La quotidienne

Contre vents et maraîchers

Chères toutes et chers tous,

🔥 À laquelle de ces deux questions voulez-vous que nous répondions la semaine prochaine ?


L’installation de néo-agriculteurs n’est pas de tout repos mais il est essentiel que de nouvelles têtes reprennent le flambeau.


S’installer comme «néo-paysan», un parcours du combattant vital au renouvellement des générations

Contre vents et maraîchers. Un guide du collectif Pour un réveil écologique entend faciliter l’installation de paysan·nes qui ne viennent pas du monde agricole - une démarche semée d’embuches mais essentielle pour pérenniser un secteur vieillissant.

Entre la paperasse, la recherche de terres et la charge de travail souvent sous-estimée, l’installation des «néo-agriculteurs» est loin d’être un long fleuve tranquille. «Le plus difficile, je pense que c’est le foncier, mais aussi trouver sa clientèle et un modèle économique efficace pour bien valoriser sa production», confie Emma Benda, devenue maraîchère après des études de journalisme.

Aujourd’hui, comme Emma, plus de la moitié des porteur·ses de projets ne sont pas issu·es du monde agricole, estime Lucie Jean-Marius, autrice d’un guide sur l’installation des nouveaux paysans pour le collectif étudiant Pour un réveil écologique. Une démarche bienvenue dans une filière où la transmission familiale domine encore et où l’arrivée de nouvelles têtes n’est pas toujours bien vue.

Le métier a pourtant grand besoin de ces nouveaux bras : 100 000 fermes ont disparu entre 2010 et 2020, tandis que l’âge moyen des exploitant·es atteint 51,4 ans aujourd’hui (notre article). 

Le collectif dont fait partie Emma Benda s’est installé en maraîchage dans le Calvados il y a un an. © DR

Le guide pratique de Pour un réveil écologique, qui se veut non exhaustif, donne des clés et des ressources, assorties de conseils et de témoignages. 

Il détaille les principaux acteurs de l’accompagnement à l’installation (les collectivités, les chambres d’agriculture, des réseaux associatifs), les formations, l’éventail des aides ainsi que des conseils pour accumuler de l’expérience et ne pas se lancer à l’aveugle. L’objectif est simple : limiter le nombre de personnes qui finissent par renoncer à leur projet. 

«L’étonnement principal dans ce métier, c’est la complexité et le nombre de compétences qu’il demande au quotidien», explique à Vert Lucie Jean-Marius. De la production à la commercialisation en passant par la gestion de son entreprise, l’agriculture est un métier aux mille facettes qu'il faut avoir à l'esprit avant de commencer. «L’essentiel pour se lancer, résume Emma Benda, c’est d’être bien formé et surtout de ne pas sous-estimer les difficultés».

Justine Prados

· Mardi, le Parlement européen a adopté le règlement sur la restauration de la nature, malgré l’opposition de la droite (notre article). Le texte impose aux États membres de remettre en état 20% des terres et des espaces marins d’ici 2030 et la totalité des écosystèmes d’ici 2050. Ils devront aussi restaurer 30% des écosystèmes en mauvais état d’ici six ans. - Le Monde

· Mardi encore, le gouvernement a interdit aux industriels de nommer des produits végétaux par des noms de produits carnés (steak, lardons ou encore escalope). Selon les acteurs de la filière animale - éleveurs et industriels -, ces appellations seraient source de confusion pour les consommateur·ices. Le gouvernement avait déjà publié un décret similaire en juin 2022, qui avait été suspendu en référé par le Conseil d’État. - Libération (AFP)

· En 2023, près de 500 rhinocéros ont été tués en Afrique du Sud, un chiffre en hausse de 11% par rapport à 2022, selon les autorités. Victimes de braconnage, les rhinocéros sont convoités pour leurs cornes, utilisées dans les médecines traditionnelles asiatiques pour traiter les cancers, la fièvre et les maladies cardio-vasculaires ou encore pour ses vertus aphrodisiaques. - Franceinfo (AFP)

«La répression que subissent actuellement en Europe les militants écologistes qui ont recours à des actions pacifiques de désobéissance civile constitue une menace majeure pour la démocratie et les droits humains»

- Michel Forst, rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseur·ses de l’environnement

Dans un rapport publié ce mercredi, Michel Forst s’alarme de la «réponse disproportionnée» d’un nombre croissant de pays européens (France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne…) face aux mobilisations d’activistes écologistes. L’urgence environnementale «ne peut être traitée si ceux qui tirent la sonnette d’alarme et exigent des mesures sont criminalisés», abonde le document. Le rapporteur spécial de l’ONU réclame aux gouvernements de «cesser immédiatement d’utiliser des mesures conçues pour lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée» à l’encontre de militant·es écologistes et de plutôt «s’attaquer aux causes profondes des mobilisations».

Vladimir Poutine répondra-t-il un jour de crimes contre l’environnement devant un tribunal international ?

Aux larmes citoyens. Deux ans après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les dommages humains et environnementaux sont gigantesques. Le président russe pourrait-il être poursuivi pour atteintes aux écosystèmes causées par la guerre ? Éléments de réponse avec Marie-Ange Schellekens, spécialiste en droit de l’environnement.
 

En novembre 2023, l’écocide – qui désigne tout acte causant des dommages graves et étendus, durables ou irréversibles à l’environnement – a été reconnu comme infraction aggravée dans le droit européen. Cette avancée peut-elle avoir des effets dans le conflit russo-ukrainien, démarré il y a deux ans ?

Une telle avancée ne peut faire de différence dans ce conflit pour plusieurs raisons. Déjà, parce que le crime d’écocide n’est pas encore reconnu en droit international, et qu’une telle reconnaissance viserait principalement les situations d’atteinte à l’environnement en temps de paix. En situation de conflit armé, la protection de l’environnement est règlementée par le droit de la guerre. Ensuite, parce que cela concerne l’Union européenne, dont ni la Russie ni l’Ukraine ne sont membres. Enfin, parce cette reconnaissance n’est pas rétroactive : elle ne peut porter sur des faits passés.

Le 11 juin 2023, quelques jours après la destruction du barrage de Kakhovka en Ukraine, des manifestant·es défilent à Cracrovie en Pologne. © Beata Zawrzel / AFP

Pourrait-on envisager des sanctions dans des juridictions mondiales, à l’image de la Cour pénale internationale (la CPI) qui poursuit des individus ?

Au niveau de la CPI, si l’on s’en réfère à l’article 8b du Statut de Rome, texte fondateur de cette juridiction, il permet en effet de poursuivre des individus ayant dirigé intentionnellement une attaque en sachant qu'elle causerait à l'environnement naturel des «dommages étendus, durables et graves et qui seraient manifestement excessifs par rapport à l'avantage militaire attendu».

👉 Cliquez ici pour lire la suite de cet entretien mené par Jennifer Gallé.

Une partie de chasse sous-marine et colorée

C’est malin. Le malin rayé, l’un des poissons les plus rapides au monde, fait briller ses rayures lorsqu’il chasse. De cette manière, il communique avec ses congénères et éblouit ses proies. C’est ce que nous apprend une étude publiée lundi dans la revue Current Biology. Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont analysé des images prises par drones, comme nous l’explique la vidéo du HuffPost.

© Le Huff Post

+ Jennifer Gallé, Juliette Mullineaux et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.