Saigne or. Prise depuis la station spatiale internationale, une photo rare montre l’étendue des destructions commises par les chercheurs clandestins d’or au Pérou.
Le Pérou est le sixième producteur mondial d’or. Une économie parallèle et illégale s’est développée autour de la recherche et du commerce de ce métal précieux. Dans la région amazonienne de Madre de Dios, des garimperos – mineurs indépendants – creusent de vastes cratères dans le lit d’anciennes rivières à la recherche de paillettes d’or.
D’ordinaires invisibles à cause des nuages, ces fosses remplies d’eau apparaissent dans le reflet du soleil, capté le 24 décembre 2020 par un astronaute de la NASA. Son cliché a été publié début février.
En 35 ans, le nombre de chantiers illégaux ouverts dans les bassins fluviaux de l’Amazonie péruvienne a augmenté de 670%, d’après une étude parue fin 2020 dans Science Advances et repérée par le Monde. Une activité qui constitue la principale cause de déforestation dans cette région, d’après une étude de 2011.
Par ailleurs, afin d’agglomérer les paillettes d’or contenues dans les sédiments des rivières, les orpailleurs utilisent de vastes quantités de mercure : 1,3kg pour récupérer 1kg d’or, selon le WWF. Au contact des milieux aquatiques, le mercure est converti en methylmercure, un neurotoxique puissant ingéré par les organismes vivants. Puis par les humains qui s’en nourrissent.
Signataire en 2017, comme 128 pays-membres des Nations Unies, de la Convention de Minamata, le Pérou s’est engagé à lutter contre les rejets de mercure. Menée par les forces de police depuis deux ans, la vaste « opération mercure » aurait permis de réduire de 78% la déforestation liée à l’orpaillage illégal (MAAP). Le Pérou réussira-t-il à lever la « malédiction dorée » de Madre de Dios ?