Chères toutes et chers tous,
📅 «Doit-on faire flipper ou rêver pour passer à l’action?» : c’est le thème du prochain rendez-vous de «Débats et des bières» organisé par Makesense ce jeudi 22 juin à 19h à la Gaîté Lyrique à Paris (3ème). Loup Espargilière y papotera avec Lauren Boudard de Climax, l’autrice-réalisatrice Valérie Zoydo et la showgirl Nathalie DocLaLuna. Pour vous inscrire, c’est juste là.
Doubler le trafic en atteignant zéro émission ? Le monde de l’avion défie la technologie, mais surtout, la raison.

Au salon du Bourget, le secteur aéronautique s’accroche au rêve de l’«avion vert»
Promesses en l’air ? Le salon international de l’aéronautique, qui se tient toute la semaine au Bourget (Seine-Saint-Denis), mise tout sur la technologie pour atteindre la neutralité carbone de l’aviation en 2050.
Sous les bruyantes démonstrations d’avions et à l'écart des terrasses où des contrats à sept chiffres se concluent arrosés de champagne, un petit espace du salon international de l'aéronautique affiche en grand le rêve du secteur : «Vers un voyage décarboné».
Comment le secteur compte-t-il sérieusement atteindre la neutralité carbone - ne plus émettre davantage de gaz à effet de serre que ce que l’on est capable d’absorber - tout en voyant son trafic doubler dans les 20 prochaines années, comme le prévoit Airbus ?
Carburants «verts», hydrogène, amélioration des performances… le salon mise à fond sur la technologie pour atteindre cet objectif colossal. Pour y parvenir, 20 à 30% des émissions du secteur devraient être «compensées», en achetant des crédits sur le marché carbone, qui sont pour l’heure largement bidon. «Vous en connaissez, vous, des filières qui ne vont rien émettre ?», se défend Philippe Novelli, membre de l’Office national d'études et de recherches aérospatiales (Onera).

La réduction du trafic ne fait pourtant pas partie des scénarios envisagés. La sobriété «qui consiste à dire : “il faut tout arrêter en quelque sorte et il faut renoncer à la croissance”, je ne la crois pas raisonnable», appuie Emmanuel Macron, venu inaugurer le salon et assurer le secteur de son soutien.
Pour autant, dans les allées, certain·es professionnel·les restent sceptiques. «L'objectif de neutralité carbone est avant tout là pour attirer les investissements, personnellement je n'y crois pas», avoue le représentant d'une entreprise de décarbonation qui souhaite rester anonyme, tant sa position est rare. «La décroissance du trafic est un gros mot ici», résume Michele Doliget, stagiaire dans une entreprise aéronautique.

· Vendredi, le tribunal administratif de Paris a pour la première fois condamné l’État à indemniser des familles victimes de la pollution de l’air, a communiqué l’association Respire ce lundi. Déjà épinglé par le Conseil d’État pour n’avoir pas respecté les normes européennes sur la qualité de l’air dans plusieurs villes, l’État est cette fois jugé directement responsable des maladies respiratoires (asthme, bronchiolite) de deux enfants forcés de fuir la région parisienne pour préserver leur santé. Les familles seront respectivement indemnisées à hauteur de 2 000 et 3 000 euros. - Le Monde
· Lundi, après 15 années de discussion, les États membres de l’ONU ont adopté le premier traité pour protéger la haute mer. Celle-ci commence là où s’arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) ; elle n’est sous la juridiction - et sous la protection - d’aucun État. Le traité prévoit notamment la création d’aires marines protégées, le partage juste et équitable des avantages découlant des ressources génétiques marines et la reconnaissance d’un patrimoine commun de l’humanité. Les États doivent encore ratifier individuellement le traité pour qu’il entre en vigueur. - France 24
· L’Himalaya pourrait perdre jusqu’à 80% de ses glaciers d’ici à 2100, a révélé le Centre international de développement intégré de la montagne (Icimod), une organisation intergouvernementale basée au Népal, dans une étude ce mardi. Surnommée «troisième pôle» en raison de ses importantes réserves de glace, la région montagneuse de l’Himalaya et de l’Hindou Kouch est particulièrement touchée par l’accélération du réchauffement climatique. Près de deux milliards d’humains dépendent de cette eau pour se nourrir ou produire de l’énergie. - Le Monde
· Ce mardi, le gouvernement annonce la nouvelle mouture de son plan de sobriété, afin de réduire la consommation d’énergie cet été. Limiter la climatisation, lever le pied en voiture, ou favoriser le télétravail… la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, propose une douzaine de mesures qui misent essentiellement sur la bonne volonté des individus et des entreprises. - Le Parisien



C’est chaud. L’Europe, qui se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde, a subi d'innombrables évènements climatiques extrêmes l’an dernier. Dans un vaste rapport sur l’état du climat en Europe en 2022, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le service européen de surveillance de l’atmosphère Copernicus dressent un sombre bilan de l’année passée. Températures extrêmes, sécheresses, feux de forêt : ces événements ont entraîné la mort de plus de 16 000 personnes, frappé 156 000 individus et généré près de deux milliards d’euros de pertes économiques.

Carburants «durables», hydrogène, électrique : les lointaines promesses de l’«avion vert»
Kérosène attitude. L’avion de demain est censé se passer presque totalement de kérosène. Mais aucune des alternatives envisagées ne permet vraiment de relever ce défi, surtout sans une réduction du trafic.
Aujourd’hui responsable de 2,5 à 3 % des émissions mondiales de CO2 (et presque 6% du réchauffement climatique), le secteur aérien devra réduire (et/oui compenser) ses rejets jusqu’à zéro pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050. C’est en tout cas ce dont ont convenu en octobre dernier les 193 États membres de l'Organisation de l'Aviation civile internationale (OACI).

À l’heure actuelle, la filière parie intensément sur les SAF (sustainable aviation fuel ou «carburants d’aviation durable») : des carburants alternatifs qui peuvent être mélangés avec le kérosène sans modification technologique des avions existants. Dans le règlement ReFuelEU Aviation tout juste adopté, l’Union européenne a d’ailleurs fixé comme objectif au secteur d’incorporer progressivement ces SAF, à hauteur de 2% des carburants en 2025 et 6% en 2030, pour atteindre 70% en 2050.
Les plus «prometteurs» de ces SAF sont, selon Julien Joly, expert aéronautique au sein du cabinet Wavestone, les agrocarburants de deuxième génération - c'est-à-dire issus de résidus organiques (huiles de cuisson, déchets agricoles et forestiers) ou d’algues. Ils doivent remplacer les biocarburants de première génération, bannis de l’aviation par l’Union européenne car ils entrent en compétition avec des cultures alimentaires et causent de la déforestation.
Mais «la deuxième génération est aujourd’hui embryonnaire», prévient Julien Joly. «Les volumes sont très faibles par rapport à la demande de l’aviation et d’autres secteurs comptent aussi dessus, comme le transport maritime ou le trafic routier.» D’après l'Association internationale du transport aérien (Iata), la production mondiale de SAF a atteint 240 000 tonnes en 2022, à comparer aux 300 millions de tonnes de kérosène consommés annuellement avant la pandémie.
L'intégralité de ce décryptage, où nous passons en revue l'avion électrique ou à hydrogène et l'efficacité énergétique des appareils, est à lire sur sur vert.eco

Glyphosate : retour sur un scandale planétaire
Glypho qu’on cause. Poids des lobbies, impact de la méthodologie scientifique sur les décisions politiques… la journaliste Paloma Moritz revient sur le vaste scandale du glyphosate - herbicide controversé - dans un entretien avec Stéphane Foucart, journaliste du Monde spécialiste des pesticides.

+ Loup Espargilière, Alban Leduc, Johanne Mâlin et Anne-Claire Poirier ont contribué à ce numéro.