La quotidienne

Le Maire Fouettard

Chères toutes et chers tous,

🗓️ Vert est partenaire des Rencontres des pensées de l’écologie qui ont lieu à Cluny (Saône-et-Loire), du 21 au 24 mars. Notre journaliste Jennifer Gallé y animera vendredi le débat «Politiques écologiques européennes Où en est-on ?». Pour retrouver tout le riche programme de Rencontres et vous inscrire, c’est par ici !


Le ministre de l’Économie n’en peut plus du gratuit, il a décidé de serrer la vie.


Bruno Le Maire, un presque candidat en croisade contre les services publics

Il l’a vraiment dit. Bruno Le Maire veut sortir «une bonne fois pour toutes du mirage de la gratuité universelle».

Dans une folle interview ce weekend au Journal du dimanche, titre naufragé à l’extrême droite depuis sa reprise en main en 2023 par Vincent Bolloré, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a livré sa vision (présidentielle ?) pour la France. Une vision ultra-libérale à rebours des enjeux sociaux et écologiques de notre époque.

Le locataire de Bercy appelle, ni plus ni moins, à en finir avec l'Etat-providence - «une machine à empiler de nouvelles dépenses publiques» -, et à détricoter ainsi les protections sociales instaurées dans la concorde nationale de l’après-Seconde Guerre mondiale.

Usant des moyens rhétoriques les plus déloyaux, il fait de la réduction des dépenses publiques l’unique façon de sauver ce qui peut l’être. Exemple : «Nous voulons faire des urgences à l’hôpital une priorité ? Alors renonçons à d’autres dépenses moins prioritaires», dit-il, omettant les autres leviers à sa disposition. Comme la taxation des revenus et patrimoines les plus élevés, fortement allégée depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017.

Bruno Le Maire lors de ses vœux pour la nouvelle année au ministère de l’Économie, en janvier 2024. © Bertrand Guay / AFP

Il espère ainsi «reprendre la maîtrise de ce système devenu incontrôlable. Quel est en fait son but ultime ? La gratuité de tout, pour tous, tout le temps : c’est intenable».

En réalité, Bruno Le Maire veut défaire la solidarité de la nation pour que plus rien n’échappe à l’individualisme du marché. Car rien n’est réellement «gratuit». L’assurance chômage est payée par les chômeurs : ils ont cotisé pour ça. L’assurance maladie est financée par des malades, passés ou futurs.

«Les services publics, c’est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas», selon l’expression consacrée. Une phrase d’une actualité brûlante alors que fait rage la crise climatique, dont on sait parfaitement qu’elle surchauffe les logements des plus précaires, aggrave les problèmes de santé et continue de creuser les inégalités. Les plus pauvres paieront cash la libéralisation à marche forcée.

Pour protéger la population et accomplir les transitions requises à l’heure des grands chamboulements, la crise climatique réclame précisément des services publics efficaces. Et de sortir une bonne fois pour toutes du mirage du marché universel.

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· Lundi, deux membres du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) se sont perchés aux abords du Parlement européen, à Bruxelles. Ils souhaitent alerter sur le traitement réservé à leurs comparses «écureuils» qui s’opposent à la construction de l’A69 dans le Tarn (notre article). - L’Obs (AFP)

· Lundi encore, le Guide Michelin a dévoilé sa liste des 62 restaurants français récompensés par une, deux ou trois étoiles. Parmi les distingué·es, la cheffe Manon Fleury qui décroche avec sa «cuisine végétale» sa première étoile. Souvenez-vous, elle avait concocté en décembre pour Vert un menu de fêtes 100% végétarien (notre article). - 20 Minutes

· Ce mardi, et jusqu’au 23 mars, des employé·es de Météo France sont en grève pour dénoncer le manque de moyens et leur récente bascule vers Alpha, un système de prévisions automatisées. Destiné à compenser les baisses d’effectifs, celui-ci multiplie les couacs. - Libération

«Nous devons abandonner la fantaisie de sortir du pétrole et du gaz»

- Amin Nasser, président-directeur général
de la pétrolière saoudienne Aramco

Don’t feed the pétrole. Réunis toute la semaine à Houston (États-Unis) pour CERAWeek, conférence annuelle sur l’énergie, les principaux représentants mondiaux du secteur pétrolier n’ont pas mâché leurs mots. Lundi, au premier jour de cet événement organisé par la société d’analyse S&P Global, le patron de Saudi Aramco, la plus grande compagnie pétrolière de la planète, a fustigé la transition énergétique et la sortie du pétrole et de gaz. Il a rappelé que la consommation d’or noir est florissante et, surtout, bon marché. Pour Darren Woods, le patron d’Exxon, le bas prix des énergies l’emporte sur toute autre considération climatique : «Si la société veut réduire les émissions, personne ne veut en payer le prix».

La Gironde se lance dans l’expérimentation à grande échelle de la «sécurité sociale de l’alimentation» 

Faim prêt·es. Ce mardi, une caisse commune de l’alimentation est officiellement activée auprès de 400 Girondin·es. Objectif : faciliter l’accès à une nourriture durable pour tous·tes.

Le collectif Acclimat’action s’est associé au département de la Gironde et à la Ville de Bordeaux pour inaugurer cette caisse commune de l’alimentation, qui sera testée pendant un an. 

À l’origine de ce projet, un constat : celui d’une crise agricole profonde avec une précarisation des agriculteur·ices ; et d’une insécurité alimentaire croissante pour les citoyen·nes malmené·es par l’inflation.

Jusqu’en avril prochain, 400 bénévoles issu·es de plusieurs territoires du département cotiseront à une caisse commune pour bénéficier d’une allocation à dépenser dans des commerces alimentaires conventionnés. 

© Erik Scheel / Pexels

Chaque mois, les participant·es disposeront de 150 «MonA» (pour «monnaies alimentaires», la devise mise en place pour le projet), et 75 MonA par personne supplémentaire au sein de leur foyer - une MonA équivaut à un euro. Une mère célibataire vivant avec deux enfants recevra ainsi 300 MonA.

Pour l’heure, seuls 16 commerces (épicerie, boulangerie, boucherie, etc.) sont conventionnés. Mais les porteur·ses du projet visent une cinquantaine de lieux à terme. Les points de vente sont évalués selon plusieurs critères : juste rémunération des producteur·ices, localité des aliments, pratiques agricoles durables, bien-être au travail…

Un demi million d’euros (534 000 euros) sera alloué chaque année à la caisse commune, dont près de la moitié sera financé par les cotisations des participant·es (214 000 euros). Le reste est financé par les différentes collectivités impliquées (Conseil départemental, mairies de Bordeaux et de Bègles, Conseil régional, etc.).

Un bilan sera réalisé à l’issue de l’expérimentation, au printemps 2025.

Justine Prados

Ortie, consoude et prêle pour combattre les ravageurs sans chimie 

Le saviez-tu ? Certaines des plantes qu’on appelle «mauvaises herbes» sont en fait de super engrais et pesticides naturels ! Ortie, consoude, prêle... il faudrait arrêter de les prendre pour des brêles ! C’est la nouvelle vidéo de Ta mère nature pour Vert.

© Vert

+ Jennifer Gallé, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.