Vison la lune. L’interdiction des élevages d’animaux pour la vente de leur pelage est entrée en vigueur en Norvège ce samedi. Une nouvelle qui intervient dans un contexte global de diminution de la production de fourrure en Europe.
En Norvège, visons et renards ne seront plus élevés pour être transformés en manteaux. Après avoir voté la loi en 2019, le pays scandinave interdit officiellement les élevages à destination du commerce de la fourrure, à partir de ce 1er février.
«Une très bonne nouvelle», savoure auprès de Vert Muriel Arnal, présidente de One voice, association française engagée contre l’élevage destiné à la fourrure. Elle se réjouit pour le bien-être animal, mais aussi «parce que ces élevages industriels polluent énormément». Les excréments de ces animaux d’élevage peuvent contaminer les eaux aux phosphores et à l’azote, indique le collectif.
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À cause de la densité d’animaux enfermés, cette industrie représentait un risque élevé de propagation du Covid-19, avait mis en avant l’Organisation mondiale de la Santé pendant la pandémie. Le Danemark et les Pays-Bas avaient alors arrêté leur filière.
Plusieurs enquêtes avaient aussi détaillé les conditions de vie déplorables de ces animaux, et révélé que les visons ou les lapins que l’on tue pour leur pelage pouvaient être mutilés à vif.
Premier pays producteur
Au moment du vote de la loi, en 2019, la Norvège était l’un des principaux pays producteurs de fourrure au monde, avec 250 fermes sur son territoire – soit 610 000 visons et 150 000 renards exploités.
Elle produisait environ 1% des peaux de vison et entre 2 et 3% des peaux de renard. Dans les années 1940, le pays était même le premier producteur de fourrure au monde. En 2019, la filière était sur le déclin, mais elle exportait encore massivement, surtout vers la Russie ou la Chine, pays qui domine le marché mondial, devant l’Union européenne.
Sur le vieux continent, la production du précieux textile poursuit son déclin. La fourrure de vison représentait 18 millions de peaux en 2020, contre 7,5 millions en 2022, selon la Fur free alliance. The Good Goods, média qui analyse les impacts de la mode sur le vivant, souligne que la Chine voit également sa production diminuer depuis quelques temps.
La France encore consommatrice
Avant la Norvège, dix pays européens, dont le Royaume-Uni, l’Autriche ou encore les Pays-Bas avaient mis un terme à la production de fourrure. En France, seul l’élevage d’animaux sauvages (les visons) à destination de cette filière est interdit depuis une loi de 2021. Subsistent encore des fermes de lapins, pour commercialiser leur fourrure ou faire de la laine angora. Pour extraire cette dernière, One voice décrit des sessions de dépilation de lapines, au cours desquelles elles «sont étirées et maintenues en place sur une planche, tandis que leurs poils leur sont arrachés partout sur le corps».
Une filière presque anecdotique, comparée à l’industrie mondiale. Mais l’association One voice dénonce des conditions de dépilation déplorables, au cours desquelles «les animaux sont torturés».
«La France n’a jamais été un gros pays producteur de fourrure, par contre elle a toujours été un leader dans la mode», souligne Muriel Arnal. Et rien n’interdit l’import ni la vente de ce textile sur notre territoire.
Des marques comme Gérard Darel ou American vintage, épinglées par l’association de défense du bien-être animal Peta, ne se passent pas encore de fourrure ou d’angora. D’autres enseignes de luxe y ont pourtant renoncé : à l’image de Gucci, Versace, Lacoste ou Ba&sh. Muriel Arnal note que «de plus en plus de marques s’engagent en ce sens. Mais si la mode et les prescripteurs de la mode mettent en avant la fourrure de lapin ou l’angora, l’usage persistera.»
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