La quotidienne

Du sans-plomb dans l’aile

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Il devient urgent de mieux organiser la mobilité, alors que les plus précaires trinquent à cause de l'essence et de son envolée.


De plus en plus de Français sont menacés par la « précarité mobilité »

Caisse qu'on fait ? En pleine envolée des prix à la pompe, La Fondation pour la nature et l'homme (FNH) et Wimoov lèvent le voile sur la précarité en matière de mobilité, qui touche déjà un Français sur cinq. Si rien ne change, préviennent-ils, le piège se refermera sur ceux qui n’ont ni alternative à la voiture ni les moyens de passer à l’électrique.

Le règne de la voiture particulière, autrefois synonyme de liberté, est devenu un cauchemar pour de nombreuses personnes. Le récent baromètre des mobilités du quotidien réalisé par la FNH et Wimoov (entreprise spécialisée dans la mobilité des publics fragiles) révèle que 13,3 millions de Français·es sont déjà dans une situation d'insécurité, voire de renoncement à la mobilité, soit 27,6 % de la population totale des 18 ans et plus. Ce phénomène massif recouvre des réalités diverses, mais qui se cumulent souvent. FNH et Wimoov estiment ainsi que neuf millions de personnes connaissent au moins l’un de ces phénomènes : la « précarité carburant » (une part excessive du carburant dans leur budget modeste) ; la « vulnérabilité mobilité » (longues distances domicile-travail, véhicules vieillissant) et/ou une totale dépendance à la voiture.

© FNH et Wimoov

À cela s'ajoutent 4,3 millions de Français·es (soit 8,5 % de la population de plus de 18 ans) qui n’ont aucun équipement individuel ou abonnement à un service de transport collectif. Parmi ces personnes en voie d'exclusion : les foyers gagnant moins de 1 500 euros nets mensuels sont particulièrement représentés (16 % d’entre eux), ainsi que les demandeur·ses d’emploi (18 % d’entre elles et eux) et les non-diplômé·es (20 %).

FNH et Wimoov ajoutent que 5,3 millions de Français·es (10,5 % de la population de plus de 18 ans) se disent dépendant·es à la voiture individuelle. Si cette catégorie n’est pas classiquement considérée comme « précaire », la hausse vertigineuse des prix à la pompe pourrait la faire basculer. Les deux organismes interpellent notamment sur la situation des ouvrier·es, dont les emplois sont souvent situés en périphérie des zones urbaines et qui se déclarent dépendant·es de la voiture individuelle à 56 %.

Dans ce contexte, FNH et Wimoov pointent du doigt l’échec des politiques publiques de transports pour régler cette problématique sociale, mais aussi réduire les émissions du secteur, qui reste le premier émetteur de CO2 en France (31 % des émissions nationales sont liées au transport, 16 % pour les seules voitures particulières). Les deux organismes mettent en cause, par exemple, le manque d’infrastructures cyclables hors des grandes agglomérations, la politique ferroviaire privilégiant les lignes à grandes vitesses (LGV), qui profitent avant tout aux plus aisé·es, ou encore des voitures électriques encore inaccessibles aux classes moyennes et précaires. À quelques jours de l'élection présidentielle, les auteur·rices appellent le ou la prochain·e locataire de l’Élysée à lancer rapidement un grand plan d'accompagnement vers la mobilité durable pour le plus grand nombre.

· Mardi, le Canada a annoncé un plan d’investissements de 9,1 milliards de dollars canadiens (6,5 millions d'euros) pour le climat. Objectif : réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre du pays d’ici à 2030 par rapport à 2005. Plus de 2,9 milliards de dollars seront injectés dans la transition des transports, avec l'objectif de 100 % de ventes de véhicules électriques en 2035. Quatrième exportateur mondial de pétrole, le Canada veut réduire de 31 % les émissions du secteur afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. - Le Monde (AFP)

· Le gouvernement français envisage de redémarrer la centrale à charbon de Saint-Avold, en Moselle, dès l'hiver prochain. Celle-ci était censée fermer définitivement ce jeudi, conformément à l'engagement de la France de sortir du charbon en 2022. Mais l'indispensable réduction de notre dépendance au gaz russe, conjuguée à la très faible disponibilité du parc nucléaire tricolore pourrait changer la donne. En Europe, l'Allemagne, la Bulgarie ou l'Italie examinent aussi la possibilité de faire davantage appel au charbon, source de production d’électricité la plus émettrice de CO2, pour garantir la sécurité d'approvisionnement en énergie. - 20 Minutes (AFP)

· Pour la première fois, des microplastiques ont été détectés dans le sang humain. Les analyses ont été menées sur 22 donneur·ses volontaires en bonne santé. Publiés dans la revue Environnement International, les résultats soulèvent toutefois de nombreuses questions. On ne sait pas encore si l'organisme est capable d’éliminer ces microplastiques, s’ils s'accumulent avec le temps et s’ils peuvent atteindre des organes-clés comme le cerveau. - Le Monde

4 600 000 000 000

Argent fossile. Les 60 plus grandes banques du monde ont financé le développement des énergies fossiles à hauteur 4 600 milliards de dollars (4 127 Mds€) depuis l’adoption de l'Accord de Paris en décembre 2015, révèle la récente édition de « Banking on Climate Chaos », un rapport international sur la finance fossile. En pleine pandémie, le financement des énergies fossiles a stagné en 2021, mais il reste à un niveau supérieur à celui de 2016 et atteint tout de même 742 milliards de dollars !

Les auteur·rices du rapport s'alarment de la forte augmentation (+ 51%) des financements au secteur dévastateur des sables bitumineux, qui se montent à 23,3 milliards de dollars en 2021. Le financement des centrales à charbon est resté stable pour la troisième année consécutive – à 44 milliards de dollars – « ce qui est inquiétant compte tenu de la nécessité d'une sortie rapide du secteur d'ici la fin de la décennie », rappelle le rapport. Enfin, le financement du pétrole et du gaz offshore se porte bien avec 52,9 milliards investis. La banque française BNP Paribas se distingue d'ailleurs comme premier financeur mondial du pétrole et du gaz offshore sur les six ans écoulés depuis l'Accord de Paris. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050 (soit l’équilibre entre le CO2 émis et celui que l’on est capable de stocker), le monde devrait renoncer maintenant à tout nouveau projet fossile, selon l'Agence internationale de l'énergie (Vert).

Dans le Vaucluse, des terres polluées par un compost infesté de déchets plastiques

Avis de déchet. Une ferme solidaire s’est vu livrer des centaines de kilos de déchets plastiques à la place du compost commandé. Loin d’être marginal, le phénomène illustre les défaillances d’une méthode de tri inefficace.

Dans la commune de Lauris (Vaucluse), l’association Au maquis cultive des terrains agricoles dans le cadre d’une expérimentation qui vise à instaurer une « sécurité sociale alimentaire » (dont Vert vous parlait ici). Fin février, afin de préparer la plantation des fruits et légumes de printemps, elle commande 300 tonnes de compost auprès de l’entreprise Arnaud, située dans la commune voisine de Puyvert. Quelques jours plus tard, les membres de l’association ont la surprise de recevoir une terre mêlée à… des milliers de déchets plastiques.

« Le jour de la livraison, il pleuvait, on ne voyait pas très bien. Mais le lendemain matin, les déchets ont commencé à remonter », raconte Maud, animatrice et maraîchère de l’association. Masques, sachets plastiques, gants, tuyaux en caoutchouc, bouchons, gravats… Des milliers de déchets, principalement plastiques, jonchent les deux hectares des parcelles cultivées par Au maquis. « Quand le mistral s’est mis à souffler le surlendemain, je ne vous raconte pas les centaines de sachets plastiques qui volaient partout, c’était l’enfer », soupire Maud.

Maud ramasse des déchets sur une de ses parcelles. © Marius Rivière / Vert

L’association fait alors venir un huissier pour constater les dégâts et lance un appel aux bonnes volontés sur les réseaux sociaux. 150 volontaires sacrifient une partie de leur week-end pour venir ramasser les déchets épandus. Au fond du champ, une dizaine de sacs de gravats pleins attestent l’ampleur du chantier. Malgré leur travail, impossible de faire un pas sans trouver des déchets sous ses pieds. « On en a au moins pour cinq ans avant de se débarrasser de tout ça. Avec le vent, les voisins reçoivent leur part. Et il y a la Durance juste derrière », se désole Maud, désignant la rivière au loin*.* « C'est pas du compost, c’est du poison », se désespère André Rousset, maire de Lauris, venu constater l’ampleur de la pollution.

Lisez la suite de notre enquête sur vert.eco.

Les propriétaires de véhicule électrique votent-ils tous écolo ?

Courant alternatif. À quelques semaines de la présidentielle, Public Sénat et Science Po Paris interrogent les pratiques électorales des Français·es dans le podcast « Je vote, tu votes, nous votons ». Une des spécificités du vote écologiste est qu’il semble appeler une cohérence entre son avis politique et sa vie privée, « Voter écolo et rouler en 4x4, c'est pas une simple incohérence, c'est une faute », explique la journaliste Tâm Tran Huy. À l'inverse, voter écologiste est-il la garantie d'avoir la politique la plus efficace pour l'environnement ? Réponse avec le chercheur Daniel Boy, spécialiste de l'écologie politique au centre de recherche de Science Po. Les autres épisodes du podcast sont à retrouver ici.

© Public Sénat, Sciences Po Paris et Cevipof

+ Loup Espargilière, Barbara Pagel et Marius Rivière ont contribué à ce numéro