Faux départ. Mardi matin, des militant·e·s de Greenpeace France ont bloqué un centre de stockage de déchets radioactifs d’où partent des convois d’uranium usé vers la Sibérie.
« La Russie n’est pas une poubelle ». Tel était l’un des slogans martelés, hier, par des activistes de Greenpeace France, lors d’une action menée sur le site d’entreposage d’Orano à Pierrelatte (Drôme), à deux pas de la centrale nucléaire du Tricastin. Elles et ils cherchaient à perturber le chargement d’un train avec de l’uranium usé (ou uranium de retraitement), dont le contenu doit être envoyé en Russie après un transfert par Dunkerque. L’ONG dénonce la reprise de ces exportations, qui avaient été interrompues en 2010 à l’issue d’une campagne de mobilisation déjà menée par l’organisation.
Greenpeace a commencé à alerter sur la gestion de la prise en charge de ces déchets nucléaires en Russie vers 2005. « On a déjà bloqué le site de Pierrelatte, des trains plusieurs fois en région parisienne ou des bateaux au départ de Dunkerque », se remémore pour Vert Yannick Rousselet, porte-parole de Greenpeace France sur le nucléaire. En 2009, le documentaire « Déchets, le cauchemar du nucléaire » avait exposé cet épineuse question auprès du grand public. Le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire avait enquêté sur le sujet et révélé que la Russie faisait fi de toute considération environnementale. Ainsi, l’uranium était parfois coulé sous forme liquide directement dans la terre. EDF et Areva (devenue Orano) avaient alors officiellement annoncé l’arrêt de leurs exportations d’uranium usé vers le pays.
Mais voici qu’un peu plus de dix ans après, celles-ci ont repris. Deux premières cargaisons ont été envoyées par Orano en janvier et février dernier. EDF a aussi annoncé son intention de reprendre ces exportations. Les entreprises assurent avoir obtenu de nouvelles garanties de la part de Rostom, qui gère le site où les cargaisons sont reçues, concernant le processus de transformation de cet uranium pour qu’il soit réutilisé. Ce que Greenpeace dément, estimant n’avoir obtenu aucune preuve de son côté, tandis que « les images satellites montrent que les conteneurs s’alignent les uns à côté des autres dans les plaines », explique Yannick Rousselet.
En outre, l’ONG dénonce le processus de transformation de l’uranium usé, qui génère lui-même au moins 85 % de déchets. Greenpeace demande l’arrêt des retraitements d’uranium et veut que les combustibles soient stockés, en l’état, à environ trente mètres sous terre.