Depuis quelques mois, en Angleterre, une théorie du complot relie le fondateur de Microsoft, Bill Gates, à un nouvel additif pour bovins appelé le Bovaer, a relevé le quotidien anglais The Guardian mardi. Alimentée par un député d’extrême droite britannique, cette désinformation s’est propagée sur les réseaux sociaux et prend pour cible le complément alimentaire vendu par Arla, une multinationale de l’agroindustrie.

En novembre dernier, l’entreprise avait lancé son produit dans le but de faciliter la digestion des vaches et de réduire leurs flatulences, émettrices de méthane. Ce gaz a un pouvoir de réchauffement plus de 80 fois supérieur à celui du CO2 au cours des 20 premières années passées dans l’atmosphère.

Loin de susciter l’enthousiasme attendu par le groupe, l’additif s’est retrouvé, les semaines suivantes, accusé mettre en danger la santé humaine. Sur X (ex-Twitter), le député Rupert Lowe, membre du parti d’extrême droite Reform UK, a écrit qu’il «ne consommerait plus rien qui contienne du Bovaer», et a demandé au ministère de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales d’entreprendre «un examen urgent de son utilisation».

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— the dogs arse (@DogsArse) December 2, 2024

Accusé de menacer la fertilité masculine

De nombreux internautes se sont inquiétés des effets sanitaires de la substance et certain·es ont propagé la fausse information selon laquelle elle serait cancérigène. Les scientifiques sont pourtant formels : le Bovaer se décompose dans le tube digestif des vaches. Il n’est donc pas présent dans le lait produit par les bovins qui l’ingèrent, et ne présente aucun risque pour la consommation humaine.

Cerise sur le yaourt : cette campagne de désinformation a mêlé Bill Gates à l’affaire, accusé d’utiliser sa richesse pour contrôler la population. Une allégation qui fait référence aux inquiétudes selon lesquelles le Bovaer, s’il est manipulé sous sa forme pure, pourrait provoquer la stérilité masculine.

Le milliardaire n’est pas lié à l’entreprise Arla, ce que cette dernière a rappelé publiquement. Le patron de la tech a même investi dans une start-up rivale, Rumin8, qui développe un équivalent au Bovaer pour participer également à réduire les émissions de méthane des vaches.

Du lait jeté dans l’évier

Face à l’afflux de vidéos d’internautes qui vident leurs bouteilles de lait dans leur évier, l’Agence des normes alimentaires du Royaume-Uni (FSA) a dû publier une notice informationnelle pour rappeler l’innocuité du Bovaer. Certain·es internautes s’étaient référés à un rapport de la FSA publié en 2023, qui indiquait que ce produit «devrait être considéré comme corrosif pour les yeux, irritant pour la peau et potentiellement nocif par inhalation» pour les personnes qui le manipulent. Mais ce constat concernait seulement les contacts avec le Bovaer sous sa forme pure, au stade de la fabrication.

Pour lutter contre ce type de désinformation, le professeur Robin May, conseiller scientifique en chef de la FSA, a rappelé que «plus il y aurait de communication et de transparence, mieux ce serait». Il a également souligné que «l’immense majorité des réactions de la part du public étaient de l’ordre de la confusion plutôt que l’adhésion» à cette théorie du complot. Et pendant ce temps, l’extrême droite boit du petit-lait.

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