La quotidienne

Des dollars et des livres

Chères toutes et chers tous,

Vert s'apprête à hiberner pendant les deux prochaines semaines. Mais nous ne vous laissons pas en plan pour autant !

Entre Noël et nouvel an, vous recevrez une édition spéciale qui rassemblera les meilleures nouvelles de 2021 sur l'écologie. De quoi se remettre un peu de baume au cœur avant de se tourner vers 2022.


Pour Noël, pendant que certains distribuent des sacs de billets verts, nous vous proposons les meilleures lectures écolo à glisser sous le sapin.


Le Crédit agricole, une banque pas si verte

Ni verte ni mûre. Le Crédit agricole jouit d’une bonne réputation malgré son soutien massif à l’industrie fossile ; un paradoxe qu’ont tenté de mettre en lumière des militant·es du collectif citoyen Le Mouvement, rassemblé·es devant le siège de la banque ce jeudi matin.

Alors que le jour se lève, une scène inhabituelle se déroule sur le parvis du siège du Crédit agricole, à Montrouge (Hauts-de-Seine). Devant le bâtiment où s’affiche en grosses lettres « Agir chaque jour dans votre intérêt et celui de la société », un homme arrive affublé d’un costume et d’un masque à l’effigie de Philippe Brassac, le directeur général du Crédit agricole. Il porte aussi un bonnet de Père Noël et une hotte sur son épaule. S’ensuit une scénette où il remet des liasses d’argent comme cadeaux de Noël à des activistes déguisé·es en entreprises polluantes comme TotalEnergies, Shell ou Repsol. 

Le happening réalisé ce jeudi matin devant le siège de la banque. © Basile Mesre-Barjon / Le mouvement

Plus habitué des mobilisations en ligne, Le Mouvement a choisi de donner dans l’action théâtralisée pour sensibiliser les passant·es et les employé·es. « Le Crédit agricole se moque de nous donc nous aussi on vient se moquer de lui », martèle à Vert Audrey Landon, directrice générale du Mouvement. 

Ce que l’organisation reproche au Crédit agricole, c’est le contraste entre son image de « banque verte » et son soutien continu au développement de projets fossiles. Selon le baromètre Posternak-Ifop réalisé en novembre 2021, le Crédit agricole bénéficie d’une bonne image auprès de 68% des personnes interrogées. C’est un peu plus que le Crédit mutuel (65%), pourtant bien plus engagé dans la sortie du charbon et du pétrole.

Or, le Crédit agricole est la troisième banque française (derrière BNP Paribas et la Société générale) qui finance le plus volontiers les entreprises polluantes, avec quelque 64 milliards de dollars accordés à l’industrie fossile entre 2016 et 2020, selon le rapport Banking on Climate Chaos 2021. C’est aussi le plus gros soutien bancaire à TotalEnergies, dénonce l’ONG Reclaim Finance, qui étudie l’impact des acteurs financiers sur le climat.

La directrice générale de Reclaim Finance, Lucie Pinson, avait d’ailleurs fustigé l’hypocrisie du Crédit agricole à l’occasion du Climate Finance Day, Vert s’était rendu en octobre dernier. La banque française avait profité de l’évènement pour promettre de ne plus financer les entreprises qui tirent « une part significative » de leurs revenus des hydrocarbures non-conventionnels, se gardant bien de préciser ce que cela signifie. « Il y a de gros trous dans la raquette », avait soufflé Lucie Pinson. Une manière de s’engager mais sans jamais trop se mouiller.

· Invité ce mercredi soir sur TF1 pour expliquer « Où va la France ? » (le titre de l’émission) au cours de deux heures d’entretien, Emmanuel Macron a totalement mis de côté les sujets liés à l’écologie. « Exit le ‘Make our planet great again’, Emmanuel Macron ne s’encombre même plus de fausses promesses, comme si la crise climatique n’existait pas ou que le problème était réglé, s’est inquiété Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace. C’est un signal particulièrement inquiétant pour le débat présidentiel qui approche »

· Mercredi, le Haut-Conseil pour le climat a estimé que l’objectif français de baisse des émissions de CO2 n’était plus suffisant. Actuellement fixé (par la Stratégie nationale bas-carbone) à -40% d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990, celui-ci est bien en-deça du nouvel objectif européen de -55%. Et il ne permet pas d'espérer contenir le réchauffement à moins de 1,5°C, objectif de l’accord de Paris réitéré à la COP26. Mis sur pied par Emmanuel Macron en 2018, le HCC demande à l’exécutif de « rehausser les objectifs 2030 de la France et clairement spécifier les enjeux pour tous les secteurs émetteurs, y compris l’aviation et les transports maritimes internationaux », a indiqué sa présidente, Corinne Le Quéré.

21ème 

C’est (un peu moins) chaud. Selon un bulletin provisoire publié mercredi par Météo-France, l’année 2021 devrait être la 21ème plus chaude mesurée en France depuis 1900. Après une année 2020 qui s’est hissée sur la première marche de cet ardent podium, ce chiffre pourrait laisser penser qu’il s’est agi d’une année froide. Or, la température moyenne de 2021 s’est tout de même située à 0,2°C au-dessus de la moyenne de la période 1981-2010. Par ailleurs, « il y a eu 2,5 fois plus de records mensuels de chaud battus que de records de froid. En climat « normal », il devrait y avoir un ratio égal » indique Météo-France, qui publiera son bilan définitif l’année prochaine. Malgré les pluies-record du début d’année et celles qui ont trempé le sud de la France en septembre, la pluviométrie s’est trouvée dans la norme. A l’échelle mondiale, 2021 devrait se classer entre la 5è et la 10ème année la plus chaude de l’histoire des relevés.

Cliquez sur l'image pour l'afficher en grand © Météo-France

Les meilleurs livres écolos à mettre sous le sapin

Romans, essais, bédés, manuels et autres beaux albums ; 2021 nous a offert son lot de bons livres en tout genre sur l’écologie, comme en témoignent les quelques trente chroniques publiées cette année sur vert.eco. Voici un florilège d’ouvrages tout juste parus à (vous) offrir.

Le grand procès des animaux

Le président en a marre de payer sans cesse pour protéger des animaux qui ne servent à rien. Dans un procès d’un genre inédit, ces derniers vont plaider leur cause tour à tour, pour tenter d’être sélectionnés parmi ceux que le public daignera bien sauver. Qui de la martre, du martinet noir ou de l’arénicole – un ver de vase peu ragoûtant mais essentiel aux humains, comme à tous les autres – sera retenu·e par le public ?

Journaliste écolo depuis plus de deux décennies au Canard enchaîné, Jean-Luc Porquet a vu passer quelques drôles d’oiseaux. Dans ce délicieux conte savant, qui vibre des illustrations de son camarade Jacek Woźniak, il dessine une galerie de personnages aussi improbables que le vivant.

Le droit du sol

Quel fil relie la grotte de Pech merle dans le Lot, peinturlurée par des Sapiens voilà plus de 20 000 ans, et le site Cigéo de Bure, en Meuse, où nos déchets nucléaires doivent être enterrés pour les mille prochains siècles ? Dans sa bande-dessinée Le droit du sol, Etienne Davodeau chausse ses crampons pour défier les kilomètres et les millénaires, et nous embarquer dans sa folle équipée à travers le pays et l’esprit humain. Un beau et profond carnet de voyage en même temps qu’un vrai travail journalistique et une tribune argumentée contre le nucléaire. 

Cliquez sur l'image pour l'afficher en grand.

ReSisters

Année 2030. Alors que notre monde atteint son paroxysme patriarcapitaliste, sept personnages engoncés dans leur quotidien voient apparaître de mystérieux dessins d'abeilles. Ceux-ci les mèneront jusqu'au « refuge », lieu mi-réel, mi-imaginaire qui expérimente les principes de l'écoféminisme. Avec ReSisters, la philosophe Jeanne Burgart-Goutal et l'illustratrice Aurore Chapon signent un merveilleux roman graphique qui foisonne de solutions, de débats, de rituels et de couleurs pour dépeindre la diversité du mouvement.

Retrouvez les cinq livres suivants de notre sélection sur vert.eco

You can’t eat your money 

Tarte à l’oseille. L’argent c’est bien, c’est pratique pour tout un tas de choses, mais ça ne se mange pas. Une évidence bonne à rappeler, mise en images par le réalisateur iranien Kiarash Ardeshirpour dans son ultra-court-métrage You can’t eat your money, prix du scénario au dernier Mobile film festival.

© Mobile film festival

+ Juliette Quef et Justine Prados ont contribué à ce numéro