Au charbon pour le climat. La semaine dernière, la ministre de l’environnement australienne, Tanya Plibersek, a mis un stop à un projet controversé de mine de charbon au bord de la mer de Corail, dans l’État du Queensland.
Pour la première fois en Australie, un projet de mine de charbon a été débouté par la ministre de l’environnement au nom d’une loi fédérale de protection de l’environnement et de conservation de la biodiversité. Située sur la côte est du pays et composée de deux sites d’extraction à ciel ouvert, la mine devait exporter dix millions de tonnes de charbon par an pendant vingt-cinq ans. Le tout, à moins de dix kilomètres de la Grande barrière de corail, trésor de biodiversité inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Ce projet était porté par le millionnaire et ancien homme politique Clive Palmer, parfois surnommé «le Trump australien», et sa compagnie minière, Central Queensland coal.
«Les impacts environnementaux négatifs sont simplement trop importants», a jugé la ministre Tanya Plibersek dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. «Le risque de pollution et de dégâts irréversibles pour le corail est très réel», a-t-elle poursuivi, évoquant des conséquences «inacceptables». La Grande barrière de corail, qui est le plus vaste récif corallien au monde et un maillon essentiel de la biodiversité marine, a subi quatre épisodes de blanchissement en six ans – un phénomène de dépérissement exacerbé par le réchauffement climatique. Dès 2021, le gouvernement local de l’État du Queensland avait recommandé de bloquer la construction de la mine, soulignant des risques «significatifs» pour le récif et l’accès aux ressources en eau pour les populations locales. Dans le cadre d’une consultation publique menée en vue de bloquer officiellement le projet, le cabinet de la ministre a reçu plus de 9000 contributions en une dizaine de jours, dont 98% favorables à l’interdiction de la construction de la mine, d’après le média ABC.
Malgré une pression grandissante de la société civile pour cesser de nouveaux projets de charbon ou de gaz, l’Australie – deuxième exportateur mondial de charbon – a encore du mal à se sevrer des énergies fossiles. Élu en mai, le gouvernement du travailliste Anthony Albanese a promis de remettre l’Australie sur le chemin de l’action climatique après un mandat du conservateur Scott Morrison marqué par des positions climatosceptiques. Le premier ministre a largement rehaussé les objectifs de réduction des émissions de CO2 du pays, les portant à -43% à horizon 2030 par rapport à 2005 (contre -28% auparavant).
À lire aussi
-
L’Australie dit “goodbye” à son premier ministre climatosceptique Scott Morrison
Samedi, les Australien·nes ont évincé le premier ministre sortant Scott Morrison, leader pro-charbon et climatosceptique au pouvoir depuis 2018. Il laisse la place au chef de file des travaillistes, Anthony Albanese, pendant qu'une nouvelle majorité, bien plus portée sur l'écologie, fait son entrée à la chambre des représentants. -
Coup de chaud sur le corail
Elles font partie des plus belles merveilles du monde et abritent 25 % de la biodiversité marine. Pourtant, les barrières de corail sont en voie d'extinction dans plusieurs coins du globe.