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Sobriété, égalité, fraternité ? Mardi 28 février, venez causer sobriété et justice sociale avec l'économiste Maxime Combes lors d'un grand entretien organisé par Makesense et Vert à la Maison du zéro déchet (Paris 12) de 18h30 à 20h. Les infos et réservations sont à retrouver ici.


Sur le climat, les banques classiques sont basses de plafond, heureusement les petites nouvelles peuvent devenir la solution. 


BNP Paribas attaquée en justice pour sa responsabilité dans la crise climatique, une première pour une banque

Au recours ! Les trois associations qui avaient mis en demeure la banque en octobre ont décidé de poursuivre la procédure au tribunal pour lui faire cesser ses investissements dans les énergies fossiles.

«La banque d’un monde qui change». Hélas pour le monde, la BNP Paribas a accordé plus de 140 milliards de dollars (133Mds€) à des entreprises engagées dans l’industrie entre 2016 et 2021, selon l’édition 2022 du rapport Banking on climate chaos piloté par une dizaine d’ONG.

Pour rendre ses investissements compatibles avec l’objectif de limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C, trois associations avait mis en demeure le groupe, en octobre dernier, de cesser d’investir dans les énergies fossiles (notre article). Face à une réponse qu’elles ont jugé insuffisante, les Amis de la Terre France, Notre affaire à tous et Oxfam France ont décidé d’assigner la BNP Paribas au tribunal, ce jeudi.

«À l’horizon 2030, BNP Paribas aura accompli à plus de 80% la transition de ses activités de financement à la production d’énergie vers le bas carbone», annonçait le groupe bancaire en janvier dernier, quelques jours avant la fin de l’instruction. Pour les associations, la banque ne se concentre que sur les prêts et laisse de côté les investissements sur les marchés financiers.

Des activistes des Amis de la Terre et d’Alternatiba dénoncent la politique climatique de la BNP Paribas après avoir éclaboussé les marches du Palais Brongniart de peinture noire à l’ouverture du Climate Finance Day, en octobre 2022. © Gabrielle Trottmann/ Vert

«Ces annonces sont une manière de tromper le public», explique à Vert Justine Ripoll, de Notre affaire à tous. «BNP joue sur le fait que la traduction de ses mesures reste compliquée pour les clients ou employés.» Pour déconstruire ce qu’elles considèrent comme du greenwashing, les associations se fondent sur le devoir de vigilance, inscrit dans la loi française en 2017, suite à l’effondrement des usines textiles du Rana Plaza au Bangladesh. Cette disposition engage les grandes entreprises à prévenir les atteintes graves aux droits humains, aux libertés fondamentales, à la santé, à la sécurité des personnes, et à l’environnement qui pourraient naître de leurs activités. La procédure pourrait durer plusieurs années.

· Mercredi, la France a battu son record avec 32 jours sans précipitations, d’après Météo-France. Face à cette sécheresse hivernale, des restrictions «soft» des usages de l’eau seront mises en place dès le mois de mars pour éviter de revivre le scénario catastrophe de l’été dernier, a prévenu Christophe Béchu sur France info.

· Mercredi encore, le ministre de la transition écologique a également affirmé concevoir une stratégie d’adaptation à un réchauffement de 4 °C, parce que «se préparer à ça, ce n'est pas le souhaiter, c'est au contraire sortir du déni». Une marque «peu claire», pour le climatologue Christophe Cassou qui s’interroge sur le calcul de ce seuil. - France info

· Le prélèvement d’1,6 million de mètres cubes d’eau pour irriguer les exploitations agricoles de Charente-Maritime via des «mégabassines» est illégal, a tranché la cour administrative d’appel de Bordeaux (Gironde), mardi - confirmant ainsi un jugement de 2020. Le tribunal juge les volumes envisagés trop excessifs et incompatibles avec le schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) de la zone. - 20 Minutes

Cette carte montre les usines de production de PFAS (en noir), certains sites où ils sont utilisés (en violet), ainsi que les sites où une contamination a été détectée (en rouge) et ceux où elle est présumée (en bleu). © Le Monde

Vers l’infini et la cata. C’est une pollution invisible mais tenace qui risque de nous accompagner pour des siècles. Les per- et polyfluoroalkylés (PFAS) sont utilisés depuis les années 1940 pour leurs propriétés uniques dans une foule d’usages et d’objets du quotidien, des poêles antiadhésives aux semiconducteurs. Ces «polluants éternels», dangereux pour la santé, sortent aujourd’hui de l’ombre grâce à la première carte qui met en lumière l’étendue de leur présence au niveau européen. Le journal Le Monde et ses 17 partenaires du «Forever Pollution Project» ont identifié plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux qui requièrent l’attention des pouvoirs publics (en rouge sur la carte), ainsi que près de 2 000 zones où la concentration y est jugée dangereuse pour la santé. Malgré l’ampleur de ces découvertes, les auteur·ices indiquent que ces chiffres sont encore largement sous-estimés.

Les néo-banques “vertes” sont-elles vraiment écolos ?

La banque verte est pas mûre ? De plus en plus de néobanques promettent à leurs client·es de ne plus financer la crise climatique et de soutenir activement la transition écologique. Des initiatives intéressantes, à condition qu’elles soient suffisamment poussées et transparentes pour ne pas tomber dans le greenwashing.


Comment fonctionnent les néobanques ?

Deux catégories de néobanques se distinguent. La première utilise les commissions facturées aux commerçant·es lors d’un paiement en carte bancaire (0,2% du montant) - pour financer des projets environnementaux. Fondatrice de Green Got, Maud Caillaux revendique «plusieurs centaines de milliers d’euros financés sous forme de dons» dans ce type de projets. En 2022, ces dons ont représenté 2 550 tonnes de CO2 équivalent (tCO2eq) évitées (pdf), soit l’équivalent des émissions de 255 Français·es en un an, et 4 210 tonnes de CO2eq stockées.

Cliquez pour accéder au tableau comparatif en plus grand.

Note: une première version de ce tableau comportait des erreurs. Elle a été remplacée par celle-ci le 28 février.

Quelles sont les principales limites des néobanques ?

«Les fonds déposés par les clients dans les néobanques alimentent d’autres établissements de crédit et augmentent leurs capacités de financement, donc il faut absolument regarder ce qui se passe derrière et quelles sont les politiques de ces banques», prévient Raphaël Cros, chargé de campagne pour l’ONG Reclaim finance, spécialisée dans la finance durable. Un gros bémol qui vaut pour les offres d’épargne.

La transparence et le fléchage des fonds pêchent également : «Quand on regarde le détail, les offres d’épargne proposées par ces néobanques sont celles d’autres institutions bancaires. On ne sait pas vraiment où va l’argent», soulève Clémence Lacharme, experte sur la finance climat au sein du cabinet Carbone 4.

Enfin, il semble difficile d’évaluer l’impact positif de certains projets financés. Aux côtés du financement de la rénovation du métro de Marseille par exemple, Helios soutient la Recherche et le développement des véhicules de luxe à hydrogène vert de la société Hopium.


Des solutions dans les banques traditionnelles et éthiques

«Ces néobanques montrent qu’il y a un marché et que c’est possible d’attirer une clientèle sur les questions climatiques», salue Clémence Lacharme. Cette «brèche marketing», selon ses mots, accentue la pression sur le système bancaire traditionnel. 

En 2021, la Banque postale est devenue la première banque au monde à tourner complètement le dos au pétrole et au gaz à horizon 2030. Il existe également d’autres banques éthiques comme la Nef, qui propose des solutions d’épargne qui financent des projets à impact social et environnemental positif, sans proposer de compte courant ou de moyens de paiement. Ou encore le Crédit coopératif, la banque historique des associations ou des entreprises de l’économie sociale et solidaire.

Un décryptage à retrouver ici en intégralité

A l'hiver 1988, la sécheresse, déjà

Du pareil eau même. Jusqu’à ce début d’année, l’hiver 1988-1989 détenait le record de la plus longue période hivernale sans pluie. Tirer un peu moins souvent la chasse d’eau et réduire l’arrosage, «en priant le ciel de se fâcher un peu» : les mesures d’aujourd’hui ressemblent fortement à celles d’hier, ainsi que le montre cette archive du journal télévisé de France 3 Alpes, déterrée par l’INA.

© Ina

+ Loup Espargilière, Alban Leduc et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.