de mur anti-migrants

Raisons sauvages. Et si la forêt de Bialowieża, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, pouvait annuler le projet de mur anti-migrants envisagé par le gouvernement polonais ?

Décidé en octobre 2021 après un été marqué par l'arrivée à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie de milliers de personnes qui fuyaient le Moyen-Orient et l'Afrique, ce projet pourrait être bloqué par l’Union européenne (UE) en raison de failles en matière de protection de la biodiversité.

Jeudi 21 avril, la commission « environnement » du Parlement européen a demandé des garanties au gouvernement polonais au sujet de cette construction de béton et d’acier, longue de 186 kilomètres et haute de 5,5 mètres, prévue au cœur de l’écosystème forestier le plus ancien d’Europe. Parmi celles-ci, l’installation de corridors écologiques pour permettre la libre circulation des animaux. Les eurodéputés libéraux, de gauche et verts ont rappelé que ce projet viole les règles de protection de la nature de l'UE et met en danger des espèces vulnérables comme le loup, le lynx et le bison. Elles et ils regrettent que l’Europe n’ait pas imposé de sanctions à la Pologne. L'eurodéputé du groupe Socialistes et démocrates César Luena décrit le mur polonais comme une « clôture de la honte », « totalement incompatible » avec les lois européennes sur la nature (Politico). Il a demandé à la Commission de veiller à ce qu'il soit « immédiatement » démantelé. 

La forêt de Bialowieża en juin 2019 ©  Mariusz Cieszewski

Pour Maud Lelièvre, présidente du comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) jointe par Vert, « ce projet va couper la forêt en deux et son impact va être terrible à tous niveaux, humain comme non humain ». 1 800 scientifiques ont fait part de leur opposition à cette construction, craignant déboisement, rupture de continuité écologique et difficultés pour la migration des espèces. 

« Cette forêt est difficile d’accès mais nous savons que des camions la traversent d’ores et déjà avec des matériaux de construction », explique Maud Lelièvre. La demande de garanties formulée par l’UE arrive tardivement, mais elle pourrait servir de levier pour faire condamner les autorités polonaises et obtenir la démolition du mur. En 2018, déjà, Varsovie avait été condamnée par la Cour de justice de l'Union européenne en raison de l’abattage d’arbres jugé contraire au droit européen.


Dites à l’avenir que nous arrivons avec Martin Serralta, le « fou de la cité »

Changer le game. « Si l’abbé Pierre et Mère Teresa jouent au Monopoly, la fin est toujours la même, ce n’est pas un problème de joueurs, mais un problème de jeu. » Telle est l’une des maximes sur laquelle s’appuie le prospectiviste Martin Serralta pour explorer les différentes modalités dont nous disposons pour vivre et agir ensemble. Dans le podcast Dites à l’avenir que nous arrivons, cet adepte du « convivialisme », mouvement développé par le philosophe de l’écologie politique Ivan Illich, offre des clefs de réflexion concrètes pour penser le monde autrement.

© Les Éclaireurs

+ Loup Espargilière, Anne-Sophie Novel et Juliette Quef ont contribué à ce numéro