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Le Haut conseil pour le climat sonne l'alerte : il faut agir plus vite ou nous risquons de pleurer les pertes.
Crise climatique : la France n’est pas prête, juge le Haut conseil pour le climat
Doit mieux faire. L’année 2022 a rappelé l’impréparation de la France aux effets du dérèglement climatique et le pays doit absolument accélérer ses efforts, alerte le Haut conseil pour le climat dans son nouveau rapport annuel.
2022, l’année de tous les records
Vagues de chaleur, faibles précipitations, sécheresse exceptionnelle : «2022 a été emblématique de l’intensification des effets du changement climatique», commence sobrement Corinne Le Quéré, climatologue et présidente du Haut conseil pour le climat (HCC), lors de la présentation de l’édition 2022 de ce rapport annuel, paru ce jeudi. Mis sur pied en 2018 par Emmanuel Macron, cet organisme indépendant composé de 13 expert·es est chargé d'évaluer l’action publique en matière de climat.
La France n’est pas prête
«La France est particulièrement exposée aux conséquences du réchauffement climatique, mais elle n’est pas prête à y faire face, comme l’année 2022 l’a démontré», déplore Corinne Le Quéré. L’an dernier, 2 000 communes ont connu de fortes tensions d’approvisionnement en eau potable, dont 7 ont subi une coupure totale pendant plusieurs jours. 8 000 municipalités ont demandé la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, en raison des dégâts créés par la sécheresse sur les bâtiments, pour un coût évalué à 2,9 milliards d’euros pour les assureurs (10 milliards d’euros pour l’ensemble des catastrophes naturelles en 2022). 7 800 incendies ont ravagé 72 000 hectares de forêt. «L’adaptation se fait largement dans un mode réactif, mais ça ne suffit pas à prévenir les impacts futurs du changement climatique», prévient Corinne Le Quéré.
Les émissions baissent, mais beaucoup trop lentement
Les émissions de CO2 ont diminué de 2,9% entre 2021 et 2022, notamment grâce à de fortes réductions dans les secteurs du bâtiment et de l’industrie. C’est en partie le fait d’un hiver doux qui a nécessité moins de chauffage, et de mesures de sobriété prises en réponse à la hausse des prix de l’énergie. Si la baisse se poursuit d’année en année, le rythme actuel est très insuffisant pour atteindre les objectifs climatiques de la France.
Notre décryptage complet de cet épais rapport est à retrouver sur vert.eco
· Le terminal méthanier du Havre, mis en service en septembre prochain pour importer du gaz naturel liquéfié, a été mis en cause par le média Disclose et l'ONG Greenpeace dans une enquête publiée mercredi. Ils alertent sur des risques de fuites, qui pourraient provoquer «151 phénomènes dangereux», d’après une note de TotalEnergies. Le réseau France nature environnement, l’association Écologie pour le Havre et EELV Normandie ont déposé un recours devant le tribunal administratif de Rouen, qui sera examiné le 6 juillet prochain. - Disclose
· La demande de pétrole devrait atteindre un nouveau sommet en 2023 avec 102 millions de barils consommés par jour (Mb/j), selon les projections mensuelles de l’Agence Internationale de l’énergie. Une hausse portée par les pays émergents. La Chine, premier importateur de pétrole, consomme à elle seule 16,3Mb/j, tandis que les pays européens connaissent une baisse par rapport à 2019 (dernière année pré-Covid). - Le Monde (abonné·es)
· En bord de routes ou dans les champs, les coquelicots font progressivement leur réapparition dans les campagnes françaises. Considérées comme de mauvaises herbes (ou «adventices»), ces plantes ont longtemps été détruites par des produits phytosanitaires pour les empêcher d’empiéter sur les cultures de céréales. Mais la fleur rouge connaît un renouveau grâce à la diminution du traitement des sols et à sa résistance accrue aux pesticides. À lire dans Libération (abonné·es).
«Face à cet État policier en roue libre qui emmène notre pays vers un régime autoritaire, la généralisation des soulèvements est plus que jamais vitale.» Mercredi, les «ami·es des Soulèvements de la Terre» ont appelé à se mobiliser contre la dissolution du mouvement écologiste, prononcée la semaine dernière (Vert), ainsi qu’à demander «justice pour Nahel», l’adolescent tué mardi à Nanterre par un policier. Des mots d’ordre largement repris dans plusieurs rassemblements organisés hier soir à travers la France, à Lyon, Nantes, Paris ou Grenoble. «Nous continuerons de lutter contre le déni des violences policières», a déclaré le Secrétaire national du Syndicat de la Magistrature, Thibaut Spriet, devant les manifestant·es réuni·es place de la République à Paris. Le magistrat a annoncé que son syndicat participerait aux recours contre le décret de dissolution des Soulèvements de la Terre.
Vivre les effets de la crise climatique incite-t-il à passer à l’action ?
Incendies géants au Canada, pollution de l’air à New York, sécheresse historique en Espagne… confrontés directement à ses effets, les pays occidentaux vont-ils se mettre en mouvement pour répondre au défi climatique ?
Entre la prolifération de théories du complot face aux incendies-monstres qui ravagent le Canada (Vert) et les attaques contre les agences de l’eau en pleine sécheresse en Espagne, les réactions à des situations extrêmes semblent parfois aller à l’inverse d’une prise de conscience.
Une situation en lien avec la réaction de notre cerveau, explique à Vert Annamaria Lammel professeure de psychologie et autrice principale du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) : «On considère que l’évènement n’arrive qu’une fois et que l’année prochaine, tout ira bien. Même si un été, ça brûle, les gens oublient».
L’autre réponse psychologique face à une situation de crise, c'est l’action. «Il y a toujours un moyen d’accompagner la réaction spontanée par quelque chose de plus rationnel», rassure Oscar Navarro Carrascal, professeur en psychologie environnementale à l’Université de Nîmes.
Les partis populistes et autoritaires risquent d’être les grands gagnants de cette situation, anticipe une étude récente. Le changement climatique aggrave les inégalités, les migrations et les risques de conflit. Un cocktail explosif qui a le plus souvent profité aux extrêmes au cours de l’histoire.
Pour autant, le fait de vivre directement un évènement inhabituel pourrait aussi conduire à privilégier des politiques pro-climat, nuance auprès de Vert Lucas Leemann, professeur de Sciences politiques à l’Université de Zurich. Il a démontré que le vote en faveur de partis écologistes en Suisse avait augmenté de 20% dans les communes directement touchées par des catastrophes naturelles.
En définitive, il semblerait que la multiplication des évènements météorologiques extrêmes suscite l’alerte, tout en attisant rejet et déni.
Les abeilles, ces incroyables créatures
Ça devrait faire le bzzz. La quatrième saison du podcast des Mécaniques du vivant de France culture nous mène sur la piste des abeilles, ces passionnants insectes qui assurent (entre autres) la pollinisation des plantes. Malgré leur rôle essentiel pour la survie de nos cultures alimentaires, les abeilles sont aujourd’hui mise en danger par les pesticides, les pollutions et l’artificialisation des sols.
+ Loup Espargilière, Alban Leduc et Johanne Mâlin ont contribué à ce numéro.
