La quotidienne

À tort ou érosion

Chères toutes et chers tous,

📻 Mercredi, le rédacteur en chef de Vert Loup Espargilière était au micro de l'émission La Terre au carré sur France Inter. Il a fait le point sur l’efficacité des filtres individuels contre les PFAS, aussi appelés polluants éternels. Vous pouvez écouter sa chronique juste ici.

🍽️ Au menu de la quotidienne de Vert ce jeudi, la Charente-Maritime face au défi de l’érosion, notre décryptage du projet de loi d’orientation agricole et l’humeur de notre dessinateur Sanaga.

Bonne lecture !


En Charente-Maritime, la mer grignote la côte et le patrimoine naturel s’abîme, les habitants tentent de garder la tête hors de l’eau.


Ici, la côte recule de 30 mètres chaque année : en Charente-Maritime, la difficile adaptation face à l’érosion record du littoral

Phare niente. Zone de plus fort recul du trait de côte en Europe, l’agglomération de Royan (Charente-Maritime) fait face aux menaces sur son littoral dans une économie dominée par le tourisme. Un dilemme auquel les autorités répondent par l’anticipation, l’adaptation et, parfois, le renoncement.

Dans l’écume verte des pins et chênes de la forêt de la Coubre, au sud de la Charente-Maritime, la pointe du phare surgit comme la nacelle rouge d’une fusée des années 1960. Pour sa réouverture le 1er février 2025, une foule inhabituelle se presse au petit guichet du sémaphore, érigé en 1908 au nord de l’estuaire de la Gironde : «On veut le voir avant qu’il soit détruit !», expliquent des locales et locaux venu·es avaler les 300 marches qui tournoient dans la cage d’escalier aux reflets émeraude, jusqu’à la lentille, à 64 mètres de haut.

À gauche, le phare de la Coubre (Charente-Maritime) dans les années 1950. À droite, ce même monument le 31 janvier 2025. Depuis sa construction, la côte a reculé d’un kilomètre et demi. ©  Collection Henri Moreau/Phare de la Coubre/Montage Vert

Mi-janvier, l’hebdomadaire local Le littoral avait titré «Le phare de la Coubre va disparaître», soulevant l’émotion pour ce monument local. Un avis de décès un peu prématuré : les vagues claquant désormais à moins des 130 mètres de distance, les autorités ont commencé à réfléchir aux dispositions à prendre si l'océan venait mordre plus près du pied du phare, pour éviter une chute incontrôlée.

Un habitant de Royan s’inquiète des grandes plaques du béton armé à vif côté océan : «Il faudrait refaire la peinture !» Le dernier coup de rouleau date pourtant de 2016. Mais la mer et le vent rongent. Et pas que les revêtements : depuis la construction du phare, la plage qui le sépare de l’eau a reculé d’un kilomètre et demi.

La communauté d’agglomération de Royan Atlantique (Cara), où se situe ce phare iconique, fait face à une érosion marine hors norme. Prise en étau entre l’estuaire de la Gironde et celui de la Seudre, elle compte 33 communes, dont 21 littorales. 100 kilomètres de côte au total, qui reculent jusqu’à 30 mètres par an, un record en Europe.

👉 Cliquez ici pour lire la suite de ce reportage de Sylvain Lapoix.

· Ce jeudi, le gestionnaire du réseau d’électricité RTE a dévoilé son plan à 94 milliards d’euros pour rénover les lignes à haute tension qui transportent notre électricité. Ces grands travaux doivent permettre de moderniser les infrastructures vétustes et de les adapter face aux vagues de chaleur, tempêtes et risques de submersion engendrés par le changement climatique. L’objectif est aussi d’augmenter les capacités des équipements et de relier les nouveaux réacteurs nucléaires et projets d’éolien en mer. - Le Monde

· Mercredi, la proposition de loi pour interdire les PFAS, ces polluants persistants et toxiques, de la plupart de nos objets du quotidien a été adoptée par les député·es de la commission du développement durable. Une première victoire qui ouvre le chemin à l’adoption définitive du texte sans qu’il ne soit amoindri, à l’Assemblée nationale le 20 février prochain. - Contexte

· En Grande-Bretagne, une théorie du complot alimentée par l’extrême droite a fait réagir les scientifiques en début de semaine, relève The Guardian. Sur les réseaux sociaux, une campagne de désinformation a visé un additif alimentaire pour bovins, dont l’objectif est de réduire les émissions de méthane des vaches. Il a été accusé de menacer la santé humaine malgré des études prouvant son innocuité. Les expert·es soulignent l’importance d’une meilleure communication et transparence de la part de l’industrie pour éviter ce type d’infox. - Vert

LOA

La LOA de la jungle. Activement soutenu par la droite, le projet de loi d’orientation agricole (ou «LOA», pour les intimes) est examiné au Sénat jusqu’au 18 février. Vert fait le point sur ce condensé de reculs pour l’écologie.

🐦 Au cœur des débats, l’article 13 propose de réduire les sanctions en cas de destruction d’espèce protégée. Une manière de lutter contre l’«état d’insécurité juridique et de stress» des agriculteur·ices, selon la ministre de l’agriculture.

🐖 La droite sénatoriale souhaite aussi accélérer les projets d’installation de mégabassines et de bâtiments d’élevage.

☠️ Le principe «pas d’interdiction de pesticides sans solution» a été ajouté au texte : «c’est le slogan de la FNSEA», dénonce l’association Générations futures.

⚖️ Mais beaucoup d’articles sont contraires aux directives européennes : «ce sont des messages politiques, ils n’ont pas de valeur normative», détaille Arnaud Gossement, avocat spécialiste en droit de l’environnement.

👉 Cliquez ici pour lire ce décryptage d’Esteban Grépinet.

Quand la mer monte, Le dessous des cartes dresse le panorama des zones les plus touchées dans le monde

La montée déso. Sous l’effet du réchauffement climatique global, la montée du niveau des mers et des océans s’accélère dans le monde entier. Cet épisode du Dessous des cartes d’Arte, toujours pédagogique, revient sur les causes de ce phénomène et présente les zones les plus menacées, de la Nouvelle-Orléans à Shanghai en passant par les Hauts-de-France.

© Le dessous des cartes, Arte

+ Rémy Calland, Sylvain Lapoix, Mathilde Picard, Antoine Poncet, et Sanaga ont contribué à ce numéro.