Le poème

Soulèvement des imaginaires

Dans un poème enthousiasmant, l'autrice, éditrice de La mer salée et adepte de l'utopie, Sandrine Roudaut, dissipe l'amer de ces temps troublés et incite chacun à imaginer un «magnifique élan» et à miser sur la confiance et «l'espoir radical» pour faire advenir le monde de demain.
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Imag­inez
Imag­inez dans quelques jours
une Assem­blée nationale plus human­iste que jamais.
Une assem­blée auda­cieuse, forte, enfin.
 
Imag­inez sur les bancs
les mêmes député·es qui jusqu’ici ont défendu les droits des femmes, la dig­nité, nos lib­ertés, le vivant, qui se sont opposés aux lois indignes,
rejoint·es par de nou­veaux, de nou­velles allié·es .
 
Imag­inez, avant, un mag­nifique élan
pour aller vot­er et tout plein de procu­ra­tions pour un monde meilleur.
 
Imag­inez la joie.
Et dès le 7 juil­let, les mesures au ser­vice des gens et du vivant.
Tout com­mence à chang­er.
Imag­inez les dis­cus­sions qui respirent enfin, qui pro­jet­tent, éla­borent une vision pour la société, celle d’aujourd’hui, celle de demain.
 
Imag­inez ce tout nou­v­el avenir qui s’ouvre, l’horizon dégagé.
Imag­inez l’espoir revenu.

© Romain Per­rocheau / AFP

Imag­in­er crée la pos­si­bil­ité du réel
Imag­in­er cette his­toire, la propager mas­sive­ment,
crée la con­fi­ance, l’espoir rad­i­cal,
ingré­di­ents indis­pens­ables de la déter­mi­na­tion, et de la con­créti­sa­tion.
 
On bouge
par cet espoir plus grand que nous,
animé·e par ce qui nous meut : le désir.
On bouge parce qu’on y croit.
 
Ce sont de nos valeurs dont nous devons par­ler.
Ce sont nos vic­toires prophétisées qui doivent inon­der les dis­cus­sions réelles ou virtuelles.
Comme la peur, la con­fi­ance est con­tagieuse, créa­trice.
 
On ne com­bat pas l’obscurité par l’épouvantail de l’obscurité,
on la dis­sout par la lumière.
 
L’improbable sur­git sou­vent,
Qu’il puisse être du côté de la lumière est un pari auda­cieux certes.
Mais ce qui est sûr c’est qu’il n’y a pas de pari gag­nant sans l’audace d’imaginer la vic­toire.