Le calvaire de 2 700 veaux relance le débat sur l’export d’animaux vivants

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A veau­mir. Lun­di 1er mars, les autorités espag­noles ont ordon­né l’a­battage de 864 bovins épuisés par deux mois d’er­rance en mer Méditer­ranée. Un autre car­go trans­portant 1 700 bêtes est égale­ment de retour sur les côtes espag­noles. 

Par­tis en décem­bre 2020 des ports de Carthagène et Tar­ragone en Espagne, les car­gos Karim Allah et Elbeik se sont retrou­vés piégés en mer Méditer­ranée par l’ap­pli­ca­tion de régle­men­ta­tions san­i­taires. Arrivés à leur des­ti­na­tion ini­tiale en Turquie, les deux bateaux se sont vus refuser l’ac­cès aux ports de Der­ince et Isk­enderum par les autorités san­i­taires. Celles-ci soupçon­naient les chep­tels d’être por­teurs de la mal­adie de la langue bleue : véhiculée par cer­tains moucherons, la fièvre catarrhale (son nom médi­cal) n’est pour­tant pas con­tagieuse, ni trans­mis­si­ble aux humains. 

Libye, Égypte, Ital­ie ou encore Sar­daigne… Depuis lors, le va-et-vient des deux bateaux à la recherche de nou­veaux acheteurs sur les côtes méditer­ranéennes est ahuris­sant. Au final, ce cal­vaire de plusieurs dizaines de mil­liers de kilo­mètres a entraîné la mort de 130 bêtes à bord et une impor­tante dégra­da­tion de l’é­tat du chep­tel.

Le Karim Allah à quai © Marine­Traf­fic

De retour en Espagne, le car­go Karim Allah trans­portant 864 bêtes n’a, à nou­veau, pas eu l’au­tori­sa­tion de décharg­er car les règles san­i­taires européennes inter­dis­ent l’im­port d’an­i­maux en prove­nance de Libye. Con­tre l’avis des pro­prié­taires, les autorités espag­noles ont donc décidé l’a­battage sur place des ani­maux. « L’euthanasie serait le mieux pour leur san­té et leur bien-être », révélait un rap­port vétéri­naire com­mandé par les autorités que le Guardian s’est procuré.

L’af­faire relance la ques­tion de l’ex­port d’an­i­maux vivants hors d’Eu­rope, pra­tiqué dans des con­di­tions sou­vent déplorables et vers des pays où la con­di­tion ani­male est peu ou pas régle­men­tée. L’as­so­ci­a­tion de défense des ani­maux Wel­farm rap­pelle ain­si que la France exporte chaque année 150 000 bovins et ovins depuis le port de Sète. Des mil­liers d’autres tran­si­tent par l’Es­pagne avant d’être envoyés en Afrique du Nord ou au Moyen-Ori­ent « où plus aucune loi ne les pro­tège ». Sur la base de plusieurs enquêtes révélant des pra­tiques indignes, elle réclame l’in­ter­dic­tion d’ex­porter des ani­maux vivants aux niveaux français et européen