La quotidienne

Des bâtons dans les routes

Chères toutes et chers tous,

🗓️ Les 13 et 14 mai, le journal Libération pose ses valises à Lyon pour son «Climat Libé Tour». Vert est partenaire de l’événement et organise un atelier «Giec tout compris» samedi 13 mai à 16h à l’Hôtel de ville de Lyon avec le climatologue Gerhard Krinner et l’activiste Alex Montvernay d’Alternatiba Rhône. Venez nous voir ! Le programme de ce riche weekend et la billetterie sont à retrouver juste ici.


Des naturalistes veulent sortir de l’impasse des projets routiers en donnant sa juste place à la biodiversité. 


À Rouen comme ailleurs, les naturalistes des terres veulent faire entrer la biodiversité en politique

Grande heure nature. Ce week-end, près de 1 500 personnes se sont rassemblées à Léry (Eure) pour retarder de potentiels travaux dans la forêt, menacée par un projet d’autoroute. Menée par un collectif de naturalistes, cette action inédite vise à faire du vivant un véritable sujet politique.

«On va lui faire mal là, c’est pas possible!». Alors qu’une dizaine de militant·es s’activent à planter des clous dans le tronc des arbres de la forêt de Bord, en périphérie de Rouen, Odile s’inquiète. Comme près de 1 500 personnes ce samedi, elle est venue manifester contre le projet d’autoroute qui risque d’artificialiser près de 500 hectares de zones naturelles, dont ce bois (notre article). Mais elle ne s’attendait pas à devoir blinder les écorces avec du métal pour empêcher le passage des tronçonneuse.

Un militant·e du cortège de l’oiseau pic mar plante des clous dans le tronc pour rendre plus difficile le travail des bûcherons, si l’arbre venait à être coupé lors du chantier d’autoroute prévu en 2027. © Vert / Alban Leduc

«Les clous n’empêchent pas l’arbre de vivre et ça va permettre de le sauver», rassure Merle, l’un des représentant·es des Naturalistes des Terres. Né il y a quelques mois, ce collectif vise à regrouper des expert·es du vivant pour prêter main forte aux luttes écologistes locales. «On souhaite à la fois sensibiliser et passer à l’action directe», précise Merle, un masque d’oiseau sur le visage pour garder l’anonymat.

Après avoir réhabilité une tourbière face au projet d’une «mégabassine» agricole à Sainte Soline (Deux-Sèvres), l’association pilotait sa première action naturaliste de masse ce samedi. Sur le terrain d’un centre équestre improvisé en festival pour l’occasion, les participant·es sont appelé·es à choisir une espèce emblématique de la forêt pour la protéger et une action à mener. Sabotage ou préservation ? Insectes ou oiseaux ? On se maquille et on se déguise pour ne faire qu’un avec le vivant.

En rouge, les représentant·es du pic mar, cet oiseau rare qui affectionne les vieux arbres, sont les premiers à s’élancer. En piégeant les arbres de clous et en faussant le marquage des troncs réalisé par l’Office national des forêts (ONF) pour tous les signaler comme «à protéger», elles et ils espèrent ralentir le futur chantier prévu pour 2027. 

La suite de notre reportage sur place est à lire sur vert.eco

· Ce week-end, de nouveaux records absolus de température ont été enregistrés en Asie du Sud-Est avec près de 44,2°C observés dans le nord de la Thaïlande, 44,1°C au Vietnam ou encore 43,5 °C au Laos. À cause de l’humidité, les températures ressenties sont généralement encore plus élevées. À Bangkok par exemple, le thermomètre affichait ce week-end 40°C, mais le ressenti pour la population dépassait les 50°C. - Le Parisien


· Dimanche, un collectif de 188 scientifiques et expert·es, parmi lesquels Valérie Masson-Delmotte, Philippe Descola ou Jean Jouzel, ont appelé les actionnaires de TotalEnergies à voter contre la stratégie climat de la firme lors de la prochaine Assemblée générale, le 26 mai. Dans une tribune publiée dans Le Monde, elles et ils déplorent la «bombe climatique» que représente le projet d’oléoduc Eacop porté par la compagnie pétrolière en Ouganda et en Tanzanie.


· Jeudi, parmi les 150 nouveaux mots qui intègreront le dictionnaire du Petit Robert, on trouvera «greenwashing», «mégabassine», «dette climatique», «microplastique» ou encore «zone à faible émission». «Nous avons besoin de vocabulaire pour exprimer les craintes» sur l’environnement, justifie Géraldine Moinard, directrice éditoriale du Robert. - France info

100 fois plus

100 aucun doute. La vague de chaleur record d’avril en Espagne, au Portugal, au Maroc et en Algérie a été rendue au moins 100 fois plus probable par le changement climatique, estiment les scientifiques du consortium World weather attribution (WWA), spécialiste des liens entre événements extrêmes et climat. «Le fait que les chaleurs extrêmes augmentent plus rapidement que les prévisions climatiques est un problème connu en été en Europe occidentale», mais rare à cette période de l’année, précise l’analyse. Grâce à des outils de plus en plus précis, la «science de l’attribution» parvient à lier des événements météorologiques extrêmes au changement climatique dans un laps de temps de plus en plus court, afin de permettre aux États d’adapter rapidement leurs politiques publiques.

Du papier toilette à 300 dollars ? Une fausse boutique en ligne alerte sur l’envolée des prix en cas de crise mondiale de l’eau

Eau secours. Créé à l’initiative du gouvernement néerlandais, un magasin fictif dévoile des produits du quotidiens devenus inabordables à cause des conséquences du dérèglement climatique sur les ressources en eau.

Cinq grains de riz pour 89,95$ (82€), un flacon de 15 millilitres d’eau potable (une cuillère à soupe) pour 198$ (soit 180€), 28 feuilles de papier toilette pour 299$ (ou 272€), ou encore un minuscule steak de bœuf (35g) pour la modique somme de 2 899$ - ou 2 640€… Non, ceci n’est pas le dernier épisode de Black Mirror : il s’agit d’un faux site de e-commerce, appelé «The Drop store» («le magasin de la goutte»), lancé par le ministère néerlandais des affaires étrangères.

Cette initiative, développée à l’occasion de la dernière Conférence des Nations unies sur l’eau en mars (notre article), vise à montrer l’impact d’une crise mondiale de l’eau sur le coût des produits du quotidien. Les prix sont sourcés et déterminés à partir du nombre de litres nécessaires à la production des différents articles.

Certains des produits proposés sur la boutique fictive en ligne. © The Drop store

Dans cette boutique dystopique, le seul produit abordable est l’eau non traitée du robinet. Pour 1,99$ (1,80 euro), vous avez droit à près de 60 centilitres d’un liquide brunâtre, «éventuellement contaminé par des débris, des produits chimiques nocifs, des engrais et des excréments», prévient la fiche produit.

«La crise de l’eau affecte tout et tout le monde. [...] Les produits que l’on utilise, les vêtements que l’on porte, la nourriture que l’on mange», alerte le site. Ce dernier se veut pédagogique et détaille les conséquences de trois grands enjeux liés aux ressources en eau : les sécheresses (trop peu d’eau), les inondations (trop d’eau) et les pollutions (eau trop sale). 

Passé le choc initial de ces produits hors de prix, la boutique fictive multiplie les appels à l’engagement. Partager pour sensibiliser le public, soutenir les partenaires du projet, ou même, rejoindre des organisations de préservation des ressources hydriques : les possibilités sont multiples pour tenter de placer la crise de l’eau au cœur des préoccupations. Et vous, vous mettriez quoi dans votre panier ?

Des incendies sans précédent ravagent l’ouest du Canada

Feues forêts. Près de 30 000 personnes ont été déplacées par des incendies de forêts au cours des derniers jours dans l’ouest canadien. Depuis vendredi, environ 375 000 hectares ont déjà brûlé. Ce lundi, une centaine de feux étaient toujours actifs, dont 28 sont considérés «hors de contrôle». La situation est jugée «sans précédent» par les autorités de la province de l’Alberta, qui ont déclaré l’état d’urgence ce week-end.

© Kyle Brittain Weather

+ Loup Espargilière et Alban Leduc ont contribué à ce numéro.