La quotidienne

Autoroute du déni

Chères toutes et chers tous,

Cette année, les Assises européennes de la transition énergétique posent leurs valises à Bordeaux du 23 au 25 mai. Vert est partenaire de cet événement et participera à la table-ronde «100 médias – 1000 journalistes» sur la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique, aux côtés de Laure Noualhat, journaliste indépendante, et Fabrice Pouliquen, de 20 minutes. Pour consulter le riche programme et s’inscrire, c’est ici.


Des milliers de manifestants se mobilisent face à un modèle qui s’enlise. 


Après Sainte-Soline, une mobilisation joyeuse et festive contre une autoroute A69 «anachronique» entre Toulouse et Castres

No Macadam. Ce week-end, des milliers de personnes, dont le climatologue toulousain Christophe Cassou, se sont mobilisées de manière pacifique contre le projet d’autoroute A69. Reportage.

«A69 droit dans le mur», scandent les manifestant·es, truelle à la main, mélangeant l’eau et le ciment qui leur aura servi à ériger un mur en travers la route nationale 126. Elles et ils sont entre 4 500 et 8 200 à s’être mobilisé·es samedi contre le projet d’autoroute A69, qui relierait Castres à Toulouse, en parallèle de la nationale existante. Vieux d’une trentaine d’années et censé «désenclaver» le Tarn du sud, ce projet a reçu le feu vert de la préfecture le 3 mars dernier et les travaux ont immédiatement débuté.

Avant le départ de la manifestation à Saïx (Tarn), les représentant·es de l’association locale La voie est libre, du syndicat agricole de la Confédération paysanne, et des mouvements Extinction rébellion Toulouse et les Soulèvements de la Terre effeuillent les raisons de leur colère à la tribune : artificialisation de 400 hectares de terres agricoles fertiles, destruction d’habitats naturels, modèle de développement territorial archaïque basé sur la voiture. «Les actions et les décisions prises ne doivent plus refléter de vieux réflexes de développement», confie à Vert le climatologue toulousain Christophe Cassou, qui s’est longuement exprimé à Saïx.

Des milliers de manifestants assistent à une course de caisses à savon organisée sur la route nationale © Lionel Bonaventure/AFP

Cirque, concerts et «gags» ; malgré la grisaille et la pluie, la journée est égayée par la bonne humeur. En point d’orgue : la course de caisses à savon colorées, qui se sont élancées sur la nationale, entachée de peaux de bananes lancées par les manifestant·es. Dénommée «Qui va gagner 12 minutes?», elle visait à dénoncer le gain de temps supposé, de 35 minutes selon le concessionnaire autoroutier, et entre 12 et 15 minutes selon les collectifs locaux. Le gagnant devait remporter 17 euros, soit le prix du péage.

Une démonstration de force achevée dans le calme, qui pourrait bien contribuer à faire reculer le projet. Selon les informations de Mediapart, le ministère des transports serait actuellement en train de réexaminer le projet. Afin de sortir l’autoroute de l’impasse ?

Un reportage à lire en entier sur vert.eco

· Samedi, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Londres contre l’inaction climatique à l’occasion de la journée de la Terre. Un rassemblement à valeur de test pour Extinction Rébellion qui misait pour la première fois sur une mobilisation d’ampleur plutôt que sur des actions coup-de-poing de désobéissance civile. - Le Monde

· Dans une interview au Parisien publiée dimanche, Emmanuel Macron a confirmé son souhait de lancer «un grand projet de restauration écologique» des écoles pour lutter contre les passoires thermiques. Il a également appelé à l’accélération de «la végétalisation des cours» de récréation pour créer des «puits de fraicheur» et «éduquer les enfants à l’environnement».

· La pollution de l’air provoque chaque année au moins 1 200 décès prématurés chez les enfants et adolescents en Europe, signale un rapport de l’Agence européenne de l’environnement (AEE) publié lundi. Les effets de la pollution commencent dès avant la naissance, sont aggravés par la plus grande vulnérabilité des bambins et provoquent plus de maladies tout au long de la vie. - Libération

10 ans

Faute-fashion. Il y a dix ans, le 24 avril 2013, l’effondrement de l’usine textile du Rana Plaza, au Bangladesh, entraînait la mort de 1 130 salarié·es et blessait plus de 2 000 autres. Ce drame a mis au jour les limites de la fast-fashion et les conditions de travail indécentes dans lesquelles des ouvrier·es confectionnaient des vêtements pour des marques grand public comme Mango, C&A, Auchan, ou Primark, dans des bâtiments vétustes. En France, cet électrochoc a entraîné la mise en place de la loi sur le devoir de vigilance en 2017 (aussi appelée «loi Rana Plaza»), qui engage les multinationales à prévenir les atteintes graves aux droits humains, à la santé et à la sécurité des personnes ou à l’environnement qui pourraient être commises par leurs filiales ou sous-traitants. Une déclinaison de cette loi à l’échelle européenne est actuellement en discussion. Histoire de filer un meilleur coton ?

Faire un barbecue sans griller la planète

La planète sur le grill. Sport national pendant les beaux jours, le barbecue a aussi un coût environnemental non négligeable. Quelques pistes pour profiter de ces moments conviviaux sans réchauffer le climat.
 

Éviter les barbecues au charbon

Le barbecue au charbon de bois, le plus traditionnel, est aussi le plus polluant. La combustion du charbon émet un cocktail de substances néfastes pour la santé et la planète, comme des particules fines, du dioxyde de carbone (CO2), du monoxyde de carbone… 

Le barbecue au gaz offre une combustion un peu plus propre - près de trois fois moins émettrice de CO2 que son équivalent au charbon, d’après une étude scientifique. Le barbecue électrique, bien qu’énergivore, a l’avantage de ne générer aucune émission polluante dans l’atmosphère. Enfin, le barbecue solaire est une alternative particulièrement écolo puisqu’il n’utilise aucune autre énergie que celle du soleil au moment de la cuisson. Il s’agit d’une sorte de parabole en aluminium, au cœur de laquelle on fait cuire les aliments grâce aux rayons du soleil qui se réfléchissent. 
 

Végétaliser ce qu’on met sur le grill

Au-delà du cuiseur utilisé, prendre garde à ce qu’on fait griller dessus est encore plus important. Émissions de CO2, ressources en eau, usage des terres : l’impact environnemental de la viande n’est plus à démontrer (notre article). Un repas avec du bœuf émet en moyenne 14 fois plus de CO2 qu’un repas végétarien.

Un repas avec du bœuf (7kg CO2-équivalent) émet en moyenne 14 fois plus de CO2 qu’un repas végétarien (0,5kg). © Capture d’écran du site Impact CO2, mis en place par l’Ademe. 

«Je comprends le côté social et sympa de faire griller des trucs ensemble, mais en réalité on peut faire griller plein d’autres choses que de la viande», souligne auprès de Vert Mélanie, à l’origine du compte Instagram melanie_en_veganie, qui partage des recettes pour se tourner vers le véganisme depuis trois ans. Les possibilités sont sans fin : tofu, seitan, brochettes de poivrons, de courgettes ou de champignons, maïs grillé, lamelles d’aubergines, pommes de terre en papillotes, camembert rôti au miel… Alors, seitan-tant, hein ?

D'autres pistes pour rendre ses barbecues estivaux plus écolos sont à lire sur vert.eco

Comment la France réchauffe-t-elle le climat ?

Émissions impossibles ? La France relâche plus de 400 millions de tonnes de CO2-équivalent par an. Un chiffre qui doit être réduit à zéro d’ici 2050, pour respecter notre objectif de neutralité carbone - soit l’équilibre entre émission et absorption de gaz à effet de serre. Par où commencer ? Rodolphe Meyer, de la chaîne Youtube Le Réveilleur s’associe avec le journal Le Monde pour éclairer l’immense défi qui nous attend.

© Le Monde

+ Alban Leduc et Juliette Quef ont contribué à ce numéro.