La quotidienne

Ère d’autoroutes

Chères toutes et chers tous,

Quelles sont les questions sur l'écologie qui vous taraudent en ce moment ? Dites-nous tout en répondant simplement à ce mail ! Demain, nous soumettrons au vote deux des questions posées par nos lectrices et lecteurs, et nous répondrons la semaine prochaine à celle que vous aurez retenue.


À rebours de l’air du temps, la bagnole et ses routes restent soutenues par le gouvernement. 


Planification écologique : que retenir du plan présenté par Emmanuel Macron ?

Le vert à moitié vide. Le chef de l’État a enfin présenté sa planification écologique pour accélérer la baisse des émissions nationales de gaz à effet de serre. Son plan est à ce stade bien trop succinct pour espérer une réelle transition.

La France a fort à faire pour arriver à diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 (par rapport à 1990). De l’aveu même du chef de l’État, «il faut aller 2,5 fois plus vite, pour atteindre 5% de baisse par an», a-t-il rappelé ce mardi.

Sur l’énergie, le président a confirmé le report de la fermeture des deux dernières centrales à charbon à 2027 (contre 2022 initialement). Un objectif présenté comme «fondamental», quand bien même elles ne représentent que 0,6 % de la consommation nationale d’électricité.

Emmanuel Macron, lors de la présentation du plan ce lundi © Compte X d'Emmanuel Macron

Sur les transports - les «bagnoles» en particulier, le président veut concrétiser en novembre sa proposition de location de véhicule électrique longue durée à 100€ par mois pour les ménages modestes. La ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé dans la foulée qu’elle renforcerait «dès 2024» le bonus à l’achat d’un véhicule électrique. De quoi promettre qu’un million de voitures électriques seraient produits en France en 2027.

Le président a d’autre part annoncé la sélection de 13 projets de construction de «RER métropolitains», qui seront aidés par l’État à hauteur de 700 millions d’euros au total (contre 800 millions d’euros annoncés en juin). Dévoilés fin 2022, ces projets visent à augmenter le nombre de trains régionaux en circulation pour mieux les combiner avec les autres offres de transports.

Sur le logement, Emmanuel Macron veut «inciter sans interdiction». Contrairement à ce qu’envisageait le gouvernement pendant un temps, les chaudières à gaz ne seront pas bannies. En revanche, le président a confirmé que les aides Maprimerenov’ dédiées à la rénovation thermique et à l’achat de pompes à chaleur augmenteront de 1,6 milliard d’euros dès 2024 pour atteindre 5 milliards d’euros par an.

Sur l’industrie, les 50 sites les plus grands émetteurs - qui représentent à eux seuls 11 % des émissions françaises - signeront «fin octobre ou début novembre» des plans de réduction de leurs émissions à horizon 2050.

· Lundi soir, entre 200 et 400 personnes se sont réunies devant le ministère de la transition écologique, à Paris, pour dénoncer le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Élu·es écologistes et de la gauche, associations et citoyen·nes ont apporté leur soutien au militant Thomas Brail, en grève de la faim depuis 25 jours et délogé par les forces de l’ordre, dimanche matin, de l’arbre depuis lequel il protestait contre l’A69 depuis dix jours (notre article). - Sud-Ouest (AFP)

· La transition écologique pourrait être financée par une taxation «exceptionnelle» et «temporaire» des patrimoines des contribuables les plus riches au niveau européen, avance un rapport parlementaire porté par les députés Jean-Paul Mattei (MoDem) et Nicolas Sansu (PCF). «Un prélèvement de 5% étalé sur 30 années, assis sur l’actif financier net des 10% les mieux dotés, procurerait 150 milliards d’euros», écrivent les élus. - France info (AFP)

· Les technologies de captage du carbone «sont coûteuses et n’ont pas encore fait leurs preuves à grande échelle», met en garde l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport publié ce mardi. L’institution appelle tous les pays du monde à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour ne pas dépendre sur le déploiement massif et incertain de ces dispositifs. - France info (AFP)

© Syndicat des énergies renouvelables

Discours toujours. Le syndicat des énergies renouvelables - principal lobby du secteur en France -, organise ce mardi son grand raout annuel à la maison de l’Unesco à Paris. Un intrus pétro-gazier s’est glissé parmi le panel de prestige : il s’agit de Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, venu délivrer sa «parole d’expert» lors d’une séquence intitulée «transition énergétique et modèle de développement». Certes, «TotalÉnergies développe un portefeuille d'activités dans les renouvelables et l'électricité», vante le programme du colloque, mais l’entreprise est aussi impliquée dans 24 «bombes climatiques» (des projets de gaz et de pétrole qui libèreront plus d’un milliard de tonnes de CO2-équivalent) et prévoit d’augmenter sa production d’énergie fossile d’ici à 2030 (20 minutes). À noter que TotalÉnergies n’est pas qu’un invité controversé, c’est aussi l’un des principaux sponsors de la conférence, en plus d’être déjà bien installé aux manettes du syndicat. Le media Disclose avait déjà pointé ce «noyautage organisé» en 2021. En vain, visiblement.

Un projet alternatif à l’A69 entre Toulouse et Castres présenté à l’Assemblée nationale

Porté par le collectif La voie est libre et soutenu par de nombreux scientifiques, un projet alternatif à l’autoroute A69, qui comprend une véloroute et la modification d’une voie ferrée, a été présenté lundi à l’Assemblée nationale. Décryptage.

«Désenclaver Castres» : tel est l’objectif affiché par les promoteurs de l’autoroute A69, qui doit relier cette sous-préfecture du Tarn à Toulouse (notre article). Et qui se heurte à une vive opposition de la part d’élu·es, de scientifiques et de militant·es, dont Thomas Brail. C’est aussi le point de départ d’un projet alternatif baptisé «Une autre voie» (pdf), conçu comme un «plan de revitalisation du territoire».

En repartant des 366 hectares de terres déjà expropriées, ce plan prévoit de bâtir la première véloroute nationale - longue de 87 kilomètres -, de réhabiliter la route nationale 126 et de réaménager la liaison ferroviaire entre Toulouse et Mazamet en créant cinq arrêts supplémentaires. 

Capture d’écran du projet «Une autre voie» qui représente la véloroute nationale, la RN126 réaménagée et la voie ferrée Toulouse-Mazamet.

, explique à son auteur, le paysagiste et urbaniste tarnais Karim Lahiani, qui l’a piloté au sein du collectif La voie est libre. Sa démarche, qui se veut , s’attache à proposer .

«Nous sommes dans une accélération dont on n’arrive pas à sortir, estime Frédéric Héran, enseignant-chercheur en économie et urbanisme à l’université de Lille. Quand on va plus vite, on ne gagne pas forcément du temps, car on s’invente de nouveaux besoins». Le chercheur suggère aussi de réfléchir à la place qui pourrait être donnée aux véhicules intermédiaires - ces hybrides entre vélos et voitures.

Le collectif La voie est libre poursuit la discussion avec tous·tes les acteur·ices au niveau local comme national et prévoit un grand rassemblement près de Toulouse les 21 et 22 octobre. Invité de France inter ce mardi, le ministre des transports Clément Beaune a confié que «plusieurs projets» d'autoroute «pas encore lancés», «seront arrêtés» mais pas l’A69, dont il dit vouloir «réduire l'impact environnemental».

Une équipe de rubgy zombifiée pour dénoncer les énergies fossiles

Wallabies ou à la mort. Lourdement défaite ce dimanche par le Pays de Galles (40-6), l’équipe australienne de rugby est désormais poursuivie par une bande de zombies. Une sélection bis, dont la mission n’est pas de remporter la Coupe du monde de rugby, mais d’alerter sur le sponsor de la sélection nationale, le pétrolier Santos. Ces Dead Wallabies ont été imaginés par le groupe de défense du climat Comms declare, qui mise sur la créativité pour défendre les causes environnementales.

© Fossil ad ban

+ Loup Espargilière, Jennifer Gallé, Anne-Claire Poirier et Justine Prados ont contribué à ce numéro.