La quotidienne

C’est d’la pompe, bébé

Chères toutes et chers tous,

Quelles sont les questions sur l'écologie qui vous taraudent en ce moment ? Dites-nous tout en répondant simplement à ce mail ! Demain, nous soumettrons au vote deux des questions posées par nos lectrices et lecteurs, et nous répondrons la semaine prochaine à celle que vous aurez retenue.


De Nice à la Seine-Saint-Denis, pour faire exploser les pompes à chaleur, il faudra refroidir leur valeur.


L’action climatique de l’Europe sur le point de passer entre de mauvaises mains ?

Examen de confiance. Les eurodéputé·es se prononcent aujourd’hui sur la nomination de Wopke Hoekstra comme nouveau commissaire chargé du Climat. Ancien salarié de Shell et de McKinsey, l’ex-ministre des affaires étrangères néerlandais a un CV plutôt douteux en la matière.

Wopke Hoekstra a été cuisiné pendant trois heures hier soir par les élu·es de la commission environnement du Parlement européen. Désigné par le gouvernement néerlandais pour remplacer son compatriote démissionnaire Frans Timmermans, l’homme doit obtenir deux tiers des voix des eurodéputé·es pour décrocher le poste. Un seul coup d’œil à son CV permet de mesurer l’ampleur de la tâche.

«Il n’est pas du tout le candidat naturel pour ce poste», explique Neil Makaroff, expert des politiques climatiques européennes et directeur de Strategic perspectives. Premièrement, «il vient de la droite européenne, le PPE, qui est justement en train de revenir en arrière sur ses engagements environnementaux», commente-t-il (notre article). 

Wopke Hoekstra, alors ministre néerlandais des affaires étrangères, en visite à Paris en janvier 2022. © Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas / Flickr

D’autre part, rien dans sa carrière professionnelle n’indique une quelconque appétence pour les sujets climat. Ce serait même plutôt l’inverse, comme l’ont pointé 50 organisations environnementales dans une lettre ouverte à son encontre. Il a «travaillé pendant plus de 15 ans, entre 2002 et 2017, avec des entreprises qui défendent les intérêts des combustibles fossiles», pointent-elles.

À l’issue d’une audition parfois musclée, l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint reconnaît avoir entendu de «belles promesses», en particulier celle de viser 90% de baisse des émissions d’ici à 2040 (par rapport à 1990), en cohérence avec les préconisations des scientifiques. «Là où le bât blesse, c'est quand on passe au concret : monsieur Hoekstra est un adepte du tout-marché, dit-elle à Vert. Les coordinateurs des groupes politiques doivent officialiser leur décision aujourd’hui à 14 heures. S’ils ne sont pas convaincus, ils soumettront des questions écrites et/ou convoqueront Wopke Hoekstra pour une nouvelle audition.

Les émissions de gaz à effet de serre de la France sont en recul de 4,3% sur les six premiers mois de 2023 par rapport au premier semestre 2022, selon les dernières évaluations du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa) publiées lundi. L’industrie (-10%), la production d’énergie (-8%) et les bâtiments (-7%) sont les plus gros contributeurs à cette baisse. En bas du classement, le trafic aérien avec une envolée de +25% des émissions pour les trajets intérieurs et +34% pour les vols internationaux. Pour atteindre ses objectifs, la France doit doubler cette baisse.
 

· Lundi encore, quatre associations de défense de l’environnement (Sea Shepherd France, Darwin Climax Coalitions, Wild Legal et Stop Total en Ouganda) ont annoncé avoir déposé le 22 septembre dernier une plainte au pénal contre TotalEnergies, notamment pour «homicide involontaire» et «abstention de combattre un sinistre». Cette initiative, qui vise le projet pétrolier EACOP en Tanzanie et Ouganda, est une première. Jusqu’à présent l’entreprise française avait seulement été visée par des plaintes au civil.
 

· Lundi toujours, le gouvernement canadien a rendu public son dernier bilan des feux de forêt : avec 18 millions d’hectares partis en flammes depuis le début de l’année 2023, c’est le pire de toute l’histoire du pays. Le Centre interagences canadien des feux de forêt rappelle que sur les 40 dernières années, ce chiffre s’élevait en moyenne à deux millions par an. 18 millions d’hectares, c’est une surface équivalente au tiers du territoire de la France métropolitaine. - Ouest France

Le Consortium des Debunkers de Greenwashing (CDG) a encore frappé ! Pour son édition estivale, le CDG, dont Vert fait partie, aligne la fédération française de golf et sa campagne de com’ au ras des pâquerettes sur la biodiversité, les inspirations locales - et si mignonnes - du constructeur automobile Hyundai, et enfin le king du biscoteau, l’influenceur Tibo In Shape et sa promotion de «l’avion propre» et même des taxis volants... pour «continuer à voyager sans polluer». Pour élire celui qui entrera au Panthéon du greenwashing, rendez-vous sur le compte LinkedIn de Vert.

© CDG

J’installe une pompe à chaleur dans mon logement

De quoi nous pomper l’air. Emmanuel Macron promet la production d'un million de pompes à chaleur par an d’ici à 2027 pour décarboner les logements. Comme tout système de chauffage, ce dernier a ses avantages et ses inconvénients. Quelques éléments à avoir en tête.


C’est quoi une pompe à chaleur ?

Pour chauffer les espaces, les pompes à chaleur (PAC) puisent des calories à l’extérieur du logement (dans l’air extérieur la plupart du temps, sinon dans le sol ou une source d’eau souterraine) et les réinjectent à l’intérieur sous forme de chaleur.


Un outil clé de la décarbonation…

Les pompes à chaleur ont le vent en poupe car elles permettent d’éviter le recours aux énergies fossiles pour le chauffage. Alimentées par de l’électricité décarbonée, «elles sont la technologie centrale de la transition mondiale vers un chauffage sûr et durable», soulignait fin 2022 l’Agence internationale de l’énergie (AIE).


… mais pas un dispositif miracle pour autant

Toutes les régions ne sont pas adaptées aux pompes à chaleur car leur efficacité dépend de la différence de température entre l’extérieur et l’intérieur. «On retiendra qu’une PAC n’est pas une chaudière car, plus il fait froid, plus la puissance qu’elle peut délivrer diminue», avertit l’association Négawatt, spécialisée dans la transition énergétique.

Les défenseur·ses de la pompe à chaleur mettent en avant les économies d’énergie réalisées par le dispositif - dont une facture de chauffage pouvant être divisée par 3 ou 4, d’après EDF. C’est sans compter le coût (important) d’installation du système de chauffage. D’après l’UFC-Que choisir, une PAC air-eau coûte en moyenne 13 779 euros.


Pour décarboner, il faut surtout rénover

Si vous vivez dans une passoire thermique, l’installation d’une pompe à chaleur n'est pas suffisante. «Sans action de rénovation énergétique, une PAC installée dans une passoire thermique ne chauffera pas correctement», tranche Négawatt. 

Retrouvez la version complète de cet article sur vert.eco

Dans le métro et le RER, un air bien trop pollué

Ça rame. Diffusé lundi soir sur France Télévisions, le nouveau reportage de la série «Vert de rage» s’intéresse à la pollution de l’air dans les transports. Et il a de quoi donner des quintes de toux aux usagers du métro parisien et du réseau francilien des RER. Durant huit mois, journalistes et scientifiques ont effectué des prélèvements dans les stations pour y mesurer la qualité de l’air. Les résultats, très mauvais, devraient pousser la RATP à arrêter de brasser de l’air dans ce dossier sanitaire explosif.

© France Télévisions

+ Loup Espargilière, Jennifer Gallé, Justine Prados et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.