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Vol de la statue d’Emmanuel Macron au musée Grévin : deux militants de Greenpeace mis en examen

De pire en cire. Jeudi, deux militant·es de Greenpeace ont été mis en examen après le vol au musée Grévin lundi de la statue de cire d'Emmanuel Macron, finalement rendue le lendemain. Leur avocate dénonce des conditions de détention sordides.
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Deux militant·es de Greenpeace France, qui avaient dérobé la statue de cire d’Emmanuel Macron lundi au musée Grévin – et l’avaient restituée mardi soir – ont été mis·es en examen pour «vol aggravé» et placé·es sous contrôle judiciaire jeudi 5 juin.

Une information judiciaire a été ouverte dans le cadre d’un «vol en réunion d’un bien culturel exposé». Pour cette infraction, la militante et le militant mis en cause s’exposent à une peine de 150 000 euros d’amende et dix ans d’emprisonnement.

La statue de cire d’Emmanuel Macron, exposée devant le siège d’EDF à Paris, mardi 3 juin 2025. © Basile Barjon/Greenpeace France

La statue de cire du chef de l’État – d’une valeur estimée à 40 000 euros – avait été subtilisée lundi par trois activistes de l’ONG, qui avaient réussi à s’en emparer en se faisant passer pour des artisans chargés de la maintenance.

Elles et ils avaient ensuite déposé l’œuvre devant l’ambassade de Russie à Paris, dans le cadre d’une brève action visant à dénoncer les liens économiques persistants entre Paris et Moscou, malgré l’invasion de l’Ukraine. Puis l’avaient rendue le lendemain, après une ultime action devant le siège EDF – jugé complice des importations d’uranium russe en France.

L’avocate des deux mis·es en cause, Marie Dosé, dit ne pas comprendre la décision du parquet d’ouvrir une information judiciaire. «Le musée Grévin a bien indiqué qu’il n’y avait aucun préjudice. Toutes les infractions ont pris fin avec la remise de la statue.» «De plus en plus, la justice devient un instrument pour dissuader des militants d’exercer leur liberté d’expression et d’opinion», a-t-elle déclaré.

La statue de cire d’Emmanuel Macron devant l’ambassade de Russie à Paris, ce lundi. © Jérémie Jung/Greenpeace

Selon l’avocate, «la garde à vue [qui a duré 60 heures, NDLR] s’est passée dans des conditions absolument sordides». Les deux militant·es ont été «attachés pendant des heures à des bancs» et ont été «trimballés de commissariat en commissariat».

Contactée par Vert, Pauline Boyer de Greenpeace France détaille : «La garde à vue a été éprouvante, notamment pour l’activiste femme, qui était dans une cellule isolée, ne pouvait pas s’allonger, et a été menottée pendant deux jours.»

De la publicité pour le musée Grévin

«De telles conditions, pour des activistes non violents qui assument leurs actes, c’est totalement disproportionné, déplore la militante. La répression devrait toucher celles et ceux qui continuent de collaborer avec le régime russe. C’est sur eux, que l’on devrait enquêter !»

Le musée Grévin, qui avait porté plainte lundi une fois le vol constaté, a finalement pris l’affaire avec humour. «La contemplation des personnages se fait uniquement sur place», a-t-il ironisé mercredi sur son compte Instagram.

Contacté par Vert, le directeur du musée, Yves Delhommeau, a confirmé avoir maintenu sa plainte visant l’ONG. «C’est une question de principe. Même si je comprends les revendications de Greenpeace, il ne faudrait pas que ce type d’actions devienne une habitude.» En 2014, une militante femen ukrainienne avait poignardé la statue de Vladimir Poutine dans ce même musée.