La quotidienne

Déprime rénov’

La rénovation des logements est essentielle pour la planète mais le gouvernement s’en tient à des mesurettes.


Rénovation énergétique : le gouvernement s’en tient aux petits gestes

Déprime rénov'. La Première ministre a écarté, hier, les nombreuses propositions faites par le Conseil national de la refondation (CNR), acceptant seulement de renforcer MaPrimeRénov. Un dispositif critiqué pour ne pas inciter aux rénovations globales.

Tout ça pour ça. Fin mai, après sept mois de travail, les 200 personnes impliquées dans le Conseil national de la refondation (CNR) sur le logement ont rendu leurs propositions au gouvernement. Ce lundi, la première ministre Elisabeth Borne a annoncé ne retenir qu’une infime partie de leur quinzaine de propositions, sans consentir à de grands changements. Parmi les principaux angles morts, la rénovation énergétique ne bénéficiera que de mesures cosmétiques, sans nouveau budget.

Si Elisabeth Borne espère tripler le rythme actuel pour atteindre les 200 000 rénovations globales annuelles en 2024, la France est encore à mille lieues d’atteindre son objectif de 5 millions de logements rénovés d’ici 2050 (Vert).

Discours de la Première ministre, Elisabeth Borne, pour l’ouverture du Conseil National de la Refondation (CNR) climat et biodiversité le 21 octobre dernier. D’abord compris dans ce dispositif, les thématiques du logement ont depuis bénéficié de leur propre CNR. © Xose Bouzas / Hans Lucas via AFP

Pour tenter d’y arriver, le gouvernement prévoit d’élargir le dispositif MaPrimeRénov - qui subventionne les travaux d’isolation -, avec près de 1 000 guichets «France Rénov» supplémentaires et une augmentation des «accompagnateurs Rénov’», de 2 000 à 5 000. La proposition du CNR de créer une banque de la rénovation énergétique pour faire contribuer les banques commerciales à l’effort massif de rénovation n’a pas été retenue.

«Ce sont principalement des mesures prises dans l’urgence pour massifier les aides, mais on n’incite pas à la rénovation globale», estime auprès de Vert, Carine Sebi, économiste à Grenoble Ecole de Management (GEM).

Alors qu’il est déjà difficile de se retrouver dans le labyrinthe des aides à la rénovation, les ajustements à la marge du gouvernement risquent de décourager encore plus de ménages à s’engager dans de nouveaux travaux coûteux.

· Lundi, le Conseil de Paris a adopté son nouveau plan local d’urbanisme (PLU), chargé d’adapter la ville au dérèglement climatique dans les années à venir. Le document prévoit notamment de renforcer la politique de la ville en termes de logements sociaux, de proposer 300 hectares d’espaces verts supplémentaires aux Parisien·nes d’ici à 2040, de protéger 100 000 arbres d’alignements ou encore de limiter la hauteur des immeubles à 37 mètres. - Le Parisien

· Lundi matin, une quinzaine d’activistes ont été arrêté·es dans huit communes françaises, dans le cadre d’une instruction judiciaire concernant des dégradations commises en décembre dernier dans une usine du groupe Lafarge, dans les Bouches-du-Rhône. Quelque 200 militant·es avaient envahi et saboté la cimenterie afin de dénoncer les émissions de CO2 de la multinationale. Les Soulèvements de la Terre, qui avaient soutenu l’action à l’époque, s’alarment de la criminalisation des activistes et appellent à l’amplification de ces opérations de «désarmement» visant de gros pollueurs. - Reporterre

· Les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 2,7% en France en 2022, d’après de nouveaux chiffres quasi-définitifs du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), l’organisme chargé de les évaluer. Un résultat que l’on doit notamment à un hiver très doux, aux mesures de sobriété et à l’envolée des prix de l’énergie. Ce chiffre est toutefois bien trop faible au regard des nouveaux objectifs européens : les émissions nationales doivent baisser de 4,1% par an entre 2022 et 2030. - Le Monde (AFP)

Gabriel Malek : «la décroissance est en train de gagner le débat des idées»

Croissance dessus-dessous. Le 25 mai, l’association Alter Kapitae a tenu son Agora de la décroissance à Sciences Po Paris. Dans cet entretien à Vert, le cofondateur de l’association, Gabriel Malek, revient sur les conclusions de ce riche après-midi, où ont été défendues des propositions sur l’énergie, les imaginaires et la comptabilité écologique, y compris devant les parlementaires Delphine Batho (EELV), Alma Dufour (LFI) et Frédéric Descrozailles (Renaissance). Pour lui, la décroissance «prospère», vue comme une réduction planifiée des activités économiques et une meilleure répartition des richesses, s’est faite une place dans le débat d’idées, mais elle peine encore à s’installer dans les institutions.

Climate Whistleblowers : l’ONG qui veut défendre les «chiens de garde du climat»

Crie Max. L’ONG Climate Whistleblowers («lanceurs d’alerte sur le climat» en français) a été lancée ce lundi à l’occasion de la journée internationale de l’environnement.

Objectif : protéger les lanceur·ses d’alerte sur les questions climatiques, soit celles et ceux qui divulguent «des informations sur des abus qui aggravent la crise climatique afin de protéger l’environnement et la santé publique», selon la définition de l’ONG. Des ingénieur·es révélant une déforestation massive, au personnel d’une banque qui dénonce un projet de financement fossile, l’association encourage chaque personne à devenir des «chiens de garde du climat».

Fondée par des militant·es, journalistes, avocat·es et professionnel·les du climat, l’ONG procurera une assistance aux médias, une défense juridique et un soutien psychologique. Elle vise à créer des réseaux de soutien pour les lanceur·ses d’alerte, en s’appuyant notamment sur ses partenaires, comme Les Amis de la Terre France et Notre affaire à tous.

«Les lanceurs d'alerte peuvent jouer un rôle crucial dans le mouvement pour le climat», considère l’ONG. Elle offrira une caisse de résonance aux informations divulguées via des associations capables de porter leurs combats, mais aussi en faisant appel à des autorités juridiques et publiques «pour tenir responsable ceux pointés par l’information révélée», assure Gabriel Bourdon-Fattal, cofondateur de l’ONG. Pour ce dernier, la question climatique demande une protection spécifique et adaptée.

Sur le climat, les acteurs visés, gouvernements, multinationales, ou réseaux illégaux, sont généralement en position de pouvoir. C’est donc «particulièrement dangereux pour un lanceur d’alerte». Au vu de l’urgence climatique, «il y aura de plus en plus de personnes à alerter», insiste Gabriel Bourdon-Fattal. Basée en France grâce aux lois favorables en matière de protection des lanceur·ses d’alerte, l’ONG espère pouvoir agir à l’international. Seulement pour l’année 2021, l’ONG Global Witness avait dénombré 200 militant·es écologistes assassiné·es, soit une personne tous les deux jours (Vert).

«Abysses» : la nouvelle série-événement de France 2, entre fable écologique et thriller politique

On se fait l’abysse ? Des baleines meurtrières, des invasions de crabes ou des tsunamis… quand l’océan et le vivant qui le peuple se rebellent face à l’humanité, il n’y a plus que les scientifiques pour nous sauver. Dans cette nouvelle série de France 2 au suspense haletant, on suit les découvertes, expéditions et alertes d’une équipe d’expert·es face à l’émergence d’une nouvelle entité aquatique et vivante qui cherche à repousser les humains loin des côtes. La première saison est disponible en accès libre.

© France télévisions

+ Loup Espargilière, Alban Leduc, Johanne Mâlin et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.