La quotidienne

Boycott de bœuf

Chères toutes et tous,

Récemment, vous êtes nombreux à nous avoir demandé si Vert accueilliait des journalistes en stage. La réponse est oui ! Jeunes journalistes spécialistes de l'écrit ou de la vidéo peuvent nous adresser leurs CV et quelques mots de motivation à l'adresse [email protected].


Et si l'on cessait d'être vaches avec le climat, en faisant du boudin à une Coupe du monde où rien ne va ? 


Devez-vous boycotter la coupe du monde au nom de l’écologie ?

Une attribution qui fleure la corruption, 6 500 travailleurs immigrés décédés pour construire des stades climatisés dans le désert… Les motifs pour tourner le dos à la prochaine coupe du monde ne manquent pas. Vert vous propose de peser le pour et le contre selon votre impact potentiel sur cet événement.

Vous êtes un·e footix : Spectateur·ice occasionnel·le, si vous rejoignez les 48 % des Français·es qui ne regarderont pas le mondial, vous pourrez vous épargner l’éventuel rachat d’une nouvelle télé (50 000 ventes supplémentaires lors du dernier Euro) et les publicités pénibles des champions de la malbouffe comme Coca Cola et McDonald's. Et faire décroître la portée d’un événement dont le Qatar a besoin pour faire oublier au monde qu’il tire sa puissance des énergies fossiles qui accélèrent la crise climatique.

Vous êtes un·e fan de football hardcore : Le football est trop important pour vous, et vous tenez absolument à aller voir les matchs au stade ? Peut-être pourrez-vous faire une concession au climat et éviter de faire un aller-retour en avion entre chaque rencontre, comme certain·es ont prévu de le faire à cause du prix des hôtels. Si vous y allez en char à voile, aucun problème.

Vous êtes rédacteur·ice en chef d’un média : Vous ne vous attendiez pas à ce que le Quotidien de la Réunion prenne les devants en annonçant son boycott de l’événement dans sa Une du 13 septembre, « au nom de (ses) valeurs. » Vous priverez-vous, comme lui, des revenus publicitaires du Mondial, sans vous interdire de relayer les « à-côtés », comme l’explique le directeur de la rédaction Vincent Vibert ? Ou jugerez-vous, à l’instar de Libération, qu’il est trop tard et peu réaliste de renoncer à couvrir les matchs, « sans occulter les controverses diplomatiques, économiques, sociales, sociétales, environnementales…».

Vous êtes Eric Cantona : Très écoutée, votre tonitruante voix de légende du football dénonce « une aberration, une mascarade »Un message relayé par le collectif Boycott Qatar 2022 qui fait le buzz sur les réseaux sociaux. Reste à savoir si vos fans choisiront comme vous de se refaire « tous les épisodes de Columbo ». Parviendrez-vous à convaincre vos anciens camarades de l’équipe de France d’en faire de même ?

Vous êtes Kylian Mbappé : Vous prenez des risques : l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, est aussi propriétaire de votre club. Mais c’est aussi l’occasion de vous rattraper après les polémiques à répétition sur votre goût immodéré pour les avions de ligne et autres jets privés. Et, qui sait, de devenir la nouvelle icône mondiale de la lutte contre la crise climatique ?

Vous êtes Emmanuel Macron : En boycottant le mondial, vous deviendriez le premier chef d’État à prendre une position forte contre les violations des droits humains et les stades climatisés en plein air dans le désert ! En pleine crise énergétique, personne ne vous aurait imaginé tourner le dos au Qatar, l’un de vos fournisseurs d’hydrocarbures préférés - surtout pas la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier Runacher, pour qui boycotter la compétition ne change pas ses « émissions de gaz à effet de serre ».

Retrouvez la version XXL de cet article, où nous nous penchons sur le greenwashing de la Fifa autour de cet événement, sur vert.eco

· En fin de semaine dernière, le préfet de la Vienne, Jean-Marc Girier, a demandé à la ville de Poitiers (Vienne) et à la communauté urbaine du Grand Poitiers de retirer leurs subventions au « Village des alternatives » d’Alternatiba qui s’est tenu samedi et dimanche. Le représentant de l’Etat a jugé un atelier sur la désobéissance civile « manifestement incompatible avec le contrat d’engagement républicain », générant l’incompréhension du mouvement citoyen. La subvention a été maintenue par la maire Europe Écologie-les Verts, Léonore Moncond’huy. - Libération

· L’État français devrait être contraint de payer une amende record de 20 millions d’euros pour sa lenteur à agir contre la pollution de l’air, selon une recommandation du rapporteur public du Conseil d’État faite ce lundi. En août 2021, la France avait déjà été condamnée à 10 millions d’euros d’amende pour ne pas avoir suffisamment renforcé son dispositif contre la pollution. Les montants réclamés par le rapporteur sont des astreintes supplémentaires face à l’inaction de l’État. - Le Parisien (AFP)

· Dans la nuit de lundi à mardi, le rorqual qui s’était échoué sur une plage à Ploéven (Finistère) a réussi à regagner la mer. Des bénévoles de l’ONG Sea Shepherd avaient creusé un chenal dans le sable pour faciliter le départ du cétacé au retour de la marée haute, vers une heure du matin. C’est le troisième qui s’est échoué sur les plages du Finistère depuis le début de septembre. - Le Télégramme

 © Sea Shepherd

Report modal : plus facile à dire qu'à faire

Voyage, voyage. Premier émetteur de gaz à effet de serre en France avec 31 % des émissions, le secteur des transports doit impérativement faire sa transition. Celle-ci porte le nom de « report modal », soit le transfert de passager·ères d'un mode de transport vers un autre. Et plus particulièrement, de la voiture individuelle - qui représente 85 % des kilomètres parcourus et plus de la moitié des émissions du secteur - vers des transports plus écologiques comme la marche, le vélo ou les transports en commun. Les politiques publiques, nombreuses, visent en particulier à rendre ces modes de transport financièrement attractifs mais « la tarification ne peut pas tout », explique Neil Makaroff à Vert. Selon le responsable des politiques européennes du Réseau action climat, « il faut aussi que l'investissement dans les infrastructures soit à la hauteur pour garantir un maillage, une fréquence et un niveau de service suffisant ». Or, d'après l’observatoire de la mobilité, 18 millions de personnes (27 % des Français·es) sont aujourd’hui privées d’accès à un réseau de transports publics. Surtout, « on reste dans la mise en avant de certains transports alternatifs tout en continuant de soutenir massivement la voiture individuelle », souligne Aurélien Bigo, auteur d'une thèse sur la transition écologique des transports (Vert). Lire la suite sur vert.eco 

Ecowatt et Ecogaz : des météos de l'énergie pour passer l’hiver sans coupures

À contre-courant. Cet hiver, il faudra peut-être choisir entre sobriété choisie et coupures subies, ont prévenu les gestionnaires de réseau d'énergie (Vert). De façon inédite, ils comptent sur des dispositifs citoyens pour empêcher les délestages, voire éviter d'allumer les centrales les plus polluantes.

Si l'énergie vient à manquer, les petits gestes pourront faire la différence, à condition d'être correctement coordonnés, veulent croire les gestionnaires des réseaux d'énergie. C'est dans cet esprit que RTE fait actuellement la promotion de son outil Ecowatt. Une « météo de l'électricité » destinée à tenir les citoyen·nes informé·es de l'état du réseau et, le cas échéant, déclencher des opérations synchronisées de réduction des consommations. En octobre, GRTgaz lancera son site destiné aux consommateur·rices de gaz, baptisé Ecogaz.

Selon la météo et les capacités de production, les journées seront vertes, oranges ou rouges. Vert : la production est suffisante pour couvrir la demande. Orange : la situation est tendue. Rouge : les coupures seront inévitables si la demande ne baisse pas. En fonction des scénarios, RTE prévoit entre zéro et 28 alertes rouges au cours de cet hiver. Côté gaz, seuls les très gros consommateurs seront concernés par d'éventuelles coupures d'approvisionnement, ce qui n'empêche pas d'être collectivement solidaires.

À ce propos, le site Ecowatt détaille toute une série d'éco-gestes activables à la maison et en entreprise : réduire le chauffage ou l'éclairage, différer l'utilisation de l'électro-ménager, etc. La priorité est d'économiser quand la consommation est la plus forte (de 8 à 13 heures et de 18 à 20 heures). C'est à ce moment que l'équilibre est le plus difficile à assurer. C'est aussi là où le contenu carbone de l'électricité est le plus élevé, car il faut démarrer des centrales à gaz ou à charbon pour soutenir le réseau électrique.

La transition n’aura pas lieu !

Fossiles à dire. Si, vous aussi, vous avez l'impression que l'été apocalyptique qui vient de se terminer a permis une prise de conscience salutaire qui accélérera, enfin, la transition énergétique, alors vous vous trompez peut-être ! Dans cette passionnante interview accordée à nos confrères d'Elucid, l'historien Jean-Baptiste Fressoz livre une approche inhabituelle de la transition énergétique et de la crise environnementale, qui s'inscrit dans le temps long. Un retour dans le passé effrayant, mais surtout éclairant.

© Elucid

+ Justine Prados, Juliette Quef, Loup Espargilière et Gabrielle Trottmann ont contribué à ce numéro.