Chères toutes et tous,
Les nouvelles désastreuses au sujet de la crise climatique et du déclin de la biodiversité inquiètent - à juste titre, et peuvent faire naître éco-anxiété et prostration. Tout le contraire de ce dont nos sociétés ont besoin pour répondre aux nombreux défis qui s'annoncent. Heureusement, il est un remède bien connu à la peur, c'est l'action !
💪 Aussi, pour vous donner des idées et des moyens d'agir, nous inaugurons une nouvelle rubrique : « Apporter demain ». Toutes les semaines, nous vous proposerons une action à mener pour vous redonner prise sur le cours des événements.
Ils détruisent le vivant en violant les droits humains, mais les pétroliers ont de bons tuyaux pour s'en laver les mains.

Brûler les réserves mondiales d’énergies fossiles émettrait sept fois trop de CO2 pour contenir le réchauffement à 1,5°C
Les marteaux des fossiles. L’extraction et l’utilisation de toutes les réserves connues d’énergies fossiles relâcherait 3 500 milliards de tonnes de CO2, soit davantage que tout ce que l’humanité a émis depuis la révolution industrielle, révèle une nouvelle synthèse.
En 2016, lors de la conclusion de l’Accord de Paris, les nations du monde se sont entendues pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C au-dessus de la moyenne de l’ère préindustrielle (milieu du 19ème siècle). Pour rester sous cette marque et se prémunir de certains des effets les plus graves de la crise, l’humanité ne peut plus émettre plus que 500 gigatonnes (milliards de tonnes) de CO2 : c’est le « budget carbone » restant.
Or, malgré leurs engagements répétés en faveur du climat, les pays producteurs d’énergies fossiles développent toujours des projets à un rythme et une échelle incompatibles avec cet objectif. Si le charbon, le gaz ou le pétrole issus de l’ensemble des réserves déjà identifiées venaient à être extraits, puis utilisés, quelque 3 500 milliards de tonnes de CO2 seraient émises, soit sept fois le budget carbone pour un monde à +1,5°C. C’est ce que révèle un vaste registre des projets fossiles publié, ce lundi, par le think tank Carbon project et le Global energy monitor (GEM).

Les États-Unis - mais aussi la Russie - possèdent dans leurs réserves de quoi pulvériser ce budget à eux seuls. Bien qu’il s’agisse - de loin - de l’énergie la plus nocive pour le climat, de nombreux projets liés au charbon sont en passe d’être développés. Au rythme actuel, alors que l’humanité émet près de 40 gigatonnes de CO2 par an, le budget carbone pour +1,5 °C devrait être dépassé vers la fin de la décennie.

· Après avoir fait un mort et causé de torrentielles inondations ce week-end en Guadeloupe, la tempête Fiona s’est muée en ouragan avant de frapper Porto Rico dimanche, privant d’électricité les 3,2 millions d’habitant·es de l’île. Emmanuel Macron a annoncé que l’état de catastrophe naturelle serait reconnu et le fonds de secours pour l’outre-mer mobilisé tandis que le président américain Joe Biden a déclaré l’état d’urgence. L’ouragan se dirige désormais vers la République dominicaine. D’après les scientifiques, les tempêtes tropicales sont vouées à s’intensifier avec le réchauffement de la surface des océans. - TV5 Monde
· Dimanche, le Paris-Saint-Germain a tweeté une vidéo montrant ses joueurs embarquer dans un avion pour se rendre à Lyon (deux heures de train). Taclé par le ministre des Transports, Clément Beaune, qui a commenté « Errare humanum est, perseverare… » (l’erreur est humaine, persévérer est…) en clin d’œil à la polémique sur les avions empruntés par les joueurs, le club a rétropédalé en effaçant son message de ses réseaux sociaux. Prenant au mot le trait d’esprit de l’entraîneur Christophe Galtier, le même jour, un comédien, le Capitaine Rémi, ralliait Nantes depuis Paris en char à voiles avec un maillot « Possible sans Gasoil ». - 20 Minutes
· Dimanche toujours, alors que les rues de la capitale étaient vides de toutes voitures à l’occasion de la journée « Paris Respire », les niveaux de dioxyde d’azote - un polluant nocif pour le système respiratoire et cardiovasculaire - étaient en baisse de -20%, d’après l’agence Airparif. Même bilan pour la commune voisine de Pantin, qui organisait aussi une journée sans voiture. - BFMTV
· Le moratoire de cinq ans sur la chasse au grand tétras est entré dans la loi ce week-end. Trois mois et demi après la décision du Conseil d’État, l’arrêté précisant les modalités d’application a été publié au Journal officiel le 17 septembre. Saisie par sept associations, la plus haute juridiction administrative avait jugé la chasse au plus grand oiseau sauvage d’Europe incompatible « avec le maintien de l’espèce ». - Le Monde (AFP)


Neutralité cabrón. Pour tenter de justifier son projet de mégapipeline à travers l’Ouganda et la Tanzanie, qui traversera plus de 2 000 kilomètres carrés d’habitats fauniques protégés, TotalEnergies a promis que celui-ci aura un « impact positif net sur la biodiversité ». Autrement dit, les animaux et végétaux riverains de cet oléoduc peuvent bien mourir, puisqu’à d’autres endroits, le pétrolier « apportera notamment son soutien aux ressources du parc des Murchison Falls pour contribuer à l'augmentation des populations d'animaux sauvages ». En transposant le concept de neutralité carbone à la biodiversité, TotalEnergie fait donc des espèces vivantes sauvages de vulgaires lignes de crédit ou de débit. Parmi ses nombreux impacts impossibles à « compenser », le projet Tilenga/Eacop, auquel s’est opposé le Parlement européen, prévoit d’exproprier 100 000 personnes (notre article).

Comment interdire son terrain aux chasseurs pour y préserver la biodiversité ?
Qui part à l’Aspas perd sa chasse. La saison de chasse vient de commencer et vous ne voulez plus voir des chasseur·ses s’inviter dans votre jardin ? Il est possible d’interdire son terrain à la pratique de la chasse pour limiter le risque d’accident ou préserver la biodiversité - à condition de bien connaître les procédures.
La semaine dernière, le Sénat a rendu les conclusions de sa mission de contrôle sur la chasse. Dans son rapport, la chambre haute du Parlement a réfuté l’idée d’instaurer un jour sans chasse, et proposé la création d’un délit d’entrave pour punir les actes d’« obstruction ».
La loi précise pourtant qu’il est possible de s’y opposer « au nom de convictions personnelles ». Les raisons peuvent être multiples : limiter le risque d’accident de chasse auprès des habitant·es, protéger ses animaux, préserver la biodiversité locale… En théorie, « nul n’a la faculté de chasser sur la propriété d’autrui sans le consentement du propriétaire ou de ses ayants droit », explique l’article L.422-1 Code de l’environnement. Mais en pratique, ce consentement est tacite - c’est-à-dire qu’il est présumé valide, sauf indication contraire.

Les démarches à entreprendre pour faire respecter son non-consentement varient selon le type d’association de chasse installée dans la commune concernée. S’il s’agit d’une association de chasse communale agréée (ACCA), il faut demander le retrait de ses terres du domaine de cette dernière en adressant un courrier au président de la Fédération des chasseurs du département.
Si les terres en question dépendent d’une société de chasse, il est possible de demander la mise en refuge du terrain. Cette démarche se fait auprès de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) ou de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas). Ces associations disposent également d’aides juridiques pour accompagner les propriétaires dans leurs démarches.
Plus d’informations à lire sur vert.eco

Greenwashing des entreprises : comment dire stop ?
Est-il raisonnable de promettre une paire de Stan Smith « recyclée à 50% », alors que ce pourcentage ne concerne que la tige des chaussures ? Bien que le greenwashing - ou écoblanchiment - soit reconnu comme une pratique commerciale trompeuse depuis la loi Climat et résilience votée en 2021 en France, il est en augmentation ces dernières années, explique Mathieu Jahnich, consultant en communication responsable, dans cette vidéo d’Al Jazeera. Pour le dénoncer, les citoyen·nes peuvent porter plainte auprès du Jury de déontologie publicitaire (JDP) ou même devant les tribunaux.

+ Loup Espargilière, Juliette Quef et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro.