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Superprofits : l’Allemagne veut mettre à contribution les géants de l’énergie

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Mise à l’allemande. L’Allemagne compte piocher dans les prof­its excep­tion­nels réal­isés par les entre­pris­es énergé­tiques pour alléger les prix de l’électricité qui s’envolent pour les par­ti­c­uliers, a annon­cé le chance­li­er Olaf Scholz ce dimanche.

Le gou­verne­ment alle­mand vient de présen­ter un plan de 65 mil­liards d’euros pour aider les ménages à lut­ter con­tre l’inflation. Il s’est dit prêt à financer une par­tie de ce dernier par la mise en place d’une con­tri­bu­tion oblig­a­toire des entre­pris­es énergé­tiques via le prélève­ment par­tiel de cer­tains béné­fices. L’objectif visé : soulager les ménages et les entre­pris­es qui ploient sous la hausse des prix de l’énergie. Cette con­tri­bu­tion — le gou­verne­ment se refuse à par­ler de « taxe » -, pour­rait rap­porter « plusieurs dizaines de mil­liards d’euros », a pré­cisé Olaf Scholz lors de la con­férence de presse.

Le chance­li­er a plaidé pour que ce prélève­ment soit mis en place dans un cadre européen, mais a déclaré qu’il n’hésiterait pas à adopter une mesure à l’échelle nationale si les mem­bres de l’Union européenne ne suiv­aient pas.

Le chance­li­er alle­mand, Olaf Scholz, et son min­istre des finances Chris­t­ian Lind­ner, lors de la présen­ta­tion du plan pour lut­ter con­tre l’in­fla­tion, ce dimanche, à Berlin. © Tobias Schwartz / AFP

Avant l’Allemagne, plusieurs pays européens, dont l’Espagne, l’Italie et le Roy­aume-Uni, avaient déjà annon­cé des con­tri­bu­tions excep­tion­nelles de la part des géants de l’énergie qui béné­fi­cient de l’envolée des prix liée à la crise d’approvisionnement. Début août, le secré­taire général des Nations unies, Anto­nio Guter­res, avait solen­nelle­ment appelé « tous les gou­verne­ments à tax­er ces béné­fices exces­sifs ». De nom­breuses insti­tu­tions, comme l’Organisation de coopéra­tion et de développe­ment économique (OCDE), l’Agence inter­na­tionale de l’énergie (AIE) ou la Com­mis­sion européenne, ont aus­si plaidé pour une forme de prélève­ment des super­prof­its.

La posi­tion française demeure ambiguë. Le min­istre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, est opposé de longue date à la tax­a­tion des super­prof­its. « Je ne sais pas ce qu’est un super­prof­it », a‑t-il osé devant l’université d’été du Medef la semaine dernière. « Je sais que les entre­pris­es doivent être prof­ita­bles, c’est tout ce que je sais. » Une posi­tion à rebours de celle de la pre­mière min­istre, Élis­a­beth Borne. « Je ne ferme pas la porte à tax­er les super­prof­its », a assuré la cheffe du gou­verne­ment dans un entre­tien au Parisien fin août. De quoi laiss­er présager un bras de fer entre le locataire de Bercy et la nou­velle occu­pante de Matignon.