Chères toutes et chers tous,
Vert est désormais reconnu comme un média d'information politique et générale (IPG). Selon la définition de l'administration, son « objet principal est d’apporter, de façon permanente et continue, des informations, des analyses et des commentaires sur l’actualité politique et générale locale, nationale ou internationale susceptibles d’éclairer le jugement des citoyens.»
Autrement dit, Vert n'est plus considéré comme un média spécialisé sur l'écologie, mais comme un titre généraliste. Pour nous, l'écologie ne doit plus être reléguée au rang de simple rubrique thématique; elle doit devenir un prisme au travers duquel nous devons (re)considérer tous les aspects de la société, et bien plus encore. Qu'est-ce que vous en dites ?
Pour ne pas nous planter dans le mur, il nous faut semer graines et boutures.

En Jordanie, la méthode Miyawaki s’enracine pour reverdir le Moyen-Orient
Qu'est-ce qu'ils sèment ! Dans la capitale jordanienne d'Amman, un duo d’environnementalistes a planté trois bosquets urbains selon la méthode Miyawaki, une technique de reforestation venue du Japon. Tous deux espèrent ainsi sauver des essences locales oubliées et contribuer à restaurer les écosystèmes de la région, très dégradés par le changement climatique.
On trouve peu d’espaces verts dans les replis ocres des quartiers bétonnés d’Amman, la capitale de la Jordanie. Mais dans l’un de ses rares jardins publics se niche une forêt méditerranéenne miniature. Environ 800 arbres et arbustes d’une vingtaine d’espèces différentes – pistachiers, amandiers, caroubiers, chênes et bien d’autres – s’y côtoient sur une surface de 250 mètres carrés.
« Je l’ai vue grandir sous mes yeux », se souvient Omar Al-Sharif, un jardinier qui travaille dans le parc depuis plus de 20 ans. « Les pousses mesuraient trente centimètres au début. » Cette forêt naissante est pour lui un symbole : « Autrefois, ce pays était couvert de forêts majestueuses. Je n’espère rien d’autre que de retrouver cette richesse perdue. »

Comme le reste du Moyen-Orient, la Jordanie a vu sa couverture forestière fondre au fil des dernières décennies, jusqu’à atteindre 0.03% de la surface du pays, selon la plateforme Global Forest Watch. Cette déforestation entraîne dans son sillage l’érosion des sols et la désertification, dans une des régions les plus vulnérables au changement climatique.
Depuis 2018, l’architecte jordanienne Deema Assaf et l’environnementaliste japonais Motoharu Nochi testent un ensemble de techniques venues du Japon – la méthode Miyawaki – pour créer des mini-forêts urbaines en Jordanie. Bien que celles-ci ne puissent se substituer aux surfaces boisées qui couvraient auparavant le pays, l’initiative contribue à sauvegarder des essences indigènes et pourrait permettre de restaurer les écosystèmes arides de la région.
Mise au point dans les années 70 par le botaniste japonais Akira Miyawaki, la méthode consiste à planter des espèces locales pour recréer, en quelques années, une forêt indigène qui pourra s’épanouir sans intervention humaine. Ces forêts sont trente fois plus denses que des forêts plantées de manière classique. Elles constituent des îlots de biodiversité capables d’oxygéner et de dépolluer les environs.
La forte densité des pousses exacerbe la compétition pour la lumière, ce qui permet à la forêt de croître jusqu’à dix fois plus vite qu’une forêt classique. Son sol est recouvert de paillis pour conserver l’humidité et les plants ne sont arrosés que pendant deux ans – l’idée étant de minimiser l’influence humaine sur la forêt, qui doit devenir la plus « sauvage » possible.
Depuis 2018, Assaf et Nochi ont planté trois mini-forêts selon cette méthode. La première a vu le jour en décembre 2018, sur un terrain de 107 mètres carrés prêté par un particulier. Les deux autres ont été plantées en 2020 dans le cadre d’un projet mené par la ville d’Amman et financé par l’agence de développement allemande GIZ, afin de créer deux « poumons urbains » dans des parcs des quartiers populaires.
Retrouvez la suite de cet article, où il est question de répondre aux défis locaux et de créer du lien, sur vert.eco

· Le numérique est responsable de 2,5% de l'empreinte carbone de la France (un indicateur qui compte les émissions liées aux importations) et cette part pourrait atteindre 6,7% en 2040 si rien n'est fait, préviennent l'Ademe et l'Arcep, dans un rapport conjoint paru mercredi. C'est la phase de fabrication des terminaux (smartphones, télévisions) qui émet l'écrasante majorité du CO2 du secteur (78%). Épuisement des ressources, écotoxicité, particules fines, ozone... L'impact environnemental du numérique ne s'arrête pas au CO2. Parmi les solutions : allonger au maximum la durée de vie des appareils et acheter des produits reconditionnés.


650 milliards
Pour la réduction de température de travail ! Chaque année, 650 milliards d'heures de travail sont perdues à cause de fortes chaleurs, révèle une étude parue le 13 janvier dans la revue Environmental Research Letters. Quand l'humidité se mêle à la chaleur, il arrive un certain point (mesuré par l'indice du « thermomètre mouillé ») où le corps humain ne peut plus se refroidir correctement et risque la mort. Lorsque de tels épisodes sévissent, les travailleur·ses en extérieur (dans l'agriculture, la foresterie, la pêche, la construction) sont condamné·es à s'arrêter. Ces pertes de productivité s'élèvent à 2 100 milliards de dollars par an. La plupart des pertes est concentrée en Asie. L'Inde est largement en tête des pays les plus meurtris, avec 149 milliards d'heures en moins, devant la Chine (49 milliards) et l'Indonésie (25 milliards). Les pertes d'heures de travail ont augmenté d'au moins 9% au cours des quatre dernières décennies. Et le phénomène promet de continuer à s'aggraver avec le réchauffement. 43% des humains vivent dans des régions chaudes et humides (ONU).

Le loup en slip dans cache-noisettes
Rage contre la machine. Dans sa dernière aventure, le Loup en slip découvre l’envers de la production industrielle de noisettes qui détruit arbres et animaux au cœur de la forêt interdite.
A l’approche de Noël, la forêt est en effervescence. Chacun se « bourre le cabas » et se « farcit le caddie ». Mais la reine de la fête, c’est la noisette. Pas celle toute rabougrie que vend Papi pic à six sous le kilo, mais la grosse noix bodybuildée à deux kopeks. Madame la chouette fait sa tournée de cadeaux et offre au loup un hibou en bois baptisé Biboule.
La nuit, Biboule s’anime et emmène le loup, tout plein de chocottes, dans la forêt interdite où se trame une odieuse entreprise. Celle de la production à bas-coût des noisettes que tout le monde s’arrache. Ouvriers-souris blêmes, exploités par un écureuil-robot, arbres piquouzés pour se gorger de fruits, oiseaux envolés : la forêt n’est plus que l’ombre d’elle-même.

Adapté de la bédé pour adultes Les vieux fourneaux des mêmes auteur·ices, Le loup en slip dans cache-noisette évoque sans fard et sans culpabilisation le revers de l’agriculture industrielle et l’urgence de revenir à des productions locales et paysannes. Enfants – et adultes – apprécieront les astuces, l’humour et la justesse de ton du loup et de ses compagnons ainsi que le dessin chaleureux de Mayana Itoïz. A partir de quatre ans.
Le loup en slip dans cache-noisettes, Wilfrid Lupano, Mayana Itoïz, Paul Cauuet, Dargaud, novembre 2021, 40p., 9,99€

Des animaux sauvages en pleine ville
Ne soyons pas des pigeons. On pourrait croire nos cités vides de toute vie sauvage, mais il n'en est rien ! Dans la dernière vidéo de Partager c'est sympa, le photographe animalier Thomas Jean promène Vincent Verzat à travers les rues et les faubourgs de Bruxelles sur la piste d'oiseaux, de canidés et de prédateurs en tous genre. Un réjouissant mini-docu qui donne envie de réapprendre à tendre l'oreille et l'oeil pour s'émerveiller du vivant, même en ville.

+ Lyse Mauvais et Juliette Quef ont contribué à ce numéro