Chères toutes et chers tous,
Alors que se profile la COP et que notre petit média s'étoffe peu à peu, nous avons le plaisir de vous annoncer que nous allons enfin faire appel à des journalistes pigistes ! Toutes les explications sont à retrouver dans le petit guide de la pige à Vert que nous venons de publier.
Faudrait qu'on invente des mots qu'existent pas dans le dico.

L'ABC de la COP
Compliquée, la COP ? Vert vous a préparé un petit abécédaire pour comprendre facilement tout ce qui se jouera pendant les deux semaines de la COP26, qui s'ouvre à Glasgow le 31 octobre.
A comme Accord de Paris
Qualifié d’« historique » par ses promoteurs, cet accord a été obtenu à l’issue de la 21ème conférence de l’ONU (COP21) sur le climat qui s’est tenue à Paris en 2015. Signé par 191 Etats (ainsi que l’Union européenne), il grave dans le marbre l’objectif de contenir le réchauffement « bien en-dessous » de 2°C d’ici la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle (milieu du 19è siècle). Et, si possible, à moins de 1,5°C. S’il est considéré comme juridiquement contraignant, l’accord ne prévoit pas de mécanisme de sanctions.
B comme Budget carbone
Pour espérer contenir l’élévation des températures, l’humanité ne peut plus émettre qu’une certaine quantité de gaz à effet de serre : c’est ce que l’on appelle les « budgets carbone ». Comme l’a rappelé le Giec dans la partie scientifique de son dernier rapport parue en août (Vert), pour s’assurer (à 83%) de rester sous la barre de 1,5°C de réchauffement d’ici 2100, les États ne peuvent plus relâcher que 300 gigatonnes (Gt – milliards de tonnes) de CO2, soit environ huit années au rythme actuel. Et 900Gt pour ne pas dépasser 2°C. Retrouvez ici l’épuisement de ces budgets, actualisés en temps réel.
C comme COP
En 1992, le sommet de la Terre de Rio de Janeiro a accouché de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), un texte fondateur auquel ont adhéré 197 parties. C’est la CCNUCC qui organise les conférences des parties (Conferences of the parties – COP) sur les changements climatiques, qui se sont tenues presque tous les ans depuis 1995.
C comme Contributions déterminées au niveau national
A Paris, les États ont promis de se fixer des objectifs chiffrés de baisse de leurs émissions. Leurs engagements sont appelés « Contributions déterminées au niveau national » (ou NDCs, leur acronyme en anglais). Celles-ci devaient être revues à la hausse tous les cinq ans, avec une première mise à jour en 2020. Or, à la fin juillet 2021, seuls 58% des signataires avaient déposé leur nouvelle NDC. Pis, même s’ils étaient atteints, les engagements climatiques des États mettraient le monde sur la voie d’un réchauffement de +2,7°C d’ici 2100, a alerté l’ONU le mois dernier.
D comme Droits humains
Début octobre, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a adopté une résolution qui reconnaît le « droit à un environnement propre, sain et durable », un « élément important de la jouissance des droits de l’homme ». Quelques jours plus tard, l’ONU a donné raison à la plainte déposée par 16 enfants contre cinq États (dont la France). Les requérant·e·s faisaient valoir que leurs droits à la vie, à la santé et à la culture étaient menacés par l’inaction de ces grands émetteurs de CO2 (notre article à ce sujet). La question des droits humains est centrale dans la réponse des États au bouleversement du climat.
Pour en savoir encore plus, retrouvez les définitions d'«équité», «fonds vert», «Giec», «Justice climatique», «marchés du carbone» et «zéro émission nette» dans la version complète de notre abécédaire sur vert.eco.



Pas COP. Voilà presque 30 ans que les dirigeant·e·s du monde se réunissent lors de conférences internationales. Hélas, les températures continuent d'atteindre des sommets. Notre infographie illustre la difficulté des États à s’accorder sur des mesures ambitieuses et réalisables.

Forêt vierge et poudre blanche
C’est vache. Dans le roman graphique Jungle beef, l’ethnobotaniste Olivier Behra relate l’ampleur de la déforestation due à l’élevage, arrosé par l’argent de la drogue, qui ravage l’une des plus grandes réserves naturelles de biodiversité au monde : le Rio Platano au Honduras.
En 2016, Olivier Behra réalise un reportage sur la mystérieuse « Cité blanche » d’une civilisation amérindienne disparue. Alors qu’il remonte le fleuve Platano, guidé par un passionné de plantes, Jorge, celui-ci lui révèle les destructions opérées par les narcotrafiquants dans la forêt tropicale. Entre deux incursions dans la jungle humide et la contemplation des quetzals, jacamars et autres perroquets multicolores, le narrateur avance dans la découverte d’une machinerie désolante qui menace la biosphère.

Croqué par Cyrille Meyer, ce récit s’applique aussi à lier trafic et consommation en déniaisant nos assiettes européennes : « Partout où la mafia est là, on rase, on scalpe, on balafre des forêts entières. Et puis ils rackettent, massacrant des paysans, des villages et des tribus ! […] Puis ils font des steaks hachés ou produisent du soja pour l’Europe, pour inonder les fast-foods de burgers de merde, de plats déshydratés, de hachés congelés pas chers, de raviolis, de bouillon cube, de nourriture pour animaux. » Un constat saignant.
Olivier Behra, Cyrille Meyer, Jungle beef, Quand les narcos attaquent la forêt vierge, Steinkis, Les escales, 144p., 20€

Le climat d’Istanbul à Paris d’ici 2050
C’est chaud. Dans une nouvelle vidéo, le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) raconte l’évolution du climat en Europe jusqu'en 2050. Ce travail de vulgarisation a été réalisé en partenariat avec un programme de l’Union européenne, l’European Climate Prediction system (EUCP), qui élabore des projections précises et localisées du changement climatique. On y apprend que les grandes villes européennes, où les températures sont déjà plus élevées que dans les campagnes, connaîtront de grands bouleversements climatiques. Dans 30 ans, le climat parisien ressemblera à celui d’Istanbul à l’heure actuelle. Outre-manche, les Londoniens goûteront à un climat similaire à la météo barcelonaise.

+ Juliette Quef, Pierre Lalu et Justine Prados ont contribué à ce numéro