Tout part à vau-l’eau. Réunis au siège de l’ONU du 22 au 24 mars, une douzaine de chefs d’État et de gouvernement et une centaine de ministres veulent lancer un message d’alerte face à l’aggravation des pénuries d’eau dans le monde et à la contamination des ressources disponibles.
Climat, biodiversité, protection de la haute mer… Les sommets mondiaux se sont enchainés ces derniers mois pour tenter d’enrayer les crises écologiques. Cette semaine, quelque 6 500 participant·es se réunissent au siège des Nations unies à New York pour se pencher sur l’épuisement des ressources planétaires en eau douce. Preuve de l’urgence de la situation, c’est la première rencontre intergouvernementale sur le sujet en près d’un demi-siècle. Aucun traité politique international n’est cependant prévu à l’issue de cette conférence, dont l’objectif est plutôt de s’accorder sur le constat et de lancer l’alerte.
Quelques heures avant le début de la conférence, l’ONU publiait, mardi 21 mars, un rapport alarmant sur le sujet dont l’avant-propos, signé par le patron des Nations unies Antonio Guterres, laisse peu de place au doute : «Une surconsommation et un surdéveloppement vampiriques, une exploitation non durable des ressources en eau, la pollution et le réchauffement climatique incontrôlé sont en train d’épuiser, goutte après goutte, cette source de vie de l’humanité».
En 40 ans, l’usage mondial d’eau douce a augmenté de 1 % par an alors que les pénuries «tendent à se généraliser» à l’échelle du globe en raison du réchauffement climatique, pointe le rapport. Environ 10 % de la population mondiale vit déjà dans un pays où le stress hydrique (lorsque les ressources en eau sont inférieures à la demande) atteint un niveau «élevé», voire «critique».
D’après la synthèse du 6e rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publiée ce lundi, près de la moitié de la population mondiale subit déjà «de graves pénuries d’eau» pendant au moins une partie de l’année.
Des régions jusque-là épargnées, comme l’Asie de l’Est ou l’Amérique du Sud, pourraient bientôt être touchées. En ville, près de 2,4 milliards de personnes (soit la moitié de la population urbaine) risquent de manquer d’eau en 2050, contre 930 millions actuellement. Une crise mondiale de l’eau est «imminente», selon l’ONU.
Outre les pénuries, se pose le problème de la salubrité de l’eau. En raison du manque de systèmes d’assainissement, au moins deux milliards de personnes boivent de l’eau contaminée par des excréments, les exposant au choléra, la dysenterie, la typhoïde et à la polio. L’eau douce disponible est par ailleurs largement polluée par les produits pharmaceutiques, chimiques, pesticides, microplastiques ou nanomatériaux. Pour assurer l’accès de tous à l’eau potable d’ici à 2030, il faudrait multiplier les niveaux d’investissement actuels au moins par trois, estime l’ONU.
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