Dans l'actu

Le feu alimente les théories fumeuses au Canada

  • Par

Cana­da dry. Alors que le feu con­tin­ue de rav­ager les forêts du Cana­da, un ancien min­istre accuse des «ter­ror­istes verts» imag­i­naires.

Les incendies qui durent depuis plusieurs semaines ont à nou­veau gag­né en inten­sité dans l’ouest du pays après une accalmie. Ce mer­cre­di, le Cen­tre inter­ser­vices des feux de forêt du Cana­da dénom­bre 461 feux act­ifs, dont 239 sont hors de con­trôle. Alors que le print­emps a été chaud et sec dans une grande par­tie du pays, la super­fi­cie brûlée — plus de 5 mil­lions d’hectares depuis le début de l’année — est supérieure à celle de toute la Suisse.

Le min­istre de la Sécu­rité publique du Québec par­le d’un com­bat qui devrait dur­er «tout l’été». La sai­son des incendies de forêt est loin d’être finie, «nous ne sommes qu’à deux mois et demi d’une péri­ode de sept mois qui s’étend jusqu’à la fin du mois d’octobre», a aus­si rap­pelé son homo­logue de l’Alberta.

Une sit­u­a­tion insup­port­able pour beau­coup et qui attise les com­plots en ligne. «Pourquoi brû­lent-ils le Cana­da ?», s’interrogent des inter­nautes en mon­trant des héli­cop­tères lance-flammes qui pra­tiquent le brûlage dirigé — des con­tre-feux des­tinés à lim­iter l’extension des incendies. D’autres se deman­dent com­ment plusieurs feux ont pu se déclar­er en même temps, allant jusqu’à évo­quer la pos­si­bil­ité d’un atten­tat ter­ror­iste, alors que cette syn­chronic­ité peut très bien s’expliquer par le fonc­tion­nement de la foudre, comme l’ont démon­tré de nom­breux jour­nal­istes. «Je gage qu’une bonne par­tie des feux de forêt ont été allumés par des ter­ror­istes verts pour don­ner un coup de pouce à leur cam­pagne de change­ments cli­ma­tiques», a com­men­té sans détour et sans aucun élé­ment factuel, Maxime Bernier, chef du très con­ser­va­teur Par­ti pop­u­laire du Cana­da, tout en relayant sur Twit­ter un arti­cle sur l’inculpation d’une femme en lien avec des incendies crim­inels… daté de 2021.

Les théories du com­plot «peu­vent par­fois nous don­ner un moyen d’ex­pli­quer ce qui nous sem­ble inex­plic­a­ble», avance la soci­o­logue Dar­ryn Well­stead auprès du média cana­di­en CBC. Inter­rogée par Libéra­tion, Julie Tal­bot, direc­trice du départe­ment de géo­gra­phie de l’université de Mon­tréal, rap­pelle qu’«une par­tie des feux est allumée par les humains, au moins de manière acci­den­telle, mais ils ne pour­raient pas se dévelop­per dans de telles pro­por­tions sans les évo­lu­tions liées au réchauf­fe­ment cli­ma­tique».

D’après les don­nées publiques por­tant sur les années précé­dentes, la foudre est respon­s­able de 20% des incendies au Québec, et les incen­di­aires, seule­ment de 4%. Les liens entre la fréquence et l’intensité des feux de forêt et les change­ments cli­ma­tiques font con­sen­sus au sein du monde sci­en­tifique. Comme l’explique par exem­ple Météo-France, divers phénomènes se cumu­lent : allonge­ment de la sai­son des incendies, frag­ili­sa­tion des végé­taux et plus grande fréquence de con­di­tions météorologiques extrêmes, comme la chaleur, la sécher­esse et le vent.