La quotidienne

D’une bière deux coups

Chères toutes et chers tous,

Quelles sont les questions sur l'écologie qui vous taraudent en ce moment ? Dites-nous tout en répondant simplement à ce mail ! Demain, nous soumettrons au vote deux des questions posées par nos lectrices et lecteurs, et nous répondrons la semaine prochaine à celle que vous aurez retenue. C'est le Vert du faux !


En relocalisant les filières de houblon bio, des passionnés réhydratent la planète et facilitent les apéros écolos. 


Stocamine : le gouvernement choisit d’enterrer les déchets toxiques pour toujours

Confinés. En ordonnant hier le «démarrage immédiat» de travaux pour garder enfouis 42 000 tonnes de déchets toxiques sur le site de Stocamine à Wittelsheim (Haut-Rhin), le gouvernement choisit de passer outre l'opposition historique des élus régionaux et les craintes des habitant·es.

En lançant le «confinement définitif» de Stocamine, le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, tente de clore ce vieux dossier toxique. Stocamine, c’est le nom d’une filiale des Mines de potasse d'Alsace, autorisée à la fin des années 1990 à utiliser une ancienne mine située à Wittelsheim, à une quinzaine de kilomètres de Mulhouse (Haut-Rhin), pour stocker des produits hautement toxiques. On parle d'arsenic, de chrome, de mercure, de cadmium, ou d'amiante. À sa création, le stockage, conçu pour accueillir plus de 300 000 tonnes de déchets en 30 ans, est présenté comme «réversible» et «temporaire».

Installés à 500 mètres sous terre, les déchets roupillent dans d'anciennes galeries de la mine. En 2002, un incendie contraint à sortir une partie du stock et met un terme à l'ajout de nouveaux produits toxiques. L'entreprise Stocamine cesse son activité.

Que faire des 42 000 tonnes de déchets toujours enfouies ? Depuis l'incendie, des voix de plus en plus nombreuses plaident pour déstocker tous les déchets du site. La présence de la nappe phréatique rhénane - plus grande réserve en eau potable d’Europe - au-dessus du site, constitue un argument de poids.

Déchets stockés dans une galerie de Stocamine à 500 mètres sous terre. © Pascal Bastien - Rue89 Strasbourg / Flickr

Si, en 2012, un déstockage partiel pour les déchets contenant du mercure est décidé, le gouvernement qui gère désormais le site, se positionne pour le confinement des déchets restants. Réunis au sein du collectif Destocamine, élus régionaux, associations environnementales et anciens mineurs dénoncent une catastrophe écologique à venir.

Ce vieux dossier ne manquera pas de rebondir au tribunal : le 15 septembre, l’association Alsace Nature a déposé une plainte devant le tribunal judiciaire de Strasbourg pour «faux», «escroquerie» et défaut de maintenance.

· Mardi, les climatologues du World weather attribution (WMA) ont estimé dans une étude que les inondations meurtrières qui ont touché la Libye au passage de la tempête Daniel avaient été rendues «50 fois plus probables et jusqu’à 50 % plus intenses» par le réchauffement climatique. Des précipitations de cette intensité sont désormais «dix fois plus probables en Grèce, en Bulgarie et en Turquie», selon ces spécialistes des études d’attribution, qui tentent de déterminer la part du changement climatique dans les phénomènes extrêmes. - Libération (AFP)

· Mardi encore, le bureau météorologique australien a annoncé qu’El Niño, «l’enfant terrible du Pacifique», était entré en action. Ce phénomène climatique naturel se caractérise par un réchauffement de l’eau et de l’air (nos explications). Il est susceptible d’entraîner des sécheresses et des feux de forêts en Australie, et des ouragans dans le Pacifique. Après l’Australie, El Niño devrait affecter le reste de la planète, aggravant temporairement le réchauffement climatique d’origine anthropique. - Libération (AFP)

· Mardi toujours, la première ministre Elisabeth Borne a confirmé que l’État augmentera de plus de 10 milliards d’euros les sommes engagées dans la transition écologique dans le projet de budget 2024 (dont 7 milliards dépensés dès 2024). La biodiversité, le bâtiment et l’énergie sont les principaux bénéficiaires de ces rallonges financières. En 2023, l’État revendiquait 34 milliards d’euros de «budget vert». - Sud-Ouest (AFP)

· Ce mercredi, le roi Charles et la reine Camilla arrivent en France pour trois jours de visite. Au menu : cérémonie officielle, dîner d’État, visite de vignoble, mais aussi une table ronde sur la biodiversité - clin d’œil au penchant de longue date du monarque britannique pour les sujets environnementaux. Le roi Charles est-il pour autant un roi écolo ? Pour le savoir, relisez notre décryptage.

Portés par l'essor des bières artisanales, ils redonnent vie au houblon dans la Drôme

Long comme un jour sans pinte. Alors que les bières locales décollent en France, leur houblon vient encore souvent de l’étranger. Dans la Drôme, des passionnés se sont lancés le défi de relancer des filières locales de houblon biologique. Reportage.

En ce petit matin de septembre, les hautes lianes feuillues, chargées de cônes verts, s'étirent le long de câbles tendus jusqu'à six mètres de hauteur. Rien ne prédestinait ce terrain d'un demi-hectare dans un pays ensoleillé et venteux à accueillir une plante qui pousse naturellement au bord des rivières… si ce n'est la volonté de Vincent Marconnet, accompagné de son frère en 2016 et de son fils aujourd'hui. À une dizaine de kilomètres au sud de Valence (Drôme), nous voici dans une houblonnière, là où est produit le houblon, ingrédient indispensable à la fabrication de la bière.

«Il y a un siècle et demi, en France, il y avait probablement du houblon partout où il y avait des brasseries», raconte celui qui est également président de l'Association des producteurs de houblon en Auvergne-Rhône-Alpes (Aphara). Si 80 à 90% du houblon français est produit en Alsace et dans le Nord, de nombreuses petites houblonnières voient le jour ailleurs depuis une dizaine d'années, portées par la nécessité de produire cette plante grimpante au plus près des micro-brasseries. «Il y a des groupements de producteurs dans toutes les régions», se réjouit Vincent.

Vincent Marconnet (t-shirt clair), Quentin et Bastien récoltent le houblon Nugget, le 15 septembre 2023 dans la Drôme © Aurélie Delmas / Vert

Des variétés savoureuses et résistantes

Chinook, Cascade, Centennial… sur son terrain, plusieurs variétés de houblon ont déjà été récoltées en cette fin d'été, il faut maintenant récupérer le Nugget, le plus tardif. Après une année 2022 catastrophique, la récolte ne s'annonce pas trop mauvaise cette fois-ci. 

«On a essayé de choisir des variétés mixtes, qui apportent de l'amertume et qui soient aromatiques, tout en veillant à consommer le moins d'eau possible», explique Vincent. À ses côtés s’activent son fils Quentin et Bastien, houblonnier en Ardèche venu donner un coup de main. En un rien de temps, les pieds sont coupés sur toute une rangée à une soixantaine de centimètres de hauteur, puis les lianes sont tirées d'un coup sec et tombent au sol de tout leur poids. Chargés dans la camionnette, les végétaux sont déjà en route vers la trieuse.

La suite de ce reportage est à lire sur vert.eco

À la découverte du brame du cerf

Et là, c’est le brame. Avec le retour de l’automne, qui signe le début de la période de rut chez les cervidés, il est possible d’écouter le brame du cerf dans les forêts en ce moment. L’occasion de (re)découvrir ce podcast diffusé en 2020 sur France Culture et qui explore les particularités du cri de cet animal si particulier.

© France Culture

+ Loup Espargilière, Jennifer Gallé, Anne-Claire Poirier et Sanaga ont contribué à ce numéro.