La quotidienne

Le gouvernement nous fait marcher

« C'est une plaisanterie », ont dû espérer les dizaines de milliers de manifestants qui ont battu le pavé contre la loi climat à travers le pays. 


Des dizaines de milliers de personnes ont marché pour réclamer une « vraie » loi climat

Une « vraie » manifestation. Dimanche, des dizaines de milliers de personnes ont marché à travers la France pour réclamer une « vraie » loi climat, à la veille de son examen dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.

« Quand je serai grande, je voudrais être vivante » ; « Besoin d'une loi qui claque, pas à côté de la plaque » ; ou, plus prosaïquement : « 69 articles pour baiser le climat »... Dans plus de 170 villes de France, les slogans ont fleuri sous le soleil dominical. Au total, les 110 000 manifestant•e•s (selon les organisateur•rice•s) avaient dans leur viseur le projet de loi « climat et résilience ». Le texte du gouvernement est étudié dès ce lundi par l'ensemble des député•e•s, après deux semaines d'examen en commission spéciale. 

2,5/10, c'est la note qu'ont accordé les 150 de la Convention citoyenne pour le climat à l'interprétation de leurs propositions par le gouvernement. © Tristan Saramon / Vert

« On est méprisés, juge auprès de Vert Nicolas, agriculteur urbain présent parmi les 55 000 personnes du cortège parisien. Les 150 citoyens de la Convention ont fait un gros travail et cette loi ne leur rend pas justice ». Ce projet de loi avait pour objectif de reprendre une large part des 149 propositions faites par les membres de la Convention citoyenne pour le climat sur une foule de sujets. A l'issue de neuf mois de travail, elles et ils avaient mis sur pied un important corpus de mesures qui devaient permettre de réduire de 40% les émissions de CO2 d'ici 2030, comme la France s'y est engagée. Hélas, de très nombreux observateurs ont constaté que le compte n'y était pas du tout (Vert).

A l'appel de plus de 600 organisations, les manifestant•e•s ont enjoint aux parlementaires de redonner du souffle à ce vaste texte par leurs amendements. Hélas, il y a peu à espérer. Au cours des deux semaines d'examen en commission spéciale, un quart des 5 000 amendements présentés par l'opposition a été considéré irrecevable, deux fois plus que la moyenne des projets de loi précédents. Les quelque 30 associations du Réseau action climat dénoncent un « débat muselé » par la majorité LREM (Le Monde). 

Ex-député marcheur et ancien économiste de l'Agence de l'environnement (Ademe), Matthieu Orphelin a fait ses calculs : en l'état, le texte ne permettra d'atteindre que 5,4 % à 9 % du chemin à parcourir d'ici 2030 pour espérer contenir le réchauffement à moins de 2°C. 

• Samedi, le prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane, a présenté son « Initiative saoudienne verte » : le premier exportateur mondial de pétrole prévoit de faire passer à 50% la part d'énergies renouvelables dans sa consommation d'ici 2030. Dix milliards d'arbres devraient être plantés en dix ans ; pas une mince affaire dans ce pays largement désertique. - Le Monde (AFP)

• Connu pour ses positions très climatosceptiques, l'ancien chef du parti d'extrême droite britannique Ukip, Nigel Farage, rejoint une entreprise dédiée à la finance verte en tant que conseiller. Il sera chargé de « faciliter les introductions auprès des politiques et des dirigeant•e•s britanniques et mondiaux » et agira comme porte-parole du Dutch Green Business Group. Celui-ci fait la promotion de la séquestration de CO2, une technologie controversée dans la lutte contre le changement climatique (Vert). - The Guardian (anglais)

Le blocage du canal de Suez pourrait entraîner la mort de milliers d’animaux

En travers de la gorge. Le blocage du canal de Suez par le gigantesque porte-conteneur Ever Given pourrait avoir des conséquences dramatiques pour les dizaines de milliers d'animaux coincés à bord d'autres navires

Depuis le 23 mars, l'échouage de l'Ever Given - et ses 220 000 tonnes - paralyse l'un des axes majeurs du trafic maritime mondial. Les livraisons de pétrole ne sont pas les seules touchées. Samedi 27 mars, les autorités sanitaires roumaines ont annoncé qu'onze cargos transportant du bétail étaient arrêtés avec, à leur bord, 130 000 montons (AFP) à destination du Moyen-orient. 

En croisant les données issues d'ONG et de la carte actualisée en temps réel de Marine Trafficle Guardian a calculé que plus de 20 navires bétaillers patientaient aux embouchures du canal de Suez. 

Au total, plus de 300 navires stationnent actuellement aux abords et dans le canal de Suez. © Marine Traffic

A court terme, les animaux ne sont pas menacés. Mais si la situation s'éternisait et si les bateaux devaient emprunter d'autres routes, la nourriture et l'eau pourraient venir à manquer. Cette année, deux navires transportant des veaux – le Karim Allah et l'Elbeik – ont erré en mer pendant de longues semaines pour des questions réglementaires. Problèmes de nutrition et d'hygiène, promiscuité... Un véritable calvaire (raconté par Vert), qui a abouti à la mise à mort des 850 animaux à bord du premier, et de 360 des 1 800 sur le second. 

Lundi matin, l'autorité du canal de Suez a annoncé que l'Ever Given avait partiellement été remis dans la bonne position. Mais il ne flotte toujours pas. Pour l'heure, personne ne s'est risqué à estimer le temps que dureront les opérations. 

Aux Etats-Unis, le pygargue renaît de ses cendres 

Un aigle à 180°. Aux Etats-Unis, les populations de l'emblématique pygargue à tête blanche, un temps proche de l'extinction, ont été multipliées par quatre au cours de la dernière décennie.

Mascotte des Etats-Unis, l'american bald eagle a failli y disparaître du paysage. Il y a un siècle, raconte le New York Times, les pygargues à tête blanche étaient considérés comme une menace, en Alaska. Leur tête a été mise à prix – 50 cents l'oiseau – causant la mort de quelque 120 000 d'entre eux. A la moitié du XXème siècle, ils ont presque été achevés par l'usage massif du DDT. En s'accumulant dans l'organisme des pygargues, ce puissant insecticide avait pour effet de ramollir la coquille de leurs œufs, décimant la quasi-totalité des populations. Le plus bas historique a été atteint en 1963 : il ne restait alors que 417 couples (Service de le pêche et de la vie sauvage des Etats-Unis). 

Un pygargue à tête blanche dans la baie de Kachemak, en Alaska ©  Andy Morffew

L'interdiction du DDT en 1972, ainsi que la mise en place de politiques de conservation ont porté leurs fruits en quelques décennies. En 2007, le pygargue a été retiré de la liste des espèces menacées. En 2009, on comptait 72 000 individus à travers le pays. Un chiffre qui a bondi en 10 ans : dans un communiqué, le service gouvernemental de la pêche et de la faune sauvage, les populations atteignent désormais 316 700 individus, dont plus de 71 000 couples reproducteurs. 

Cette explosion génère de nouveaux comportements : certains de ces grands prédateurs s'établissent désormais comme oiseaux de jardins dans des zones résidentielles du pays.

Contrairement à son nom en anglais (bald eagle), le pygargue n'est pas un aigle. Il en diffère par son apparence (bec massif, pattes dépourvues de plumes) et son habitat - lacs, rivières et zones côtières, loin des massifs forestiers et des montagnes prisées par les aigles. 

La pandémie, bonne pour le climat ?

En 2020, le ralentissement économique lié à la pandémie de Covid-19 a généré une baisse de 5% environ des émissions de CO2. Peut-on se réjouir pour autant ? Comme après chaque crise depuis 100 ans, les émissions sont rapidement reparties à la hausse, raconte le Monde dans cette vidéo.

© Le Monde