Apporter demain

J’installe une pompe à chaleur dans mon logement

  • Par

De quoi nous pom­per l’air. Emmanuel Macron promet d’atteindre un mil­lion de pom­pes à chaleur par an d’ici à 2027, soit le triple­ment de la pro­duc­tion actuelle, afin de décar­bon­er les loge­ments. Comme tout sys­tème de chauffage, ce dernier a ses avan­tages et ses incon­vénients. Quelques élé­ments à avoir en tête.

C’est quoi une pompe à chaleur ?

Pour chauf­fer les espaces, les pom­pes à chaleur (PAC) puisent des calo­ries à l’extérieur du loge­ment (dans l’air extérieur la plu­part des cas, sinon dans le sol ou dans une source d’eau souter­raine) et les réin­jectent à l’intérieur sous forme de chaleur. Con­crète­ment, un flu­ide frig­origène con­tenu à l’intérieur de la pompe absorbe l’énergie externe, qui est trans­for­mée en vapeur, avant d’être com­primée — ce qui a pour effet de la faire mon­ter en tem­péra­ture et ain­si pou­voir chauf­fer le loge­ment. La pompe a besoin d’une source d’énergie pour fonc­tion­ner (de l’électricité dans 95% des cas, ou du gaz), ce qui en fait un dis­posi­tif rel­a­tive­ment intéres­sant en France puisque l’électricité y est en majeure par­tie décar­bonée.

Un outil clé de la décarbonation…

Les pom­pes à chaleur ont le vent en poupe car elles per­me­t­tent d’éviter le recours aux éner­gies fos­siles pour le chauffage. Ali­men­tées par de l’électricité décar­bonée, «elles sont la tech­nolo­gie cen­trale de la tran­si­tion mon­di­ale vers un chauffage sûr et durable», soulig­nait fin 2022 l’Agence inter­na­tionale de l’énergie (AIE) dans un rap­port dédié. En Europe, elles sont même «un out­il essen­tiel pour dimin­uer la dépen­dance à l’égard du gaz russe, car elles peu­vent réduire la prin­ci­pale source de demande de gaz» sur le con­ti­nent — soit le chauffage des bâti­ments, a rap­pelé l’institution.

… mais pas un dispositif miracle pour autant

Toutes les régions ne sont pas adap­tées à tous les types de pom­pes à chaleur, car leur effi­cac­ité dépend de la dif­férence de tem­péra­ture entre l’extérieur et l’intérieur. «On retien­dra qu’une PAC n’est pas une chaudière car, plus il fait froid, plus la puis­sance qu’elle peut délivr­er dimin­ue», aver­tit l’association Negawatt, spé­cial­isée dans la tran­si­tion énergé­tique. Pour la plu­part des pom­pes à chaleur, une tem­péra­ture extérieure de moins de 7°C entraîne une baisse des ren­de­ments et une hausse de la con­som­ma­tion énergé­tique, ce qui peut néces­siter l’usage d’un autre sys­tème de chauffage en com­plé­ment.

Par ailleurs, la présence de flu­ides frig­origènes dans le dis­posi­tif peut pos­er ques­tion : ces hydro­flu­o­ro­car­bu­res (HFC) émet­tent des gaz à effet de serre au pou­voir réchauf­fant plusieurs cen­taines, voire plusieurs mil­liers de fois supérieur (selon les flu­ides util­isés) à celui du CO2. Ce qui peut avoir un impact désas­treux en cas de fuite ou de matériel défectueux.

Enfin, le prix des pom­pes à chaleur est un frein majeur à sa démoc­ra­ti­sa­tion dans les foy­ers français. Les défenseur·ses de la pompe à chaleur met­tent en avant les économies d’énergie réal­isées par le dis­posi­tif — dont une fac­ture de chauffage pou­vant être divisée par 3 ou 4, d’après EDF. C’est sans compter le coût (impor­tant) d’installation du sys­tème de chauffage. D’après l’UFC-Que choisir, une PAC air-eau (qui puise son énergie dans l’air extérieur et se rac­corde au chauffage cen­tral d’un loge­ment, per­me­t­tant d’alimenter les radi­a­teurs et de chauf­fer l’eau) coûte en moyenne 13 779 euros, un mon­tant pou­vant grimper à plus de 20 000 euros. «Il est essen­tiel de réduire le coût ini­tial de l’achat et de l’installation des pom­pes à chaleur pour les ren­dre plus attrayantes aux yeux des con­som­ma­teurs, et notam­ment des ménages», insiste l’AIE.

Pour décarboner, il faut surtout rénover

Si vous vivez dans une pas­soire ther­mique, l’installation d’une pompe à chaleur ne suf­fi­ra pas à décar­bon­er votre con­som­ma­tion d’énergie. «Sans action de réno­va­tion énergé­tique, une PAC instal­lée dans une pas­soire ther­mique ne chauf­fera pas cor­recte­ment», tranche Négawatt. L’association demande aux pou­voirs publics de restruc­tur­er le sys­tème des aides à la réno­va­tion afin d’encourager les réno­va­tions glob­ales des loge­ments en com­plé­ment de l’installation de pom­pes à chaleur.