Mise à l’allemande. L’Allemagne compte piocher dans les profits exceptionnels réalisés par les entreprises énergétiques pour alléger les prix de l’électricité qui s’envolent pour les particuliers, a annoncé le chancelier Olaf Scholz ce dimanche.
Le gouvernement allemand vient de présenter un plan de 65 milliards d’euros pour aider les ménages à lutter contre l’inflation. Il s’est dit prêt à financer une partie de ce dernier par la mise en place d’une contribution obligatoire des entreprises énergétiques via le prélèvement partiel de certains bénéfices. L’objectif visé : soulager les ménages et les entreprises qui ploient sous la hausse des prix de l’énergie. Cette contribution – le gouvernement se refuse à parler de « taxe » -, pourrait rapporter « plusieurs dizaines de milliards d’euros », a précisé Olaf Scholz lors de la conférence de presse.
Le chancelier a plaidé pour que ce prélèvement soit mis en place dans un cadre européen, mais a déclaré qu’il n’hésiterait pas à adopter une mesure à l’échelle nationale si les membres de l’Union européenne ne suivaient pas.
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Avant l’Allemagne, plusieurs pays européens, dont l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni, avaient déjà annoncé des contributions exceptionnelles de la part des géants de l’énergie qui bénéficient de l’envolée des prix liée à la crise d’approvisionnement. Début août, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait solennellement appelé « tous les gouvernements à taxer ces bénéfices excessifs ». De nombreuses institutions, comme l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ou la Commission européenne, ont aussi plaidé pour une forme de prélèvement des superprofits.
La position française demeure ambiguë. Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, est opposé de longue date à la taxation des superprofits. « Je ne sais pas ce qu’est un superprofit », a-t-il osé devant l’université d’été du Medef la semaine dernière. « Je sais que les entreprises doivent être profitables, c’est tout ce que je sais. » Une position à rebours de celle de la première ministre, Élisabeth Borne. « Je ne ferme pas la porte à taxer les superprofits », a assuré la cheffe du gouvernement dans un entretien au Parisien fin août. De quoi laisser présager un bras de fer entre le locataire de Bercy et la nouvelle occupante de Matignon.
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